Chapitre 6-1

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Le noir, le silence...le néant. J'avais perdu la notion du temps dans et...en fait rien ! C'était étrangement rassérénant et inquiétant à la fois...ce qui bien sûr était totalement contradictoire et impossible, mais je m'en fichais ! Comme si plus rien ne pouvait m'atteindre comme si...

Ce furent les cris qui me parvinrent en premier et percèrent ma bulle de fausse sérénité. Vinrent ensuite les bruits de lutte et l'odeur. Une odeur rance et viciée, associée à...du sang. Cet écœurant parfum de rouille était caractéristique. Le néant qui m'entourait vola alors en éclat et j'ouvris les yeux sur le chaos.

Il faisait nuit et la horde des oiseaux mutants était de retour, attaquant sans pitié mes amis qui n'avaient nulle-part où se cacher.

— Hayden ! me hurla Blake en repoussant d'un coup de poing en pleine tête un piaf de l'enfer particulièrement gros. Mais qu'est-ce qui s'est passé ?

Je restai sans voix, complètement perdue. Il faisait nuit ! Le retour m'avait donc pris plusieurs heures ! Mais j'avais pourtant fait attention...cela avait pourtant bien fonctionné à l'allée ! Alors pourquoi...certainement l'épuisement, me dis-je en ayant la sensation désagréable de réfléchir au ralenti.

— Tu peux nous ramener ou non ? Sinon on doit trouver un abri, tout de suite !

— Je peux...je peux essayer, bredouillai-je d'une voix inaudible alors que l'un de ces oiseaux répugnant me fonçait dessus dans un cri strident, sans que je ne parvienne à réagir.

Je n'entendis le cri d'avertissement de Blake et l'exclamation horrifié de O', qu'au moment où le bec acéré du monstre ne se trouvait plus qu'à quelques centimètres de mon cou. Je ne sais comment, mais je parvins à me ramasser sur moi-même et à m'écarter de sa trajectoire à la dernière seconde dans une roulade acrobatique et douloureuse. Je me réceptionnai tremblante et à bout de souffle mais dieu merci j'avais retrouvé mes esprits !

— Rapprochez-vous tous de moi ! hurlai-je le plus fort possible pour me faire entendre par-dessus le tumulte des combats et des cris stridents des piafs démoniaques.

Ma voix ne dut pas porter bien loin, mais malgré cela je les vis tous se rapprocher de moi comme il le pouvait, suivit par ces horribles volatiles qui nous encerclaient à présent, attendant le bon moment pour fondre sur nous. 

— Tenez-vous tous les mains et ne lâchez pas surtout ! Il n'y aura pas de seconde chance ! criai-je en priant intérieurement pour que je ne nous tue pas tous dans cette tentative désespérée.

J'attendis le plus possible pour être certaine que tout le monde aient suivi ma consigne et sans réfléchir me projetai de l'autre côté de la paroi protectrice.

***

Je compris que j'avais réussis à la seconde où je n'entendis plus les cris perçants ni ne sentit l'odeur nauséabonde de nos agresseurs. L'atterrissage brutal me ramena à la réalité en une fraction de seconde lorsque je tombai lourdement sur les gravats. Les gémissements et les plaintes que j'entendais résonner autour de moi me rassurèrent...j'avais réussi à les ramener avec moi. Ne trouvant plus la force de bouger, la douleur irradiant de tout mon corps, je restai là cherchant à retrouver mon souffle qui semblait avoir disparu pour de bon.

— Hayden ! Mais qu'est-ce qui s'est passé bon sang ! s'exclama la voix coléreuse et inquiète de Lynch à quelques centimètres de mon oreille, tandis qu'il m'aider à me redresser. Cela fait des heures que tu es partie ! Je croyais que tu maîtrisais...

Il se tu soudain en apercevant mon visage. Je devais certainement avoir une tête à faire peur, me dis-je bêtement tandis que j'essayais de me redresser et de jeter un œil autour de moi pour voir si tout le monde allait bien.

— Hayden, qu'est-ce qui s'est passé ? me redemanda-t-il d'un air alarmé en me soulevant dans ses bras sans que je puisse l'en empêcher.

— Il s'est passé que nous sommes restés des heures à l'attendre et que ces saloperies de piafs sont revenues à peine la nuit tombée, intervint Blake le souffle court. Elle a débarqué en plein milieu de l'attaque.

