Insoumis [terminé ]

31- This is not the end

Je suis réveillé au milieu de la nuit par une présence dans mon lit. J'ouvre les yeux et y découvre Juliette, couchée près de moi. Sa respiration est calme et régulière, son coeur bat au ralentit, elle dort. Je me lève doucement pour ne pas la réveiller et vais prendre une douche. Je ne peux pas continuer ainsi. Cela va faire deux jours que je l'évite, deux jours que je m'endors seul et me réveille avec elle à mes côtés. C'est à en devenir dingue, il faut que nous parlions. Après la douche, je descends préparer le petit déjeuner. Elle me rejoint en même temps que les autres. Je la laisse manger avant de l'emmener dans mon bureau, au moment où j'allais commencer, on frappe à la porte. C'est Jade.

- Juliette? Tu as de la visite.

De la visite? Qui peut bien venir à une heure si matinale? Je ne tarde pas à le découvrir, la porte s'ouvre laissant place à un jeune homme maigrichon. Les cheveux ébouriffés, une paire de lunettes sur le nez, le profil du geek assuré. Juliette se jette dans ses bras et je me surprends à grogner. Tous deux se rendent compte de ma présence, et me regardent étonnés. Finalement Juliette fais les présentations.

- Adam, je te présente Lucas, mon meilleur ami. Lucas, voici Adam.

- Ah, le fameux voisin inconnu. Pas si inconnu que ça finalement vu que tu habites chez lui dorénavant.

- Désolée, j'ai oubliée de te prévenir, c'est qu'il s'est passé tellement de chose depuis la dernière fois qu'on s'est vu... Viens, je vais te raconter.

Et ils sortent tous les deux de mon bureau. C'était quoi ça?"Lucas mon meilleur ami" et moi je ne suis qu'Adam? Il est plus que temps qu'on parle! Je sors du bureau, furieux et bien décidé à enfin avoir cette conversation avec elle mais mon loup me retiens. En tendant l'oreille j'entends leurs conversations. Ils parlent de moi.

- J'ai fait une boulette, dit Juliette.

- Ça ne doit pas être si grave que ça, la réconforte Lucas.

- Il m'a demandée ma main, j'ai dit oui, mais pas pour les bonnes raisons. Je comprends maintenant. Je sais qu'il est furieux et que je l'ai blessé. Je ne sais pas quoi faire. Il faut que tu m'aide Lucas.

- Si il ne voit pas que tu l'aimes c'est qu'il ne te mérite pas. Qu'est-ce qui ne va pas?

- Il m'évite. On était si proches avant, tout se passait bien, et il a fallu que je gâche tout. Il dort seul, et quand je le rejoins au milieu de la nuit, il se lève dans les cinq minutes et quitte la pièce. Comme si je le dégoûtait.

- Pourtant, il avait plutôt l'air jaloux quand je suis arrivé. Et si...

Plus rien. Je m'avance dans la pièce, doucement. Et là, horreur. Ce Lucas est en train de l'embrasser à pleine bouche, et elle a l'air d'apprécier en plus ! En voyant ça je ne peux m'empêcher de marcher droit sur ce soit-disant ami et l'attraper par le col. Tout en contrôlant ma force je lui envoie mon poing dans la figure. Son nez commence à saigner et enfler mais je n'en ai cure.

- Comment oses-tu toucher ma femme sous mon toit? lui hurlais-je dessus.

- Ta femme? Elle vient de m'avouer qu'elle t'a dit oui pour te faire plaisir alors ce n'est certainement pas ta femme. En plus, tu lui fais peur abruti.

Il a du cran ce petit. Un peu trop même car il s'avance vers moi, prêt à me frapper. J'esquive son coup et le balance dehors avant de lui claquer la porte au nez. Quand je reviens dans le salon, Juliette n'a toujours pas bougé ni dit un mot. Je m'assois face à elle et tente de capter son regard.

- Juliette?

Elle fuit mon regard, honteuse.

- Je ne t'en veux pas. Pour le baiser. Je sais que c'est de ma faute car je n'ai fait que te repousser mais il me faut du temps pour accepter que ne ressentes pas la même chose que moi. Je n'ai jamais voulu te faire peur ou te forcer, parle-moi s'il te plait, suppliais-je.

- Pourquoi l'as-tu frappé ?

- Parce qu'il t'a embrassé, répondis -je confus.

- Mais pourquoi l'as-tu frappé ? Insiste-t-elle. Tu es....jaloux ?

- Hein ? Comment ça ? Je t'ai déjà dit que tu es mienne et que je suis tien. Il n'avait pas le droit de t'embrasser, je suis le seul à pouvoir le faire.

- Pourtant tu ne le fais pas. Plus depuis ce jour là....dit-elle tristement.

- Juliette, as-tu écouté un seul traitre mot de ma tirade du début ? J'ai besoin de temps. Merde, je t'ai demandé en mariage parce que je t'aime. Tu as dit oui parce que tu t'y sentais obligée et maintenant tu te jettes dans les bras d'un autre. Comment suis-je sensé réagir ? Je ne vais pas te forcer à m'aimer, je ne suis pas comme ça.

- Qui a parlé de me forcer ? J'ai eu de quoi réfléchir depuis mon enlèvement. J'ai compris pas mal de choses. Je sais que je t'ai blessé Adam mais j'ai aussi essayé de te montrer que je t'aimais à ma manière. Je me suis donnée à toi, j'ai commencé à accepter le lien que tu aimes tant, et qui a disparu avec ton affection. Tu me repousses sans cesse.

- Je voulais te parler mais on s'évitait l'un l'autre. Je voulais t'aider à comprendre le lien pour que tu restes pour les bonnes raisons. Ce lien n'agit pas sur tes sentiments, il te transmet les miens quand je le souhaite ou les émotions fortes comme le plaisir et la peur mais il ne va pas te faire aimer quelqu'un si tu ne ressens rien pour lui.

- Jade me l'a expliquer en même temps que les raisons qui t'ont poussé à accepter l'échange.

- C'est aussi pour ça que je t'ai repoussée depuis mon retour. Je m'en veux énormément car je t'ai mise en danger mais je me dégoûte par la même occasion car je t'ai aussi trompée, avouais-je en baissant la tête.

- Comment ça?

- Le seul moyen de lui faire baisser sa garde était d'accéder à ses requêtes. Elle me voulait, elle m'a eu mais je l'ai tuée par la même occasion. Je me suis volontairement donné à elle alors qu'il existait sûrement un autre moyen d'arriver au même résultat.

Elle reste sans voix et me regarde apeurée. Je sais que je l'ai effrayé et je la dégoûte aussi , je crois. Pourquoi elle ne dit rien ? Si elle ne dit rien c'est que j'ai raison. Il vaut peut-être mieux que ça se termine comme ça, avant qu'il ne soit trop tard. Je sens une main sur ma joue qui m'oblige à relever la tête, à croiser son regard.

- Tu es un idiot, souffle-t-elle. Tu as agis comme un Alpha se doit d'agir. En faisant ça tu ne m'as pas seulement sauvée moi mais toute la meute par la même occasion car elle n'aurait eu de cesse de s'en prendre à eux pour te faire plier. Si elle s'en était pris à Ninon ou Jade plutôt qu'à moi, tu aurais agis de même. Je ne peux pas t'en vouloir pour ça mais simplement souligné ton courage et ta bravoure. Le fait que tu me l'avoues ne t'enlèves pas ton apparence de héros, bien au contraire, ça montre que tu es aussi humain. 

A la fin de sa tirade ses yeux brillent d'amour et de fierté. Ça met un peu de baume sur mon coeur meurtri et m'aide à reprendre confiance en moi par la même occasion. Elle ne m'en veut pas, je suis soulagé d'un poids immense. Note à moi-même, ne jamais sous-estimé les pouvoirs de la vérité, de la parole et de l'amour. Quelque chose d'humide roule sur ma joue, une larme. Pourquoi je pleure ? Ça doit être le trop plein d'émotions, d'autant plus que Juliette se penche vers moi et caresse mes lèvres des siennes en un délicieux baiser.