DIONYSOS

CHAPTER 1: Réminiscence

J'avais réussi à me sortir de tout ce merdier. J'en avais enfin fini avec le passé. Il était temps de tout recommencer et surtout de changer. J'allais prendre un nouveau départ, ne plus faire les mêmes erreurs.

L'insouciance de notre jeunesse peut mener à notre perte, je l'ai compris bien assez vite. La vie est courte, il faut savoir en profiter sans dépasser les limites imposées par la loi et la nature. Se restreindre au légal, même si c'est tellement ennuyeux, pourtant c'est ce que je pouvais faire de mieux. J'avais déjà fait le pire.

Lorsqu'on est jeune, on s'imagine roi du monde sans penser aux conséquences. On n'a plus de respect pour personne, encore moins pour nous même. Ma vie est plutôt atypique mais parce que je l'ai voulu. J'ai voulu être un mouton du groupe auquel j'appartenais.

    A présent, tout était différent, il le fallait. Je suis encore jeune, je n'ai que dix-huit mais ma vie se résume à un champ de mines. Si on me demandait tout ce que j'avais fait, la dernière chose que je pourrais répondre serait rien. Peut-être que si, je pourrais répondre une vie normale, mais personne ne sait ce qu'est une vie lambda. Je suis peut-être dans l'erreur, ma vie est probablement aussi banale que mon voisin.

Je fixe cet inconnu à côté de moi, il doit avoir un peu moins de la trentaine, lui lit un livre et zyeute par moment le hublot de l'avion de mon côté. Il est beau, il a cet air d'homme libre que j'aime, ces cheveux châtains et sa barbe me donne envie de le dévorer et encore plus lorsque ses yeux noisettes se perdent dans les miens et me sourit. Je n'ai pas le souvenir d'avoir rencontré un homme aussi charmant.

Nous allons bientôt arriver, et je dois avouer que je suis terrifiée. Nous commettons tous des erreurs mais j'avais dépassé les bornes il y a quelques mois. J'avais déçu tous mes proches durant cette période de ma vie. Je semblais heureuse, jusqu'à y croire moi-même. Je me faisais du mal et je faisais du mal aux autres. J'ai mis beaucoup de temps à m'en rendre compte et il m'a fallu un élément horrible pour déclencher tout ça. Je ne veux plus revivre ça, j'ai tout fait pour. Je suis mieux à présent, je n'ai plus besoin de foutre ma vie en l'air en pensant l'améliorer. Cependant, j'aurais aimé remonter le temps, oublier, ne pas commettre les mêmes erreurs. C'était impossible, et ces souvenirs allaient me hanter toute ma vie. Je voulais me croire puissante, mais je n'avais jamais été aussi vulnérable. Je n'ai plus rien pour me cacher, je dois affronter la vie sans avoir besoin d'une aide qui me pourrit. J'appréhende mon arrivée, une vie dont je ne connais rien, je n'ai plus aucun repère dans cette nouvelle ville.

Le pilote nous annonce que nous allons arriver et qu'il est temps de boucler nos ceintures pour l'atterrissage. Je m'exécute le temps que les secousses passent, je sens l'avion se poser. Une minute plus tard, la lumière qui indique de boucler notre ceinture s'éteint. Je suis enfin arrivée. Je détache ma ceinture avec hâte de retrouver la terre ferme mais juste avant je me permets de faire une remarque à mon voisin.

- Dommage de n'avoir pas fait plus amples connaissances.

Il paraît surpris mais sourit aussitôt. Je lui renvoie son sourire, il me donne sa carte professionnelle qu'il vient de prendre dans une poche du sac de son ordinateur portable. Andrew Feder, tu es un jeune entrepreneur. Il glisse un baiser à ma joue, me susurre que je peux le rappeler pour boire un verre avant de s'envoler dans la nature. Cette idée est plutôt plaisante mais je n'étais pas venue ici pour me faire un nouvel ami rencontré dans un avion.

    Quinze minutes plus tard, ma valise récupérée, je mange un gâteau acheté au buraliste de l'aéroport en attendant mon chauffeur qui se fait languir un peu trop. Les gens défilent devant moi, des couples, des amis, des familles. Mon beau voisin d'avion s'était volatilisé il y bien longtemps déjà, c'est dommage, moi qui veux passer le temps. Je ne supporte pas qu'on me fasse attendre. Je prends mon portable en main, trop impatiente, compose le numéro de mon père mais un homme se place devant moi à cet instant. Il se présente comme étant le bras droit de mon père, prend ma valise et je le suis jusqu'à la voiture.

Il semble froid et distant, plus distant qu'un employé qui se doit de respecter une hiérarchie. Il a les cheveux gris, porte un costume parfaitement ajusté, élégant pour un homme de son âge, il devait avoisiner la cinquantaine. Mon père a dû le mettre au courant de mes agissements passés, ou d'une partie, ce qui pourrait lui faire comprendre qu'il est préférable d'éviter de me perdre du regard pour que je m'enfuis. Seulement mon père a oublié que je ne connais personne ici.

- J'espère que le voyage fut agréable pour vous Mademoiselle Wolski.

Je repense à mon voisin de cabine, esquisse un sourire.

- Oui merci, un peu long mais c'est le désavantage des escales.

- Je
suppose.

J'entre dans la voiture, envoie un sms à mon père pour lui indiquer que je suis arrivée par politesse. Je regarde par la fenêtre cette nouvelle ville que j'allais devoir apprivoiser.

Les paysages défilent, les champs verdoyant furent vite remplacés parles hauts immeubles de la ville. J'allais enfin revoir mes parents depuis l'incident. Je ne leur en voulais pas de m'avoir abandonné,ils l'ont fait pour mon bien mais je n'aime pas le fait qu'ils aient déménagé derrière mon dos.

Mon père, travaille pour une grande firme transnationale et avait été nommé responsable des bureaux implantés en Angleterre et ma mère, animatrice et écrivain gastronomique, a changé toute son équipe pour pouvoir travailler dans ce pays. C'est un peu tiré par les cheveux de changer de vie, le pire a été de dire qu'ils n'aimaient plus Los Angeles ou alors ça a été de changer de pays tout simplement, oui le pire c'était de partir de mon pays sans me laisser le choix. L'Angleterre c'est vraiment petit mais je dois m'y faire ou je repartirai d'où je viens...

Je ne l'espère pas, je n'ai plus rien là-bas pour me donner envie d'y retourner, même si les souvenirs que j'y avais accumulé depuis mon plus jeune âge m'ont fait tomber amoureuse de cette vie à Los Angeles, toutes les personnes qui avaient contribué à mon bonheur y étaient, ou du moins sur le sol américain. C'est tellement vaste les États-Unis, ils auraient pu simplement changer de ville, mais mes parents avaient préférés s'en aller encore plus loin.

Je n'ai pas vraiment envie de me mêler à la foule. Malheureusement ma première étape est de passer à mon lycée pour finaliser mon inscription et me familiariser avec les lieux, je ne vois pas l'intérêt mais l'école a semblé insistante à ce sujet. Une journée de plus ou de moins dans un établissement scolaire, je ne vois même pas l'utilité de m'y opposer. Je ne vais pas commencer les cours aujourd'hui, cela me permettra juste de découvrir l'ambiance générale : si j'ai atterri dans un lycée cool ou de petits fils de riches coincés voulant faire les rebelles. Je suis certaine que je vais y trouver de parfaits petits étudiants dans ce lycée privé, je vais m'ennuyer, et je crois que c'est le mieux qu'il puisse m'arriver.

________________________________________________________

J'avais très envie de partager cette histoire, je me suis attachée à mes personnages, j'espère que tu le seras également. N'hésite pas à donner ton avis, en votant et commentant.

Bisous bisous,

A. :)