Insoumis [terminé ]

5- Chamboulement

   Je pense sans arrêt à Juliette, elle hante mes pensées depuis que je l'ai vue ce matin. Si mes amis ont remarqué quelque chose ils ne m'ont rien dit, je sais qu'ils vont me faire des remarques si ça dure parce que mon travail en pâtira mais je n'arrive pas à me l'ôter de la tête, c'est sa faute aussi, pourquoi est ce qu'elle a ouvert alors qu'elle ne portait qu'une chemise sur le dos. Maintenant dès que je ferme les yeux je la vois si sexy et désirable....et je me retrouve avec une gaule d'enfer, ce qui est très gênant et embarrassant mais bon il faudra bien que je fasses avec. Pour me calmer, je décide d'aller courir dans les bois derrière la maison, sous forme humaine afin de ne pas inquiéter ma voisine. Jade me rejoint a mi-chemin, bientôt suivie par Luc qui n'est jamais loin de sa moitié. Nous courrons en silence pendant près de deux heures avant de rentrer. Nous nous séparons dans l'entrée et je rejoins ma suite pour prendre une douche et m'habiller d'un élégant costume gris avec une cravate lilas.

  J'ai rendez-vous avec des clients pour mon entreprise de sécurité que je continue de gérer et ce voyage en France me permet de me développé dans ce pays et je pourrais ensuite m'implanter dans d'autres pays européens à partir d'ici, en travaillant conjointement avec les meutes locales. Cela permet de développer l'esprit d'équipe et la coopération entre différentes meutes, diminuant ainsi le risque de voir apparaître une guerre. J'ai d'abord testé à petite échelle sur deux meutes du Colorado et comme ça a bien fonctionner je l'ai étendu au Wyoming et à l'Utah, quand j'ai décidé de partir en France j'ai contacté quelques entreprises susceptibles d'être intéressés ainsi que les chefs de meute locaux. La rencontre avec les premiers a lieu maintenant, celle avec les seconds d'ici deux jours si tout se passe bien. D'ailleurs les premiers alphas ne devraient pas tarder à arriver. Je quitte ma chambre et rejoins le garage pour prendre ma Maserati gran turismo sport bleue et rejoindre le lieu de rendez-vous fixé à quelques kilomètres de là. La réunion se passe bien, j'ai même deux intéressés pour commencer dès que possible, il s'agit de surveiller des banques ou des magasins de luxe avant tout mais parfois il faut être le garde du corps d'une star. L'un des deux est justement à la recherche de gardes du corps pour les dirigeants politiques français ou étrangers et il connait nos spécificités de loups-garous car sa soeur en est un.

   A la fin de la réunion, je reprends la voiture et rentre à la maison. Une fois rendu, je vais enfiler un short à la place de mon costume et file au gymnase pour frapper quelques sacs. Je suis de plus en plus inquiets, des rumeurs annoncent que notre existence va être dévoilée aux humains et les loups ont peur, pour eux, pour leurs familles, pour les enfants et leurs carrières surtout. En effet, certains loups sont comptables, avocats ou instituteurs, tous les métiers sont permis tant que l'on sait se contrôler et contrôler son loup. Mon père souhaite organiser notre coming-out depuis des années mais je l'en ai empêcher jusqu'à présent en lui faisant penser aux risques encourus par les nôtres qui travaillent et vivent en dehors des meutes cependant j'ai le pré-sentiment qu'il va annoncer notre existence au monde entier d'ici peu. Or si les loups-garous existent, cela signifie que les humains seront forcés de croire aux vampires, aux fées et autres créatures et on risque fort de se retrouver avec une guerre sur le dos car les autres espèces ne souhaitent pas dévoiler leurs existences et que les humains auront peur et nous chasseront. Sans m'en rendre compte j'ai éventré le sac de frappe, il faut vraiment que je me calme, je monte sur le tapis de course et le met au niveau maximum. Ma colère et mon inquiétude se dissipent peu à peu et atteignent de nouveau un seuil convenable quand j'entends qu'on sonne à la porte. La meute n'est pas là, ils sont partis faire des courses, je prends donc une serviette que je me met autour du cou, essuie mon visage et vais ouvrir la porte. Ma voisine se tient sur le seuil, se tortillant les mains dans une robe bustier rouge évasée à partir de la taille et s'arrêtant juste au dessus du genou. Je relève les yeux en m'apercevant que je l'observe de haut en bas et fixe mon regard sur ses joues rosées.

- Oui? dis-je finalement.

-Excusez-moi de vous déranger cher voisin, mais j'ai un problème avec Calin et comme vous avez l'air de savoir comment faire avec lui je pensais que peut-être vous pourriez m'aider, dit-elle.

- Quel est le problème au juste?

- Hmmm, il aboie et grogne en direction du champ et du bois derrière la maison, j'ai été voir mais il n'y avait rien. Quand j'y suis allée il a arrêté mais dix minutes après que je sois revenue il a recommencé, m'explique-t-elle.

- Installez-vous dans le salon, je me douche et j'arrive. C'est à droite, dis-je en la faisant entrer.

Le chien ne fait pas ça sans raison, je n'ai pas encore explorer cette partie du territoire, à vrai dire je me suis contenté des cinq ou six kilomètres vers la forêt et non vers les champs à cause de ma voisine. Je monte prendre une douche rapide enfile un t-shirt bleu ciel et un jean et la rejoins dans le salon. Elle est assise sur l'un des canapés en cuir noir, observant chaque détail avec attention. Une partie de ses cheveux est retenue par une pince et elle les as ramener sur son épaule droite ce qui fait que je ne vois pas son visage.

- Voulez-vous attendre ici ou auprès de votre chien pendant que je vérifie? Je vais passer par le bois et ainsi je pourrais voir si il y a quelqu'un ou quelque chose qui perturbe votre chien.

- Je vais aller auprès de Calin, merci Adam.

Et elle s'en va en me lançant un sourire. Je sors de la maison et appelle Luc qui est en train de bricoler un abri dans le bois. Je lui explique la situation et une fois transformé nous nous faufilons au milieu des arbres, courant sans faire de bruit jusqu'à l'endroit indiqué par Juliette. Nous nous tapissons dans les fourrés et avançons à pas de loup, rampant à moitié vers l'orée de la forêt, là, à moitié caché par un arbre se trouve une enfant. Elle est nue, sale, et a des cheveux roux qui lui arrivent aux épaules, son nez est parsemé de tâches de rousseurs et ses grands yeux bleu-gris sont remplis de larmes. Elle dégage une odeur de loups mais semble terrifiée ce qui est compréhensible vu qu'elle semble n'avoir pas plus de quatre ou cinq ans. Je me retransforme et m'approche doucement d'elle pour ne pas l'effrayer d'avantage.

- Bonjour ma petite, tu es perdue? lui demandais-je d'une voix douce.

Elle sursaute puis hoche la tête. Je m'approche et m'agenouille à côté d'elle. Je sens une odeur de sang émanant d'elle mais je ne vois pas de blessure. Il faudrait la ramener à la maison et lui faire prendre un bain. Je contacte Jade par télépathie et lui demande de rentrer rapidement, la petite parlera surement à une louve.

- Es-tu un louveteau?

Nouveau hochement de tête.

-Acceptes-tu de venir chez moi? Tu pourras prendre un bain, manger et te reposer, je te promets qu'on ne te feras aucun mal.

Elle hoche la tête et me tends ses petits bras. Je la prends dans les miens et la porte jusqu'à la maison. Jade nous attends dans le jardin avec une couverture, je lui passe l'enfant et m'habille en vitesse, la sentant paniquée. Je la reprends et nous montons dans ma chambre. Je la dépose sur le lit le temps de lui faire couler un bain avec pleins de mousse, et une fois celui-ci près je la laisse se nettoyer de toute la crasse qu'elle a. Elle m'appelle en couinant pour que je lui laves les cheveux, je mets alors du shampoing dans mes mains et masse lentement son crâne puis ses pointes, une fois terminé j'ouvre l'eau et la rince avant de l'emmitoufler dans une grande serviette épaisse pour la sécher.

- Comment tu t'appelles? je lui demande.

Qui est cette petite fille? Pourquoi est elle seule? Vas t-elle parler? la suite au prochain épisode qui sera surement après mes vacances car je pars demain.