8 mai 2016

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Quand je fuis mes rêves et que j'éteins le réveil-matin,
J'émerge de mon sommeil et c'est Rimbaud qui m'atteint.
Comme son dormeur qui dans le val demeure allongé,
Je ne peux pas me lever, car mes draps m'ont séquestrés.

Encore endormie, je me dirige vers la salle de bain,
Et j'accuse les radios de diffuser les mêmes refrains.
Parce qu'Hugo, c'est une douche chaude qui éveille,
Je récite "Demain dès l'Aube" de l'eau dans les oreilles.

M'affalant sur le canapé pour petit-déjeuner,
Comme Orelsan et Gringe, j'ai souvent tendance à bloquer.
Mes cornflakes tournent dans le lait comme les aiguilles du cadran,
Il faut vraiment que je bouge, maintenant il est temps.

La poésie, tu sais, c'est pas seulement dans les livres.
Fais en l'expérience, tu verras, on peut aussi la vivre.
La poésie, tu sais, c'est pas seulement dans les livres.
Fais en l'expérience, tu verras, on peut aussi la vivre.

Je saute dans la voiture, le moteur déjà en route,
Ai-je préparé tous mes cours, maintenant j'ai un doute.
Nekfeu, poète-philosophe, on en reparlera,
On verra bien ce que l'avenir nous réservera.

Arrivée au lycée, j'ai l'âme Prévers aujourd'hui,
Je dirai bien non au professeur, une fois par défi.
Mais je ne suis pas ainsi, je ne suis pas un cancre,
J'aime les bouquins, les cahiers et l'odeur de l'encre.

Les heures s'égrainent et les matières défilent,
Baudelaire décrit le temps de façon si habile.
Il dit : "Mon gosier de métal parle toutes les langues.",
Les élèves sont las, le professeur les harangue.

La poésie, tu sais, c'est pas seulement dans les livres.
Fais en l'expérience, tu verras, on peut aussi la vivre.
La poésie, tu sais, c'est pas seulement dans les livres.
Fais en l'expérience, tu verras, on peut aussi la vivre.

Fin de l'après-midi, la sonnerie a retenti,
Bousculades et chahuts, lycée fini pour aujourd'hui.
Alors les trottoirs fourmillent ; Adieu ruelles vides.
Je ressens le chant des villes, cher à Andrée Chedid.

Arrivée à la maison, sas de décompression,
Ce calme autour de nous invite à la contemplation.
Comme pour Alphonse de Lamartine, le temps suspend son vol,
Nous sommes tous deux admiratifs de ce lac bleu pétrole.

La nuit est tombée, Verlaine l'a dit : "Rêvons c'est l'heure",
Il faut alors affronter obscurité et noirceur.
A cette heure où je me couche, quand le cerveau flanche,
J'espère en silence que cette nuit ne sera pas blanche.

La poésie, tu sais, c'est pas seulement dans les livres.
Fais en l'expérience, tu verras, on peut aussi la vivre.

2016Où les histoires vivent. Découvrez maintenant