21 mai 2016

1 0 0
                                    

Cher toi,

Cela fait seulement un mois que tu combats à l'autre bout du monde, et cela me paraît déjà être une éternité.

Tu sais, je pourrais dès maintenant réfuter cette foutue théorie concernant l'éloignement de deux cœurs. On entend souvent dire que les kilomètres anéantissent toutes formes de sentiments, mais tout ceci n'est qu'une vaste connerie. Je t'aimais avant que tu ne t'en ailles, et je peux clamer haut et fort que la distance ne changera rien à l'amour que j'éprouve pour toi.

Je t'écris ces quelques mots blottie sous une couverture au coin du feu. Le tonnerre gronde au dehors, les éclairs zèbrent le ciel, et toi seul sait au combien l'orage m'a toujours terrorisée. Alors, j'essaie de me persuader que tu es toujours là, et non à des centaines de kilomètres de moi. Je m'imagine ton corps contre le mien, tes bras forts et puissants entourant mon corps frêle, et les mots doux que tu m'aurais susurrer à l'oreille pour me calmer. Je me remémore nos baisers fougueux qui apaisaient tous mes maux, tes yeux rieurs et espiègles qui me faisaient chavirer, et ton sourire franc que j'ai toujours aimé. Mon ange, si seulement tu pouvais me voir en ce moment, tu rirais de moi comme tu le faisais tant de fois.

Mais tu n'es pas là, et les yeux rougis par les larmes, je suis assise dans ce salon beaucoup trop grand pour moi seule, à tenter de me souvenir des moindres parcelles de ton visage et à serrer contre moi l'un des seuls T-Shirts que tu as laissé avant ton départ.

Parce que oui, tu es parti. Et les seules choses qu'il me reste de toi sont ces foutus T-Shirts jetés en boule au fond de ta penderie, ainsi que la photo qui trône du côté de ma table de nuit. Et chaque soir avant de m'endormir, je fixe la photographie de ce couple heureux. Je fixe nos sourires, vrais et sincères, des sourires qui résumaient toute mon existence. Nous étions heureux. Tu me tenais par la taille, et mon dieu je donnerai n'importe quoi pour que ta main effleure ma peau en ce moment précis.

Oui, chaque soir avant de m'endormir, je fixe la photographie de ce couple heureux, en me demandant si l'occasion de prendre un cliché de ces deux jeunes gens se représentera à nouveau. Tu sais, ne passe pas une seconde sans que la peur me tiraille le ventre, sans que l'angoisse me ronge de l'intérieur. Jour et nuit, des milliers de questions m'assaillent :

Que fais-tu mon valeureux soldat ? Où es-tu, et prends-tu le temps de contempler la lune comme on le faisait ensemble quand tu étais encore là ? Penses-tu à nous, à moi ? Viendra-t-on frapper à la porte de notre maison demain ? M'annoncera-t-on ta fin ? Notre fin ?

Je sais que ton rêve a toujours été de prendre les armes pour ta patrie, de combattre et de sauver des vies. Mais tu es parti, et moi, je meurs de ton absence. Ici, il fait nuit noir sans toi, et mon coeur succombe de t'aimer un peu plus chaque jour. Alors reviens-moi, mon ange. Reviens-moi et tu pourras réanimer la femme heureuse que j'étais avant ton départ. La femme que j'étais avant que ne me trotte dans la tête cette foutue question : ma vie devrait-elle dépendre d'un putain de rêve de gosse ?

2016Où les histoires vivent. Découvrez maintenant