— Merde ! commenta Lynch entre ses dents. Hayden, tu es couverte de sang, dis-moi où tu es blessée.

Mais nulle-part ! J'étais un peu groggy et endolorie mais à part ça je ne pensais pas avoir été blessée !  Je crois que c'est à cet instant que je me rendis compte que tout ne se passait que dans ma tête. J'étais consciente, puisque j'entendais et je voyais ce qu'il se passait autour de moi, mais j'étais la seule à m'en rendre compte apparemment. Mes réponses n'étaient que des pensées qui ne franchissaient pas ma bouche et je n'essayais de bouger que dans mon esprit, pour les autres j'étais totalement inerte...c'était un vrai cauchemar !

— Qu'est-ce qu'elle a ? demanda Isy, son joli visage égratigné apparaissant dans mon champ de vision. Hayden regarde-moi ! Elle a les yeux grands ouvert, pourquoi elle ne réagit pas ?

— Certainement un contrecoup de ses...transferts. Je lui avais dit que c'était dangereux ! ajouta-t-il d'un ton rageur.

— Tu veux dire que tu lui as conseillé de nous laisser là-bas ? s'insurgea Lada d'une voix geignarde.

— Oui ! lui répondit-il avec hargne. J'estimais que vous auriez assez de bon sens pour aller vous mettre à l'abri pour la nuit si vous constatiez qu'elle ne revenait pas.

— Tu voulais nous abandonner sciemment dans cet enfer !

— Mais bien sûr que non ! Je voulais juste qu'elle prenne le temps de se reposer, avant de retourner vous chercher. Tu me prends pour qui Lada ? Tu oublies tout ce que j'ai fait et sacrifié pour vous aider ! Tu crois vraiment que je vous aurais laisser là-bas pour sauver ma peau et celle d'un type que je n'apprécie même pas !

— Pour Connors, non...mais pour elle...

— ça suffit maintenant ! s'exclama Isy alors que le bruit sec et caractéristique d'une gifle retentissait soudain dans l'atmosphère confinée et étouffante de cet espace rempli de poussière. Elle vient de nous sauver la vie, encore une fois ! Alors ferme-là et aide-nous plutôt.

Personne ne commenta le petit coup d'éclat d'Isy, même pas Lynch qui se contenta de s'éloigner de quelques pas et de me déposer avec mille précautions sur le sol.

— Blake ! appela-t-il en se redressant. Hayden nous a dit qu'il y avait une infirmerie plus loin, on va y aller ensemble pour...

— Non, il vaut mieux que ce soit moi qui t'accompagne ! intervint Connie d'une voix déterminée. Vous n'y connaissez rien en premier secours, vous ne saurez pas quoi ramener, c'est plus logique que ce soit moi.

— Elle n'a pas tort, ajouta Blake en lui tendant le fusil que Lynch venait de lui donner.

— Tu as une idée de ce qu'elle a ? demanda Lynch à Connie.

— Je n'ai pas les compétences d'Hayden, mais le fait qu'elle saigne du nez et soit complètement catatonique, ne m'inspire rien de bon, lui répondit-elle avec douceur en tentant maladroitement de passer la bandoulière à moitié calcinée de son fusil d'emprunt sur son épaule.

J'avais saigné du nez ! C'était donc ça cette odeur de rouille écœurante dont je ne parvenais pas à me débarrasser. Connie pensait certainement que j'avais fait une attaque cérébrale, ce qui était logique vu mes symptômes mais moi je savais que ce n'était pas ça. Tous mes sens fonctionnaient correctement et surtout j'étais consciente et pensais normalement ! Bon sang mais qu'est-ce qu'il m'arrivait ? Il fallait que je parvienne à leur faire comprendre que j'étais toujours là ! Je devais à tout prix parler, bouger...

C'est alors que mon doigt se mit soudain à fourmiller et à s'agiter. D'abord lentement, puis la sensation s'amplifia pour devenir douloureuse. Une douleur sourde et aiguë qui se propagea rapidement à ma main et à tout mon bras, qui se mit à trembler de plus en plus fort tandis qu'une longue plainte inarticulée finissait par sortir de ma bouche.

Virgin Territory-Isolated System Tome 2 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant