44.Avigaël

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Hier soir, sur le terrain de foot, Louis m'a embrassée. Et je lui ai rendu ses baisers. Incroyable ! Moi qui pensais ne plus avoir besoin de lui. J'aurais pu m'essuyer les lèvres et les laver avant d'aller me coucher, mais j'ai préféré me regarder longuement dans le miroir. Ma bouche est encore toute gonflée, en rappel de son ardeur et de sa gourmandise.

Pendant des années, j'ai imaginé l'effet que me feraient les baisers de Louis, leur goût. Pour être honnête, j'ai eu envie de le repousser, pour qu'il ait envie de moi comme j'avais eu envie de lui. Mais je n'ai pas réussi.

Des images de l'enfance me sont revenues. Le jour où Louis m'a encouragée à descendre de l'arbre devant chez moi. Ou la fois où il a endossé la responsabilité de la statue cassée. Je n'arrive pas à oublier ces moments où je fondais en larmes devant Lottie, au moment du divorce de mes parents, et où il me rassurait en me frottant le dos.

L'accident a guidé ma vie pendant un an. Il m'a modelée pour faire de moi ce que je suis. Mais j'ai repris ma vie en main.

Assise sur mon lit, je relève la jambe de mon pantalon. Désormais, ma rage s'est apaisée et mon cœur ne s'emballe plus à la vue de mes cicatrices. Elles ne m'effraient plus. Je parviens à suivre leur tracé du bout des doigts, sans souhaiter leur disparition. Elles font partie de moi.

Fermant les yeux, je repense à l'accident. C'est tellement étrange de songer à cette soirée sans être submergée par des sentiments sombres. Derrière mes paupières closes, l'image de Louis conduisant la voiture ressort avec précision. Mais quelque chose ne va pas.

Un frisson me parcourt.

En me concentrant, l'image du conducteur se précise, le brouillard se dissipe.

C'est Lottie !

Je distingue l'horreur et la peur dans ses yeux alors qu'elle perd le contrôle du véhicule.

C'est Lottie qui m'a percutée ce soir-là ! Pas Louis ! Mais pourquoi aurait-il... ? Pourquoi auraient-ils... ? Je n'y comprends rien.

On sonne à la porte au moment où je m'égare dans mes réflexions. Mon estomac se serre. J'ai envie de vomir. Je ne peux pas, ma mère m'appelle du rez-de-chaussée. Je surgis, et manque de tomber devant l'homme et la femme en costumes bleu marine assortis qui m'attendent.

— Avigaël, nous représentons le centre de détention pour mineurs de l'Illinois. Nous venons enquêter sur la plainte que vous avez déposée contre Louis Tomlinson.

— Je n'ai déposé aucune plainte.

La femme sort un dossier de sa mallette.

— Ce formulaire a été rempli suite à votre appel. Vous vous êtes plainte que Louis Tomlinson vous harcelait.

Je secoue la tête en regardant ma mère, horrifiée.

— Je n'ai appelé personne, maman. Je te jure que je ne les ai pas appelés.

— Tu es sûre ? Il ne faut pas avoir peur, Avigaël. Nous sommes là pour nous assurer que tu es en sécurité, affirme l'homme.

— Je n'ai pas peur de Louis. Nous sommes amis.

— Veuillez excuser ma fille. Elle ne sait pas ce qu'elle dit. Elle a reçu l'ordre de n'avoir aucun contact avec ce garçon. N'est-ce pas, Avigaël ? intervient ma mère.

— Maman..., dis-je en me mordant la lèvre.

— Avigaël ?

Le parc, hier soir. Je comprends tout. Pourquoi il n'était pas clair. Il a dû me haïr en découvrant que j'avais porté plainte contre lui. Pourtant, je suis incapable de lui nuire. Danielle, elle, pourrait lui faire du tort. Moi, jamais.

Paradise with TomlinsonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant