Chapitre 39-1

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Sa réponse, qui pouvait passer à la fois pour une menace et un avertissement, résonna sinistrement dans la pièce, tandis que nous nous concertions brièvement du regard, en alerte. Devions-nous tenter de nous enfuir maintenant ? Avec la horde d'infectés qui nous attendait probablement dehors, ce ne serait vraiment pas une bonne idée. Tempérer le jeu, promettait d'être plus productif et surtout plus intelligent, réalisai-je alors que je voyais le corps de Nel se ramasser légèrement prêt au combat ou à la fuite.

— D'accord ! balançai-je à la surprise générale. J'accepte de vous expliquer comment je m'y suis prise pour guérir Connors mais en échange, je veux votre promesse de nous aider à votre tour dans la mesure de vos moyens.

— Vous aider à quoi ? me demanda-t-il, suspicieux.

— Vous le saurez si vous accepter le marché.

— Et si je refuse, vous comptez faire quoi au juste ?

L'aura de puissance indéfinissable qui commença à monter et à emplir la petite pièce, m'électrisa, mes poils se dressant sur mes bras. Sean dû percevoir quelque chose, car son regard devint méfiant en même temps que sa posture décontractée se raidissait.

— Qu'est-ce que c'est que ça ?

— Notre botte secrète ! lui répondit Nel, une étrange lueur dans le regard alors que ses mains se crispaient le long de ses flancs.

— Pas la peine d'en arriver là ! Écoutez, lâchai-je dans un soupir, lasse de tourner autour du pot. Les nôtres meurt, nous devons trouver le moyen de désactiver le champ de force qui entoure notre ville. On espère que vous pourrez nous y aider.

— Pourquoi le ferait-on ? Vous n'avez à priori pas l'intention de nous rendre la pareille !

— Bien sûr que si, si cela était en nôtre pouvoir. Mais pour guérir, Connors n'a fait qu'emprunter ma faculté de guérison. C'est un don qui m'est propre et que je ne peux pas partager, même si je le voulais.

Je vis l'abattement et la résignation s'abattre sur Sean, tandis qu'il baissait sa garde et me laissait lui expliquer nos spécificités et l'urgence qui nous avait amené jusqu'à eux.

— Admettons que j'arrive à vous emmener jusqu'au générateur défaillant et que vous parveniez, par je ne sais quel miracle, à comprendre d'où venait la panne. A quoi cela vous servirait-il ? Mis à part à condamner les vôtres à une mort certes moins immédiate, mais plus horrible ?

— Josef pense que nous pourrions être immunisés, du moins en partie. A nous tous, nous pourrions repousser les éveillés et...

Le bruissement ténu d'un tissu qui s'écarte m'interrompit alors que Myna pénétrait dans la pièce, visiblement au fait de notre conversation.

— Sur le chemin du générateur, se trouve l'ancienne clinique de la ville, nous dit-elle. Prouvez-nous votre bonne fois en acceptant de faire une prise de sang une fois là-bas et je vous conduirais moi-même à ce foutu générateur, s'il le faut.

— Dans ton état ! Tu n'y penses pas ? intervint Josef nous rejoignant à son tour.

— J'ai une formation scientifique, je pourrais analyser son sang. Si ce qu'elle dit est vrai et que ça capacité de guérison vient d'une légère mutation génétique, peut-être y a-t-il moyen de réaliser un vaccin à partir de sa formule sanguine ?

— Même si cela était possible, il te faudrait des jours voir des années pour y parvenir.

— Peut-être, mais rien qu'une lueur d'espoir ce serait déjà pas mal, non ?

Je vis sa main se crisper subrepticement sur son ventre, alors qu'elle essayait de cacher la douleur provoquer par la contraction. Je m'avançais vers elle le plus naturellement du monde et la prenant par le bras la fit assoir sur l'un des sièges de fortune.

— Cela me convient, dis-je à Sean interrogeant les autres du regard.

Mais de toute manière, avions-nous d'autres choix ? Nous devions trouver une solution immédiate pour les nôtres et une à plus long terme pour nous tous, si nous parvenions à nous libérer enfin de ce dôme empoisonné.

— Très bien. Laissez-moi organiser la défense du camp et regrouper quelques volontaires. Nous partirons dès le crépuscule, cela vous laisse la journée pour vous restaurer et vous reposer. Josef ? Je te laisse les accompagner jusque chez moi. Léna, ma femme, vous préparera quelque chose à manger, n'hésitez pas à faire comme chez vous, ajouta-t-il en sortant d'un pas nerveux.

Cette acceptation rapide et subite nous laissa sans voix, tandis qu'une suspicion légitime cherchait à se frayer un chemin dans mon esprit. Pourtant, instinctivement, mon instinct me disait de me fier à cet homme. Ces sensations contradictoires étaient déroutantes et dérangeantes.

— Il ne faut pas vous formaliser de l'attitude de Sean, m'expliqua Myna d'une voix légèrement essoufflée. Il a simplement appris à la dure que tergiverser des heures, ça ne servait à rien !

Son petit sourire cynique pâlit un peu lorsqu'elle se leva et dû s'accrocher à moi pour garder son équilibre. Comme Nel aidait Gabe, je restai avec la jeune femme tandis que nous suivions Josef dans les étranges ruelles.

— Vous savez, votre frère à raison, vous n'allez pas pouvoir nous accompagner.

— L'endroit le plus sûr pour moi, ce sera avec vous, me dit-elle en s'arrêtant pour me regarder dans les yeux. Quel meilleur endroit pour une femme enceinte, qu'une clinique ? De plus vous aurez besoin de moi, je dois être la seule à des kilomètres à la ronde à savoir faire une prise de sang correctement.

— J'ai vue vos contractions et vos grimaces. Que ce passera-t-il si le travail se déclenche en plein milieu d'un groupe d'éveillés ?

— Cela n'arrivera pas. Mes contractions n'étaient qu'une réaction normale de mon corps à une longue marche. Hormis un endroit à découvert, le chemin jusqu'à la clinique est relativement court et sûr, j'y arriverai sans problème.

Je me tus et me contentai de la fixer, sceptique, alors que nous ralentissions devant l'une des nombreuses ouvertures creusées dans l'une des parois de la cavité naturelle. L'habitation troglodytique dans laquelle nous arrivâmes était vaste et chaleureuse, autant que la charmante jeune femme brune d'une trentaine d'années, en train de s'activer dans le coin cuisine et qui nous accueillie avec un sourire sincère.

— Bienvenus, nous dit-elle tout en s'essuyant les mains à un torchon. Je suis Léna, la femme de Sean. Je sais que vous n'avez pas beaucoup de temps, je me suis donc dépêchée de vous arranger les restes pour que vous puissiez prendre un peu de repos. Surtout n'hésitez pas à faire comme chez vous.

Plus gênés qu'autre chose par cet accueil chaleureux, nous restâmes bêtement plantés là pendant de longues secondes avant que Nel n'ose enfin s'avancer et prendre l'un des appétissants sandwichs disposés dans une assiette posée sur le bar en bois séparant la cuisine du coin salon.

— On se retrouve tout à l'heure, nous dit Joseph alors qu'il entraînait sa sœur vers la sortie.

Nos regards se croisèrent tandis qu'elle franchissait la porte. Je ne savais quoi penser de notre conversation. Son insistance à vouloir nous accompagner était curieuse et me laissait un indicible sentiment de malaise et de catastrophe imminente.

— Qu'est-ce qui te tracasse ? me demanda soudain Connors avec perspicacité.

— Tu as finis de manger ? lui demandai-je au lieu de lui répondre. Très bien, il faut qu'on parle ajoutai-je en l'entrainant vers le fond de la demeure. 

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Nouveau chapitre de transition en ligne. Je vous rassure, toute l'histoire sera reprise en intégralité dès qu'elle sera terminée :-) L'action va reprendre très bientôt mais avant... que va-t-il se passer ?! :-) Réponse au chapitre suivant ^o^ 

Bisous <3 

Virgin Territory-Isolated System Tome 2 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant