Un an après l'accident qui a failli lui coûter la vie, Avigaël peut enfin retourner au lycée. Hélas, elle a perdu toute confiance en elle et semble incapable de retrouver sa joie de vivre. Car tout, dans la petite ville de Paradise, lui rappelle les...
J'avais enfin ce que je voulais, et j'ai tout foutu en l'air. Louis m'aime, alors pourquoi ne pas lui montrer mes cicatrices pour lui prouver ma confiance et mon amour ?
Mais je n'ai pas pu. Quelque chose m'a empêchée de me défaire totalement de ma carapace protectrice.
Harry ne m'a pas poser de questions, il a simplement dormi avec moi en me serrant contre lui.
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Aujourd'hui, j'ai prétexté une maladie pour rester au lit toute la journée.
La robe que m'a offerte Mme Reynolds est pendue dans mon placard. Comme un cruel rappel du soir le plus romantique de ma vie. J'ai gagné Louis pour le perdre aussitôt.
Quand il m'a raccompagnée chez moi, il a affirmé que nous avions toujours été amis, et que nous le resterions.
C'est l'essentiel, non ?
Mais pourquoi ai-je passé tout mon temps à pleurer depuis qu'Harry est parti ? Je vais appeler Mme Reynolds pour prendre de ses nouvelles. J'étais inquiète pour elle, hier soir.
C'est son fils qui répond.
— Allô ? dit-il d'une voix tremblante.
— Bonjour, c'est Avigaël... Avigaëllia. Est-ce que je peux parler à Mme Reynolds ?
Silence.
Ma gorge se serre.
— Ma mère est décédée ce matin, Avigaël.
— Oh ! non, dis-je dans un murmure.
Tout s'écroule autour de moi. Nous étions ensemble, hier soir. Elle a dansé, et ri et... C'est impossible...
— Elle était heureuse de t'avoir dans sa vie. Elle t'aimait comme sa petite-fille. Plus encore, elle t'aimait comme une amie.
— Où est-elle ? Était-elle seule quand elle est morte ?
M. Reynolds renifle.
— Ils viennent de l'emmener en ambulance. Elle est morte dans son sommeil. Elle n'a pas souffert. Elle avait des problèmes de cœur depuis des années, Avigaël. Ce n'était qu'une question de temps.
Les larmes inondent mes joues, alors que je suis assaillie par les souvenirs d'elle. Elle m'a appris tant de choses.
— Les jonquilles..., dis-je en retenant mes sanglots. Elle ne les verra pas éclore.
— Maman aimait tant ses jonquilles.
Que puis-je ajouter ? Mme Reynolds avait beau être sur terre depuis de nombreuses décennies, elle débordait de projets. Nous inviter à dîner, ma mère et moi, regarder les jonquilles fleurir au printemps, manger les pâtisseries d'Irina.
— Elle va terriblement me manquer.
— À tous. Elle ne voulait pas d'enterrement. Elle disait que ce n'était qu'une excuse pour permettre, aux dépressifs de parler pour ne rien dire.
Je souris avec mélancolie.
— C'est bien elle, ça.
Hier encore, elle me faisait des reproches similaires. Ce qui me fait penser...
— Sa robe. Elle a acheté une robe.
— La bleue qui est posée sur le fauteuil de sa chambre ?
— Oui. Si elle doit être enterrée...
Je m'interromps, incapable de terminer ma phrase
— Je veillerai à ce qu'elle la porte.
J'ai passée l'aprés midi dans le vieux fauteuil dans le salon, en pyjama.
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Dans la soirée, maman me conduit chez Mme Reynolds pour une dernière visite.
Elle me donne la main, même lorsque Lou nous accueille.
— Prends tout ce qui te fait plaisir, Avigaël.
Dans la buanderie, je trouve son tablier, propre et bien plié. Je le serre contre ma poitrine. C'était sa façon de me protéger, d'éviter que je ne me salisse.
— Est-ce que je peux prendre ça ?
Surpris, M. Reynolds ajoute :
— Je parle sérieusement : tu peux prendre tout ce que tu veux.
Encore deux petites choses... Je fouille dans les placards de la cuisine, sans succès.
Ma mère hausse les épaules à l'intention de M. Reynolds, qui semble aussi stupéfait qu'elle.
— C'est quelque part par là...
Dans un tiroir, je trouve ce que je cherche : un vieux bout de papier taché et déchiré. Sa recette de cookies.
— Autre chose ?
— Une dernière.
Maman et M. Reynolds me suivent jusqu'au grenier. Fonçant vers le coffre, je soulève son couvercle.
— La voici, dis-je en tenant l'image encadrée.
— Elle est à toi, confirme son fils.
J'observe la photo de deux jeunes gens follement amoureux, le jour de leur mariage.
Qu'ils reposent en paix.
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