Chapitre 2-2

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Nous marchâmes parmi les ombres effrayantes des arbres, le regard rivé vers le ciel dans l'attente d'une contre-attaque fulgurante et mortelle...mais rien ne vint troubler le calme perturbant qui s'était installé depuis le départ de ces...choses. Lynch me trainait plus qu'il ne me guidait, semblant contourner la cascade au lieu de s'en éloigner. Nous faisions tous deux de gros efforts, car il n'avait pas l'air en meilleur état que moi.

— Qu'est-ce que vous faite ? On tourne en rond là, ânonnai-je de manière entrecoupée tellement j'avais froid.

— Nous devons trouver un endroit où nous pourrons nous mettre à l'abri de ces choses quand elles reviendront, me dit-il d'un ton concentré et d'une voix qui tremblait un peu moins que la mienne. J'espère trouver une grotte dans le sous-bassement rocheux entourant la cascade.

En espérant qu'elle soit vide, me dis-je cyniquement alors que je continuai à trébucher derrière lui de moins en moins convaincue par son plan approximatif.

— Là, ce n'est pas bien grand mais au moins, ils ne pourront pas nous surprendre par en haut, c'est déjà ça ! m'expliqua-t-il en me désignant une petite anfractuosité rocheuse, à peine visible du couvert des arbres où nous nous trouvions.

Nous nous en approchâmes prudemment pour vérifier qu'il n'y avait pas de danger.

— Ramasse autant de petit bois que tu peux, me chuchota-t-il avant de se baisser pour faire de même, gêné dans ses mouvements par la bête morte qu'il tenait toujours par les pattes.

Me doutant qu'il avait une bonne raison de ne pas se débarrasser du cadavre puant, je ne dis rien et fit ce qu'il m'avait demandé. Une fois nos bras engourdis bien chargé, nous nous précipitâmes vers notre refuge de fortune, courant pour traverser la petite zone à découvert. Une fois à l'intérieur, enfin si l'on peut dire, Lynch lâche l'oiseau mort à l'entrée et après avoir balayer rapidement le sol de sa main désormais libre, déposa le petit bois sur l'espace dégagé avant de sortir un briquet de sa poche.

— On a plus qu'à prier pour qu'il fonctionne encore malgré son bain forcé, me dit-il en commençant lui aussi à claquer des dents.

Lorsque la flamme orangée jaillit, nous poussâmes tous les deux un soupir de soulagement et je m'empressai de rajouter ma récolte au brasier. Une fois certain que le feu ait bien prit Lynch se releva et alla s'assoir contre la paroi du fond avant d'enlever son haut trempé d'un mouvement ample.

— Viens Hayden, il faut te mettre à l'abri du vent et enlever ces vêtements trempés, où tu vas attraper la mort.

Voyant que je ne réagissais pas immédiatement à sa suggestion, il commença à faire un pas dans ma direction. Ce qu'il suggérait ne me choquait pas, étant destinée à être médecin je savais que c'était le premier réflexe de survie à avoir en cas d'immersion prolonger dans de l'eau froide. C'était juste que...le froid s'était insinué partout, m'ôtant toutes sensations. Je n'avais plus la force de parler et même conserver les yeux ouverts me demandait un effort considérable.

— Hayden, tu es toute bleue ! Tu ne peux pas rester comme ça ! Viens par ici, me dit-il avec douceur avant de m'attirer plus près du feu et de me retirer mon haut mouillé dans le même mouvement.

Ensuite il se laissa descendre tout doucement au sol m'entrainant avec lui, puis s'adossant à la paroi, me prit dans ses bras, se serrant le plus possible contre moi, peau contre peau. J'aurais pu m'offusquer de cette intimité forcée mais cela était fait avec un tel naturel et aucune connotation dérangeante que cela ne me vint même pas à l'idée. Tout ce qui m'importait à l'instant présent était d'emmagasiner le plus de chaleur que je le pouvais.

Cela prit du temps mais nous finîmes quand même par cesser de trembler comme des feuilles. Les flammes étaient maigrichonnes mais suffisante pour nous apporter la chaleur qui nous manquait.

— Vous croyez qu'ils vont revenir ? demanda-je au bout d'un moment ne supportant plus le silence oppressant qui régnait alentours.

— Il y a une heure je t'aurais affirmé que oui...maintenant je ne sais plus, me répondit-il dans un soupir, sa joue posée sur mes cheveux. Quand vas-tu enfin te décider à me tutoyer ? me demanda-t-il me prenant totalement au dépourvu.

Je ne répondis pas car...je ne savais pas quoi répondre ! Il avait raison, c'était idiot de continuer à le vouvoyer mais...je n'arrivai pas à le voir autrement que comme un prof irascible et ronchon que l'on vouvoie !

— Quand pourrons-nous partir d'ici ? dis-je à la place. Nous devons retourner au camp, retrouver les autres...

Ma phrase mourut sur mes lèvres au moment où je la prononçai et je m'écartai de Lynch, soudain bizarrement gênée par notre proximité.

— Je suis sûr qu'ils ont eu le temps de se mettre à l'abri, me répondit-il en écartant ses bras pour que je puisse me dégager complètement si je le souhaitais, ce que je fis.

— Connors...

— ... était avec son frère et qui plus est, partiellement à l'abri ! Ce sont certainement eux qui s'en sont les mieux tiré, me répondit-il avec une légère aigreur dans le ton, tandis qu'il remettait sa chemise partiellement sèche.

Il avait raison, Blake était militaire, les situations dangereuses et inattendues, il savait gérer. Mais l'état de Connors était vraiment préoccupant...j'espérai tellement les retrouver tous sains et saufs !

— Et vos blessures ça va ? lui demandai-je soudain en le voyant grimacer lorsque le tissu effleura une zone sensible.

— Oui ça ira et puis ce n'est pas comme si tu avais de quoi nettoyer la plaie ici ! Nous verrons ça au camp, me dit-il alors qu'il se rasseyait mais de l'autre côté du feu cette fois-ci.

— Pourquoi avoir garder cette...chose ? lui demandai-je pour alléger la tension que je sentais croitre entre nous.

— Sur le coup je me suis dit que le cadavre de l'un des leurs les dissuaderait peut-être de nous suivre et puis...c'est peut-être comestible ? ajouta-t-il avec un petit sourire sinistre.

Un long frisson me parcourut à l'idée de manger cette charogne malodorante et...beurk !

— Manger...ça ?! Ces oiseaux ne sont pas normaux, ils...ils n'ont pas un comportement normal, tentai-je de m'expliquer sans réussir à trouver les bons mots pour exprimer clairement ma réflexion.

— Oui je vois ce que tu veux dire, répondit-il à ma grande surprise d'un ton pensif. Avec un peu de chance Blake pourra nous dire ce que c'est et comment nous en protéger, ajouta-t-il avant de s'installer plus confortablement contre la paroi de pierre et de fermer les yeux.

— Essaye de te reposer un peu. Nous partirons dès qu'il fera jour.

J'essayai de l'imiter mais ne parvint qu'à me passer en boucle les pires scénarios possibles, sans parvenir à trouver le sommeil, ni même à me reposer.

Le trajet jusqu'au dôme entourant la ville fut très long car nous nous perdîmes plusieurs fois et eûmes beaucoup de difficultés à retrouver l'endroit exact où nous avions établi notre campement de fortune. Quand enfin nous y parvînmes, ce que nous vîmes nous figea d'horreur et c'est dans un cri angoissé que je me précipitai vers le corps inanimé gisant devant nous sur le sol.

Virgin Territory-Isolated System Tome 2 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant