VIII - Jour 10

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SEBASTIAN

Après avoir tué la fille dont je n'ai même pas pris la peine de regarder le nom, j'ai reçu un candy. Je ne le mange pas. J'attendrai d'avoir faim. Je pense pouvoir tenir encore un bon bout de temps sans me nourrir, je n'en ressens pas vraiment le besoin à vrai dire. Par contre, si je ne tue pas au moins une personne tous les trois jours, je mourrai de soif. Je me débrouille pour trouver de quoi étancher un minimum ma soif dans le corps de mes victimes, même si cela est extrêmement peu, j'ai besoin de m'hydrater. Je ne veux pas mourir. Plus le temps passe et plus je me dis que je veux rester en vie. Surtout au point où j'en suis, mon excellente place au classement, les candy qu'on m'offre, le nombre de personnes que j'ai éliminé pour survivre. Vraiment, ça serait du gâchis de s'arrêter ici.

Pour le moment, je suis encore seul dans la pièce. Peut-être la solitude est-elle une sorte de privilège réservée à l'élite dont je fais partie. Est-ce vraiment un privilège ? Je suis complètement perdu, je ne comprends plus rien. Je ne pense pas qu'être seul fasse réellement du bien au moral, alors peut-être qu'on veut simplement nous laisser du temps de réflexion inutile. À vrai dire, je n'ai même plus envie de comprendre quoique ce soit sur le fonctionnement ici. Je voudrais croire que leur soi-disant expérience n'est pas qu'un divertissement, mais bizarrement j'en suis incapable. Je suis fatigué de tout ça.

Je me contredis. Je vais mal intérieurement. Extérieurement aussi, d'ailleurs. L'endroit où mon bras a été coupé me fait vraiment mal. Je ne retiens même pas les gémissements de douleurs produits par mes cordes vocales. De toute façon, je suis seul.

Je ne sais pas pourquoi, mais je me mets à penser à mes parents. Je regrette tellement de choses. Je ne les aimais pas tellement, mais je ne les reverrai peut-être pas. Alors je regrette de ne leur avoir jamais rien dit à propos de moi, qui je suis, ce que je suis. Une autre question me vient à l'esprit. S'ils savaient ce que je faisais, me renieraient-ils ? Je pense fortement que oui. Quels parents seraient heureux de savoir que leur fils joue les tueurs en série ? Aucun, forcément. Pourtant... Je crois que je me fiche de savoir s'ils seront fiers de moi ou non. J'aime manipuler et tuer. Même si c'est mal. J'aime ça.

Je ne sens même plus la fine aiguille métallique se planter dans mon cou. Tout devient alors noir sans que je ne comprenne.

-Voilà maintenant dix jours que vous êtes ici.

La voix me réveille brusquement.

-Vous êtes désormais... Vingt-huit cobayes toujours en jeu. C'est peu, n'est-ce-pas ? Ah ! Ah ! Ce qui signifie que l'aventure touche bientôt à sa fin. Pas trop déçus, j'espère ! Bravo à vous en tout cas, vous vous débrouillez très bien. Ne lâchez rien et vous ferez partie des dix gagnants.

Jeu, aventure, gagnants... Ce type m'écœure. Que l'on l'apprécie ou non, le meurtre et l'enfermement ne sont pas des jeux.

J'entends un gémissement résonner dans la pièce. Je me retourne. Un garçon aux cheveux châtains émerge de son sommeil en se frottant les yeux. Il est incroyablement mignon et a l'air totalement inoffensif. S'il l'est, ça m'arrange. Cela fait longtemps que je n'ai plus joué avec le cœur des autres. Finalement, il s'assoit en face de moi, l'air encore endormi sur son visage, on peut le dire, angélique. Il me fait un peu penser à Taki. Assez petit, traits presque enfantins, corps mince et légèrement musclé. Le jeune homme finit par se réveiller complètement. Il me regarde et fait un bond en arrière, méfiant. Visiblement, il remarque seulement maintenant. Je fais un rapide demi-tour pour lui faire face, tout en continuant de le fixer. Ses yeux sont vides, dénudés de toute vie. Malgré ça, je me perds rapidement dans leur brun intense. Je me donne une claque mentale pour arrêter de fixer inconsciemment le châtain qui a l'air effrayé et regarde son nom.

La Boîte [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant