Sainte-Mangouste

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Deux jours plus tard, Albus et Scorpius remontaient la rue de Londres qui les conduirait jusqu'à l'hôpital Sainte Mangouste. Albus, pour plus de discrétion, avait pris du Polynectar. Scorpius, dont le visage demeurait inconnu du grand public, ne cessait malgré tout de jeter des coups d'œil de tous côtés. Ignorant sa méfiance, Albus déblatérait :

- J'ai beaucoup de contacts utiles parmi ceux qui me soutiennent. Ce type travaille à l'hôpital : il a jeté un coup d'œil aux dossiers pour moi, et il m'a affirmé que le Médicomage qui aurait dû prendre ta mère en charge était le docteur Kaldwin.

- Très bien, mais je ne vois toujours pas ce que tu espères obtenir en allant lui parler.

- Lui faire cracher la vérité, bien sûr.

L'habituel sourire malicieux d'Albus se fit jour sur les traits du Moldu dont il avait pris l'apparence :

- Je nous ai présentés comme deux journalistes. Il a été plus qu'heureux d'accepter notre invitation, tu peux me croire.

Ils arrivèrent en vue de l'hôpital. Avant de gravir les marches, Albus attrapa Scorpius par le bras :

- Ecoute, dit-il, l'air grave tout à coup. Je veux que tu saches qu'il n'est pas trop tard pour faire marche arrière. Et que je ne veux pas t'imposer quoi que ce soit.

Scorpius fronça les sourcils :

- Qu'est-ce que tu veux dire ?

- Si mon journal publie ce qui est arrivé à ta mère... Ça me fera une énorme publicité, je ne vais pas le nier, et ça te placera en première ligne. Je ne veux pas que tu crois que... que j'instrumentalise sa mort, tu comprends ? Si tu ne veux pas faire ressortir cette histoire au grand-jour, on peut encore faire demi-tour et rentrer à la boutique. Il y a d'autres scandales à révéler.

Involontairement, Scorpius recula. Une vague de profonde chaleur le traversa tandis qu'il voyait Albus hésiter sous ses yeux, empli de crainte et de sollicitude. Même s'il ne savait pas comment l'exprimer, ce qu'Albus venait de dire signifiait beaucoup pour lui... Alors, radouci, Scorpius lui posa une main sur l'épaule :

- C'est toi qui avais raison, lui dit-il, déterminé. Tout a commencé avec moi. C'est ce qui t'a motivé en premier, pas vrai ? C'est pour révéler des injustices comme celle-là que tu es devenu celui que tu es devenu aujourd'hui. Alors, allons-y.

Albus hocha la tête. Lui aussi était ému, même s'il était plus doué pour le cacher. Avant qu'ils ne franchissent le seuil, il le retint une dernière fois :

- Scorpius, dit-il. Il ne doit pas savoir qui tu es. Et quoi qu'il fasse, quoi qu'il dise... Garde ton calme.

XXX

Le docteur Phineas Kaldwin était un petit homme sévère et maigre, si raide dans sa robe de sorcier qu'il semblait fait de pierre. Il avait le crâne chauve, un regard froid et intelligent, et cette espèce d'indifférence clinique qui caractérise parfois les praticiens de longue date. Son bureau, petit mais très éclairé, était rangé avec une précision millimétrée, et dénotait instantanément l'esprit de celui qui l'occupait : un homme strict, propre sur lui, vénérant l'ordre et la discipline.

Assis en face de lui, Albus, même sous sa fausse apparence, détonait : il trônait sur son siège avec cette sorte d'élégance désinvolte qui le caractérisait, cette insolence qui tout à la fois charmait et offusquait ses ennemis. Les yeux plissés de Kaldwin laissaient d'ores et déjà savoir ce qu'il pensait de ce genre d'attitude. Scorpius, en revanche, semblait davantage lui plaire, avec sa tenue impeccable, sobre et noire, et ses airs de froide réserve.

Pandemonium (Scorpius x Albus)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant