— Tu es folle ! s'exclamèrent en cœur les trois garçons, en même temps que Lévantis répondait « Oui » sans la moindre hésitation.
— Je suis peut-être folle, mais prudente et réaliste ! leur rétorquai-je sans me laisser démonter par leurs réactions épidermiques et attendues. Nous pourrions y parvenir sans son aide mais avec beaucoup de risques et de plus, à moins de la tuer, ce que je me refuse à faire de sang-froid, elle nous balancera pour sauver sa peau dès que nous serons partis.
— Pour ce qui est de l'éliminer, je peux m'en charger, je n'aurais aucun scrupule, dit Nel d'une voix glaciale, son regard à l'avenant fixé sur Lévantis dont le sourire victorieux commençait à se flétrir sur les bords.
— Réfléchissez, c'est la meilleure solution, sous conditions bien évidemment ! avertis-je Lévantis d'un ton ne souffrant aucune discussion.
— Tu penses à quel genre de conditions ? me demanda Connors, toujours sceptique mais moins ouvertement hostile que quelques minutes plus tôt.
— On l'emmène avec nous, ainsi que ceux de ses hommes encore assez en état. Mais une fois de l'autre côté, vous partirez de votre côté...sans arme.
— Mais c'est du suicide ! s'exclama Lévantis. Vous ne pouvez pas nous laisser sans défense !
— C'est bien ce que vous comptiez faire avec nous, non ? Je trouve que c'est un juste retour des choses.
— Ca me va ! commenta Lynch avec un sourire carnassier.
— De toute manière, c'est à prendre ou à laisser ! dis-je à Lévantis. Soit tu acceptes, soit on tente notre chance sans vous.
Elle me lança un regard de pure haine, avant d'acquiescer d'un simple signe de tête. Ce regard était sans équivoque, si elle le pouvait, si je lui en laissais l'occasion, elle me ferait la peau sans hésiter. Ce qu'elle ignorait en revanche, c'est que je n'attendrais pas sagement qu'elle s'en prenne à moi. Je me refusais à la tuer de sang-froid, cependant, si elle s'en prenait à moi où à l'un des membres du groupe, je n'hésiterais pas une seconde.
— Très bien, comment on s'y prend ? demanda Lynch, me ramenant à l'instant présent.
— Déjà il faut la remettre un peu d'aplomb, dis-je en désignant Lévantis d'un signe de tête. On ne peut pas la promener partout alors qu'elle pisse le sang ! annonçai-je en regardant autour de moi.
Avisant, comme je l'espérais, une boite de premier secours à côté du dispositif anti-incendie, je me dépêchai d'aller y chercher ce dont j'avais besoin, avant de revenir vers Lévantis. Je soignai sa plaie efficacement mais sans aucune douceur, avant de lui faire un bandage et de la relever sans ménagement.
— Maintenant on va te détacher. Au moindre coup fourré, vise la tête ! dis-je à Lynch du ton le plus sérieux du monde.
— Avec plaisir ! me répondit-il alors que Connors levait les yeux au ciel, tandis que j'allais exposer notre plan aux autres.
Les convaincre qu'emmener Lévantis et ses hommes encore valides avec nous était le seul choix possible si nous voulions profiter de cette opportunité, ne fut pas simple. Mais avec l'appui inattendu de Nel, nous parvînmes finalement à les convaincre et à apaiser leurs craintes légitimes au prix d'un temps précieux.
Nous avions décidé de traverser à l'aube, en même temps que le lever du soleil. Nous espérions éviter de nous faire remarquer en partant avant que la majorité des habitants de l'immeuble du conseil ne soient éveillés et aussi d'arriver de jour de l'autre côté. Les piafs dégénérés et diaboliques ne semblant sortir que la nuit...du moins nous l'espérions.
Hector brouilla les caméras et tous les systèmes électroniques et électriques dont nous avions besoin pour passer le plus inaperçu possible. Lévantis eut son utilité à l'armurerie même si, pendant un instant tendu, nous crûmes qu'elle allait nous trahir. Finalement nous pûmes ressortir avec les armes dont nous avions besoin, même si nous aurions aimé qu'elles soient plus nombreuses. Mais en prendre plus, aurait par trop attiré l'attention sur nous. Ensuite nous nous procurâmes des vivres, de l'eau et des sacs à dos. Pendant qu'Isy et Nel supervisaient la fin de l'approvisionnement, je rejoins Connors dans la salle du passage, une appréhension sourde me nouant l'estomac à l'idée de retenter l'expérience du transfert de pouvoir.
— Tu es prêts ? lui demandai-je en m'approchant de lui.
— C'est plutôt à toi que je devrais demander ça, me répondit-il avec un petit sourire nerveux. Mais ne t'inquiète pas, dans ce sens-là, tu ne risques aucun effet secondaire désagréable.
— C'est plutôt pour toi que je m'inquiète. C'est un pouvoir psychique et, pour être franche, je ne sais même pas exactement comment il fonctionne, alors...
— Je prendrai exemple sur toi et tout ira bien.
— Comment ça ?
— Lorsque...j'emprunte le don de quelqu'un, j'ai comme une connexion partielle avec la personne. C'est difficile à expliquer, mais lorsque, il ou elle, utilise son don en ma présence, je sens comment il procède et je peux l'imiter.
— C'est vraiment un pouvoir extraordinaire que tu as développé, lui dis-je en lui tendant les mains.
J'avais envie de me blottir dans ses bras, de l'embrasser, mais quelque chose me retint. Il entoura mes mains de ses doigts chauds et rugueux et je sentis une force invisible nous entourer. Bizarrement je ne me sentais pas drainée ou affaiblie, mais plutôt plus forte. Le contact ne dura que quelques minutes tout au plus. Pour un observateur extérieur, rien ne venait de se passer, seulement deux personnes qui se tenaient les mains. Mais en réalité, il en était tout autre, je le sentais dans ma chair, comme une sorte de bourdonnement à la surface de ma peau.
— Pourquoi j'ai ressenti l'échange ? lui demandai-je. Nous nous sommes déjà touché pourtant et c'est la première fois que...c'est tangible.
— C'est parce que j'ai fait en sorte que tu le ressentes. C'est quelque chose que j'ai appris à développer avec de l'entraînement. Normalement cela passe inaperçu, même pour moi. Cela fait un moment que mon don est actif et je ne m'en étais pas rendu compte, tu te rends compte ? me demanda-t-il d'une voix peinée. J'ai peut-être fait du mal autour de moi sans m'en rendre compte !
— Ne dis pas ça, tu n'en sais rien, essayai-je de le rassurer, vainement apparemment.
— Si, maintenant, je sais. Si j'ai survécu à ma blessure après notre passage, c'est grâce à ton pouvoir de guérison et de force que j'avais...emprunté, m'avoua-t-il comme si c'était une honte.
— Je t'ai aidé sans le savoir et j'en suis très heureuse ? Tu devrais l'être aussi, n'en parlons plus, lui ordonnai-je gentiment, nos tête se penchant naturellement l'une vers l'autre.
— Vous êtes prêts ? nous demanda soudain Lynch d'une voix impatiente, interrompant notre tentative de baiser. L'aube se lève, attira-t-il notre attention vers la lueur rosé qui se devinait à l'horizon, nous replongeant dans l'angoisse du départ imminent vers l'inconnu.
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Nouveau et dernier chapitre avant mon départ en vacances demain :-) J'espère qu'il vous aura plu malgré le manque de relecture et de correction ? Je le reprendrai à mon retour dans une dizaine de jour ^.^
Je vous souhaite à toutes et à tous de bonnes vacances ;-)
Gros bisous ^.^
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Virgin Territory-Isolated System Tome 2
Science FictionHayden et ses amis, ont réussit à s'échapper et à fuir la révolte dévastatrice qui couvait au sein de Last City. A présent leur groupe hétéroclite va devoir survivre dans ce nouvel environnement à la fois hostile et plein de promesse. Parviendront-i...