Miroir

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Pourquoi me renvoies-tu une image si laide?

Cette question tournait en boucle dans sa tête.

Devant son miroir, Capucine observait son petit corps frêle. Observer n'est pas le bon mot. Elle critiquait et maudissait la moindre imperfection.

Pourquoi n'était-elle pas comme cette fille, à la télévision?

Elle pleurait. Elle ne serait jamais cet idéal de beauté.

Elle était réelle, et pour les autres, cette réalité était une imperfection.

Les imperfections sont courantes dans ce monde imparfait, elle le savait, le monde le savait. Pourtant, le monde continuait de traquer chacune d'entre-elles afin de les éradiquer. C'était là sa plus grande imperfection.

Ses os étaient visibles à travers ses vêtements. Pour elle, ils étaient sous une épaisse couche de regards de jugement.

Son miroir ne lui renvoyait pas l'image qu'elle voulait. Alors elle s'énervait contre lui.

Ce miroir était le bourreau et la victime de Capucine.

Ce miroir la tuait. Mais elle mourrait sans lui.

Ce miroir ne lui renvoyait pas une image  de beauté.

Il lui renvoyait l'image de sa maladie.

Il lui renvoyait une image effrayante que son cerveau transformait en image rassurante... Pour les autres.

Pour elle, cette image devait disparaitre.

Alors, entre deux sanglots, elle murmura:

"Je ne veux plus manger"

Et ses mots ce perdirent dans une nuit bien trop sombre pour une fleur si délicate.





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