15.Louis

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— Hé, Louis, viens t'asseoir avec nous ! hurle Josh, du centre de la cafétéria.

J'avais prévu de m'installer à côté de ma sœur, le temps d'engloutir mon sandwich. Aujourd'hui, elle a peint ses lèvres d'un noir de jais assorti à son jean. Maman n'a eu aucune réaction en la voyant descendre, ce matin. Moi, je la trouve horrible. Celui qui a inventé ce truc à faire des bouches noires doit avoir de sérieux problèmes existentiels.

Le nez plongé dans un livre, elle marmonne :

— Va rejoindre tes amis. Je m'en fiche.

— Tu ne veux pas venir avec nous ?

— Est-ce que j'ai l'air d'avoir envie de m'asseoir avec eux ?

Les mains posées sur la table, je lui réponds :

— Si tu essaies de me foutre les jetons avec tous ces trucs noirs à la con, c'est raté. Tu ferais bien d'arrêter de jouer au zombie. Ça me porte sérieusement sur le système.

Loin d'apprécier mon honnêteté, elle saisit ses livres et se précipite vers la sortie.

Que faire ?

Dois-je me joindre à mes vieux amis ? Ce n'est pas l'envie qui manque, mais je crains d'être bombardé de questions sur la prison. Ces gars ne survivraient pas une seule journée à l'E.P. À tous les coups, ils me prendraient pour un menteur si je leur racontais ce qu'il s'y passe réellement.

Personne n'est à l'abri d'une condamnation. Toutes les origines ethniques, toutes les religions, et tous les calibres sont représentés. Des juifs et des chrétiens, des musulmans. Des gosses de riches qui se croyaient au-dessus des lois, et des gamins de la misère qui ne savent rien à rien.

Les accidents ne sont pas rares à l'E.P., et certains sont intentionnels. Les gangs dominent la masse, même chez les mineurs. Quand une bagarre éclate, il vaut mieux éviter de rester dans les parages.

Le directeur Miller réserve le même accueil à chaque nouvel arrivant : « Je m'appelle Scott Miller. Bienvenue chez moi. Le matin, tu dois te lever à 5 h 45 et filer à la douche. Tu as cinq minutes, et pas une de plus, pour faire ta toilette. Ta journée se découpe en trois parties, et tu as huit heures de cours. On s'entendra à merveille aussi longtemps que tu respecteras mon règlement. Sinon... toi et moi allons avoir un grave problème. Tu peux demander à qui tu veux, ici : on te répondra que personne n'a envie de se frotter à moi. Ceux qui me cherchent ont le droit de passer vingt-trois heures d'affilée en cellule. Des questions ? »

Warden Miller n'explique pas l'absence de papier toilette dans les cellules. Ça fait partie des choses que l'on apprend sur le tas. Quand on est assis sur le trône et qu'on a besoin de s'essuyer. Le bouton d'appel qui permet de demander un rouleau se trouve à l'autre bout de la pièce, à l'opposé de la cuvette sur laquelle on est coincé, les fesses à l'air.

Je me dirige finalement vers le groupe de Josh.

— Alors, ça va, les gars ? Où sont toutes les filles ? Drew, qui est assis en face de moi, lève les yeux au ciel.

— Elles s'entraînent pour les épreuves de sélection des pom-pom girls.

— Brianne et Ashley ont préféré les pom-pom girls à l'équipe de tennis, cette année ?

— C'est à cause de Sabrina, explique Tristan. Comme elle ne joue pas assez bien au tennis, elle les a convaincues de passer les auditions des Pantherettes.

On dirait que je me suis absenté trop longtemps. Ou alors j'ai mal entendu.

— C'est quoi, une Pantherette ?

Paradise with TomlinsonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant