Virgin Territory-Isolated System Tome 2

Chapitre 20-1

Malgré mes trois jours d'inconscience, je dormis encore toute la nuit, après avoir englouti la collation que Lynch m'avait apportée sans un mot, avant de repartir aussi silencieusement qu'il était arrivé.

Les entraînements en tout genre se déroulèrent pendant presque une semaine, jusqu'à ce que Lévantis et Blake, soient satisfaits de notre niveau général de self-défense. Connors restait à l'écart et s'entraînait à maîtriser sa nouvelle capacité de son côté. Il avait tellement peur de blesser quelqu'un par inadvertance, que depuis l'incident, il portait toujours des gants. Les filles trouvaient que cela lui donnaient un air encore plus rebelle et sexy...ce qui n'était pas faux et nous avait beaucoup fait rire, le soir lorsque nous papotions dans nos chambres comme des ados insouciantes. C'était puéril, mais aussi libérateur et cela nous soudait un peu plus chaque jour.

Lada avait définitivement retrouvée son état normal, au grand soulagement de tout le monde et d'elle en particulier. Elle nous avait expliqué être consciente d'agir de manière irrationnelle mais de ne pas pouvoir s'en empêcher. Les médecins du conseil pensaient que cela venait de l'air. Le taux d'oxygène beaucoup plus important en dehors de la ville, pouvait à lui seul expliquer son comportement bizarre, sans compter toutes les différences avec l'air pollué que l'on respirait depuis des années. Apparemment, certaines personnes, réagissaient assez mal au changement et Lada en faisait de toute évidence partie, ce qui faisait qu'elle ne pourrait pas nous accompagner sans une accoutumance progressive qui n'était pas envisageable dans l'immédiat. Le jour du grand départ approchait et nous étions tout à la fois pressée et anxieux, du moins en ce qui me concernait.

— Tu as une idée, de qui va nous accompagner ou non ? me demanda Isy, assise en tailleur sur son lit, me tirant de mes réflexions.

— Pas plus que vous, pourquoi le saurais-je ?

— Peut-être parce que tu es dans les petits papiers de Connors et Gabe ? me titilla Ophélia, avec un petit sourire.

— Pas depuis que je me suis transformée malgré moi en reine des glace ! Lynch me fuit et Connors semble avoir peur de moi !

— Il a juste peur de te faire du mal, comme à tout le monde d'ailleurs, commenta Connie. Son don est...incroyable ! C'est quand même dingue qu'il ne s'en soit pas aperçu avant.

— A priori, s'il ne les transmet pas à un autre changeant dans les dix minutes qui suivent le contact, il s'approprie le don durant un temps...indéterminé. Cela dépend de la puissance du changeant.

— Comment tu sais tout ça ?

— C'est Lynch qui me l'a dit.

— Comme quoi, il te parle encore malgré tout ! s'exclama Lada en rigolant.

— Je ne vois pas ce qu'il y a de drôle ? lui rétorquai-je en lui balançant mon oreiller.

— C'est toi qui est drôle ! me dit-elle en l'attrapant au vol. Tu t'évertues toujours à l'appeler par son nom, tout en le foudroyant du regard à chaque fois qu'il a le malheur de te regarder, et à côté de ça, tu es chagrinée parce qu'il ne te parle plus ! Je crois qu'il a trouvé la bonne tactique en fin de compte !

Qui avait commencé cette discussion déjà ? me demandai-je, en cherchant vainement un projectile à lui envoyer à la figure pour faire diversion et calmer ma gène.

— C'est juste tout sauf le bon moment pour une histoire de cœur, vous ne croyez pas ? tentai-je en désespoir de cause.

— Pourquoi ça ? On va très certainement tous y passer dans très peu de temps, c'est plutôt le bon moment pour se lâcher si vous voulez mon avis ! s'esclaffa Isy en nous gratifiant d'un clin d'œil appuyé.

— Ooh, aurais-tu quelqu'un en vue ?

— Il faut reconnaitre que, parmis les petits nouveaux, il y en a qui ne sont pas mal du tout !

— Oh oui ! Le black qui à la main verte, s'extasia exagérément Ophélia.

— Loràn ? Oui, c'est vrai qu'il n'est pas mal. ¨Par contre, il ne fera certainement pas parti du voyage, c'est dommage ! renchérie Connie en éclatant de rire.

— Pourquoi dis-tu ça ? lui demandai-je, ayant beaucoup moins participé aux entraînements que les autres du fait de mon épisode « reine des neige ».

— Ils vont choisir les participants en fonction de leurs valeurs au combat mais aussi de leurs capacités de changeant, et un mec qui peut faire pousser à volonté des plantes dans un monde recouvert par la végétation...ça n'a pas grand intérêt !

— Mais c'est idiot, puisque nos pouvoirs ne fonctionneront plus une fois que nous aurons passé la barrière ! J'ai raté un épisode ou quoi ? m'étonnai-je en me levant pour me dégourdir un peu les jambes.

— Non, j'ai juste surpris une conversation entre Lévantis et Lovory, nous expliqua Ophélia, d'une petite voix contrite.

— Tu ferais la parfaite espionne avec ta capacité, Ophélia. C'est Shadow que tu devrais t'appeler, lui dit Isy sans méchanceté.

— Mais je ne voulais pas les espionner ! se défendit-elle aussitôt.

— On s'en doute, m'empressai-je de la rassurer. Alors, qu'as-tu entendu ? Raconte.

— Pas grand-chose en fait, mais bien assez pour comprendre qu'ils craignent que nous ne soyons pas bien accueillit dans les autres villes refuges. Et si c'était le cas, nos capacités seraient très utiles, car de nouveau derrière un dôme de protection, nous pourrions nous en servir.

— ça fait quand même beaucoup de « si » et de « peut-être » tout ça ! commenta Isy. En fait, ils ne savent rien du tout. Ils naviguent en aveugle et nous envoie en première ligne en espérant avoir de la chance et que les « si » soient de notre côté !

Un silence déprimé suivit son commentaire désolant, mais vrai. Mais que pouvions-nous y faire ?

— Danger ou pas, j'ai hâte d'y être, avouai-je finalement. Toute cette attente et ces tergiversations me tuent à petit feu, pas vous ?

— Si, tu as raison, approuva Connie, tandis que nos compagnes approuvaient de la tête, au moment où quelqu'un frappait à la porte et entrait dans la foulé.

— On vient d'avoir un message de Lovory ! nous annonça Oliver d'une voix excitée. Ils vont annoncer les participants et la répartition des groupes. Le départ serait pour dans deux jours. Ils nous attendent dans la salle d'entraînement, finit-il en ressortant aussi vite qu'il était entré. Dépêchez-vous ! nous cria-t-il.

— Je crois que tu n'étais pas la seule à être pressée ! commenta Lada d'une voix grave. A votre place, je le serais curieusement beaucoup moins tout à coup.

Nous nous regardâmes sans échanger un mot, les paroles de Lada raisonnant comme l'écho de nos pensées. Le moment était enfin arrivé, restait à savoir à quelle sauce nous allions être mangé, me dis-je en sortant une fois de plus dans l'un de ces fichus couloirs.