6.Avigaël

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Quelqu'un a bougé. Je redresse la tête. Un garçon se tient devant moi, et pas n'importe lequel. C'est celui de tous mes cauchemars. Louis Tomlinson, en chair et en os, le nez en l'air.

Un léger cri d'effroi s'échappe de ma bouche.

Il baisse la tête vers moi et reste immobile, imperturbable ; j'ai l'impression que son regard bleu acier me transperce.

Ce n'est plus le même. Déjà, à l'époque, Louis jouait les durs ; mais là, il est carrément menaçant. Il a les cheveux courts. Sous sa chemise ouverte, j'aperçois son torse musclé.

Le souffle coupé, je reste paralysée. Par la colère. Par l'angoisse. Par la peur.

Nous sommes coincés, incapables de prononcer le moindre mot.

— C'est embarrassant, dit-il pour rompre ce long silence.

Sa voix est plus grave et plus sombre que dans mes souvenirs.

Et ce n'est pas comme si je l'apercevais depuis la fenêtre de ma chambre.

Nous sommes seuls.

Il fait nuit.

Poussée par le besoin de rejoindre le cocon de ma chambre, je tente de me relever. Mais une douleur vive me transperce la cuisse et m'arrache une grimace.

Horrifiée, choquée, je le vois faire un pas pour me saisir par le coude.

Non ! Pas ça. Sans réfléchir, je le repousse. Les souvenirs de mon corps immobile, bloqué dans son lit d'hôpital, se bousculent dans ma tête.

— Ne me touche pas !

Il lève les bras comme si j'avais crié « haut les mains ».

— Tu n'as rien à craindre, Avigaël.

— Je pense avoir de bonnes raisons de me méfier, justement.

Il recule en soupirant. Mais au lieu de s'éloigner, il reste là à m'observer d'un air étrange.

— Avant, nous étions amis.

— C'était il y a longtemps. Avant que tu me renverses.

— C'était un accident. Et j'ai payé ma dette. Il faut que j'abrège ce moment au plus vite.

C'est un miracle si j'arrive à articuler :

— À la société, peut-être. Mais ta dette envers moi ?

Et sur ces mots, j'avance le plus vite jusqu'au coin de la rue, me colle contre le mur, et sors mon téléphone.

À. Hazou

De. Avou

Tu es occupé ?

À. Avou

De. Hazou

Jamais pour toi. Je viens te chercher je suppose ?

À. Hazou

De. Avou

Tu suppose bien, le coin de la rue du parc, stp

À. Avou

De. Hazou

Je suis là dans 5 minutes.

Je range mon téléphone en soupirant et ferme les yeux.

J'entends la voiture et les rouvres. Harry est garer juste devant moi. Je grimpe dans la voiture, il me lance un petit sourire que je lui rends, me fait un petit bisous sur la joue et démarre en mettant sa main sur ma jambe.

— Merci Haz.

Sur le petit trajet du retour je regarde par la fenêtre en écoutant la radio.

Arriver à la maison je descend de la voiture ouvre la porte d'entrée et je rejoins ma chambre, Harry sur mes pas. Je m'enferme dans le placard mon frère se glisse dedans lui aussi et me serre contre lui, comme nous le faisions étant petits, pour échapper aux disputes de nos moments. Dans ces moments là, je fermais les yeux en posant les mains sur mes oreilles, et je fredonnais.

Je ferme les paupières. L'image de Louis, debout devant moi, avec ses yeux bleus si intenses, est imprimée dans mon esprit. Je sais qu'il est loin, mais j'entends encore sa voix grave. Je pense à l'accident, à la souffrance que j'ai endurée, à mes jambes meurtries. C'est toute ma vie qui a basculé en un instant et cela me hante.

Instinctivement, je me mets à fredonner.

Instinctivement, je me mets à fredonner

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Paradise with TomlinsonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant