V - Jour 7

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SEBASTIAN

J'ai toujours aimé jouer avec les gens, et je crains fortement que cela me plaise pendant encore un bon moment. La manipulation suivie de la mort de Taki est la seule qui m'a mis la larme à l'œil. Peut-être parce que les sentiments que j'ai réussi à lui faire acquérir à mon égard s'étaient avérés être réciproques. Je crois que j'ai aimé Taki malgré notre différence d'âge, et je pense toujours à lui avec d'énormes remords. Les autres m'ont laissé de marbre. Si je les ai fait tomber amoureux de moi, ce n'était plus vraiment pour pouvoir gagner leur confiance et les tuer plus facilement, mais simplement pour m'amuser un peu avec eux et satisfaire certains de mes désirs. Krysta, Lize, Jordan, Sam. Désolé. Je n'ai jamais rien éprouvé pour vous. Ni amour, ni même tristesse après vous avoir assassinés de mes propres mains.
Cette pulsion meurtrière qui serait emparée de moi dès mon premier jour ne me:quittera plus du temps que je serais ici. C'est elle qui m'aide à tenir debout aujourd'hui, et c'est elle qui me permettra de trouver la présumée boîte et de sortir d'ici, reprendre enfin le cours de ma vie telle qu'elle était avant.
Une détonation qui résonne dans la pièce noire. Les armes de ceux qui en avaient n'ont pas été retirées. Cet ancien policier avait un revolver sur lui. Je le lui ai pris. Je l'ai tué d'une balle dans la tête. Je m'accroupis et contemple le trou béant laissé au centre de son front. Son crâne a explosé. Je me relèves, me places au centre de la pièce, regardes le plafond et ouvre grand les bras après avoir rassemblé mes cheveux blonds sur mon épaule droite, le pistolet toujours à la main. Quelque chose de fin et froid se plante dans ma nuque, assez profondément. Je commences à m'y habituer maintenant. C'est la sixième fois en tout. Mes paupières soudainement alourdies finissent par tomber et recouvrir mes yeux. Je me sens tomber au sol. Le bruit d'une porte qui coulisse, des mains certainement gantées qui m'attrapent et me portent je ne sais trop où. Puis je ne sens plus rien de l'extérieur. Seul mon esprit est encore en marche à cet instant-là. J'aime bien les moments où je suis dans cette situation. C'est comme si plus rien n'existait, comme si j'étais libéré de tout. Parfois, j'ai l'impression de revoir Taki, et puis aussi mes parents, mes amis... Parfois, j'ai envie de pleurer parce qu'ils me manquent énormément, et parfois, je ne ressens rien. J'aimerai tellement les revoir, tous. C'est comme si j'avais un énorme vide en moi. Même mes parents que je n'aime pas beaucoup. Des gens détestables. Ils étaient le genre de personne à ne penser qu'à la réputation qu'ils avaient auprès des autres, sans jamais penser à leur propre fils. Un fils qui n'a jamais osé rien dire.

Je ne leur ai jamais parlé de ma sexualité «trop différente», parce que je sais qu'ils le prendraient mal. Savoir que leur propre garçon aime les garçons, ils m'auraient obligatoirement renié immédiatement. Un gosse de riches comme moi devrait déjà être fiancé à une jolie fille de bonne famille également à mon âge. Moi, ce que je veux et ce que j'ai toujours voulu, c'est trouver un copain et vivre heureux avec lui. Qu'il soit riche ou pauvre, contrairement à mes parents, je m'en fiche. Du moment que je l'aimes. Peut-être qu'un jour, dans cette boîte, il y en aura un que je regretterai d'avoir fait tomber sous mon charme, je l'aimerai et refuserai de le tuer... Non, impossible. Si je veux sortir, je dois tuer. Alors, ce sera lui ou moi.
Je penses trop.

-Ah...

Un gémissement plutôt gênant non désiré sort seul de ma gorge. Cela suffit à me réveiller. Je suis toujours dans le noir, mais cette fois je ne dors pas. Je crois que je préférais quand les pièces étaient blanches. Au moins, j'y voyais quelque chose. Maintenant, noires... C'est si sombre et inquiétant. J'entends quelqu'un respirer dans la pièce, mais je ne le vois pas. Je ne suis pas seul, au moins. Je pense que je dois prendre ça comme quelque chose de positif.

-Bonjour, chers cobayes.

«Chers cobayes ». Ce n'est pas mon voisin qui parle, qui d'ailleurs a du se réveiller. La voix est bien trop forte. Je la reconnais. C'est celle du premier jour. Le scientifique.

La Boîte [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant