Même s'il fut surpris par mon geste impulsif, il ne le montra pas et me réceptionna entre ses bras avec un soulagement évident.— Où est Connors ? lui murmurai-je à l'oreille avant de me dégager de son étreinte aussi vite que je m'y étais jetée.
— On ne sait pas, me répondit-il dans un murmure inquiet où perçait une pointe d'agacement, tandis qu'il me retenait quelques secondes supplémentaires contre lui.
Les gardes se mirent tout à coup à avancer, nous forçant à tous nous rapprocher les uns des autres, jusqu'à ce que nous soyons regroupés au centre du couloir, cernés par les quatre hommes armés. Les gardes n'étaient pas spécialement menaçant. Leurs fusils pendant à leurs côtés, ils se contentaient de rester là, droit comme des I à nous fixer de leurs regards vides. Si c'était une technique d'intimidation elle était efficace, car nous nous regardions tous sans oser émettre un son. Les secondes s'étirèrent en d'interminables minutes, jouant avec nos nerfs et effritant la dernière dose de bon sens qu'il me restait.
C'est à l'instant où j'étais sur le point de faire quelque chose de stupide, qu'une porte s'ouvrit à l'extrémité du couloir, livrant passage à une jeune femme en civil. Elle portait un simple pantalon noir assorti à un tee-shirt dans les mêmes tons orangés que ses cheveux coiffés en queue de cheval lâche. Ses yeux verts étaient chaleureux et un sourire avenant étiraient ses lèvres rosées. C'était tellement incongru dans ce décors gris et austère que nous la fixâmes tous bouche-bée.
— Bonjour. Désolée pour cet accueil si...formel, mais il faut bien se plier au protocole, nous dit-elle en jetant un coup d'œil moqueur aux deux gardes entre lesquels elle venait de s'arrêter. Venez, je vais vous conduire à vos chambres...
— À nos chambres ?
Mon exclamation limite moqueuse sembla résonner à l'infini dans le couloir vide. Non mais elle était sérieuse là ! me dis-je, résistant à l'envie de le lui dire à haute voix. Nous nous attendions à être fusillés sur place et au lieu de cela on nous envoyait un groom !
— Oui, à vos chambres, me répondit-elle d'un ton toujours aussi jovial. Je peux comprendre que vous soyez perplexe mais suivez-moi et je vous expliquerai tout en chemin.
Ça pour être perplexe ! Nous la regardâmes tous avec des yeux ronds, tourner les talons et marcher d'un pas énergique vers la porte restée entrouverte. Nous la suivîmes, hésitant à passer entre les gardes toujours impassibles qui ne bougèrent pas et nous laissèrent passer. Elle patientait devant la porte et attendit que nous soyons presque sur elle pour la franchir. Ce que nous vîmes de l'autre côté de la porte nous fit tous stopper net.
Devant nous s'ouvrait une immense baie vitrée, faisant toute la longueur du gigantesque couloir dans lequel nous venions de pénétrer. Derrière ces vitres, à perte de vue, s'étendait la ville de last city, baignée par la lueur magique du soleil couchant.
— Magnifique n'est-ce pas ? commenta la fille avec un grand sourire.
Même si la vue était saisissante et que c'était réellement la première fois que je contemplais la ville, je n'arrivais pas à profiter du spectacle. J'étais inquiètes pour Connors et toute cette mascarade ne me disait rien qui vaille.
— Où sommes- nous ? demanda Isy, visiblement sur la même longueur d'onde que moi.
— Au vingtième deuxième étages de la tour du conseil, lui répondit-elle en nous conduisant vers la droite.
— Autrement dit, dans une nouvelle prison, marmonna Lada entre ses dents, non loin de moi.
Même si elle m'exaspérait ces derniers temps, j'étais plutôt d'accord avec elle et les mines renfrognées et inquiètes de mes compagnons, me confirmèrent qu'ils n'en pensaient pas moins.
VOUS LISEZ
Virgin Territory-Isolated System Tome 2
Science FictionHayden et ses amis, ont réussit à s'échapper et à fuir la révolte dévastatrice qui couvait au sein de Last City. A présent leur groupe hétéroclite va devoir survivre dans ce nouvel environnement à la fois hostile et plein de promesse. Parviendront-i...