La Boîte [TERMINÉ]

III - Jour 3

LIGHT

Mon dos me fais un peu souffrir à force de dormir sur le sol ou contre un mur. Mon estomac crie (voir hurle) famine. Cela fait trois jours que nous n'avons rien mangé, Ash et moi. La petite fille est encore endormie, la tête posée sur mon épaule. Je ne bouge pas d'un millimètre, de peur de la réveiller. J'aime bien l'observer quand elle dort contre moi. Preuve que j'ai acquis sa confiance. Il ne m'aura fallu que très peu de temps pour que je m'attache à cette rouquine. Je ne la connais que depuis trois jours, mais dans un sens, elle fait partie de ma famille. Elle a su en quelques sortes me séduire. J'aime sa personnalité joyeuse, son sourire malgré notre triste destin, son tempérament calme et doux si apaisant, même sa voix est réconfortante pour moi. J'aime quand elle m'appelle «grand frère» avec le même sourire toujours plaqué sur les lèvres, comme indélébile. J'aime quand elle me regarde avec ses grands yeux vairons, qui donnent l'impression qu'elle me pose mille questions à chaque seconde.
Ce n'est pas un amour amical ou romantique, mais fraternel. Je l'aime autant que j'aimais ma soeur de sang. En fait, j'aime tout simplement être avec elle et j'aimerais toujours l'être par la suite.
Mais c'est impossible.
De chaudes larmes roulent sur mes joues quand je réalise cela à nouveau. C'est impossible parce que l'un de nous deux est destiné à mourir, obligatoirement, parce que nous avons été placés ensemble. Je ne sais pas lequel de nous deux partira en premier.
La faim mènera soit à la mort, soit au cannibalisme, la folie et l'envie trop forte de liberté au meurtre, la perte d'espoir au suicide.
C'est dur, autant physiquement que mentalement.
Je commence déjà à ne plus supporter les murs blancs. Cette boîte me sort par les yeux. Parfois, je vois apparaître des formes noires au milieu de la pièce. Ne plus pouvoir voir ni la lumière du jour, ni le ciel, ni même les couleurs autres que celles du corps humain à des effets négatifs sur ma personne. Si mes neurones envoient des hallucinations à mes yeux dès le troisième jour d'enfermement, je ne suis pas sûr de pouvoir survivre bien longtemps.

Je ne sais même plus quand est le jour et quand est la nuit. Ça en devient plus qu'insupportable.

-Light? Tu pleures? Pourquoi?

Ash vient de se réveiller. Elle me fixe.

-Pour rien...

-Pourquoi tu... Mens?

Je soupire. Je suis stupide. Je mens de façon stupide. Pourquoi pleureurais-je pour rien? J'essuies mes joues du dos de ma main.

-Je pensais juste au fait que je ne pourrais pas rester avec toi bien longtemps. Tu me promets que tu t'en sortiras bien sans moi, après?

-I... Idiot ! Je t'ai déjà dit que de nous deux, c'est moi qui partirai la première, grand frère. Pas toi !

-Tais-toi, Ash, suppliais-je. Je reviens, j'ai besoin de marcher un peu.

Je me lève et avance jusqu'au côté opposé de la pièce, étant de dos à ma sœur pour être sûr qu'elle ne me voie pas. Hésitant, je regarde ma main droite puis la porte à mes lèvres et mord le côté de mon pouce jusqu'au sang. Comme j'ai l'impression de ne plus rien ressentir, me faire du mal me permet de ressentir au moins la douleur. Les autres sensations ont disparues. C'est étrange, mais ça me fait me sentir vivant. Je me cache, parce que je sais pertinemment qu'Ash n'aimerais pas me voir me faire du mal, elle essaierait de m'en empêcher. Quelques gouttes de liquide rouge coulent le long de mon bras. Je m'empresse de toutes les faire disparaître à l'aide de ma langue.
Je me retourne et reviens vers la petite fille. Ash était restée assise au même endroit, mais les jambes croisées et les yeux rivés dans le vide.