When it's not alright, when it's not ok, will you try to make me feel better ?

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Tony

Mes journées sont noires. J'ouvre les yeux chaque matin et il y a cette soif que je combats. Cette soif de combat, cette envie d'être le meilleur à ses yeux. Et puis, je la sens, il y a cette force puissante qui me donne envie de tout abandonner. Cette soif d'alcool. Cette envie de me laisser engloutir. Cette envie de ne devoir des comptes à personne. Ni à lui, ni à moi. Vilain déni. C'est le même cirque tous les matins, je suis fatigué. Le manque transparaît sur mon visage. Dans mes gestes. Cela me suit, comme mon ombre. Mes mains tremblent, mon corps tremble. Et lui, il est endormi à côté de moi, se persuadant tous les jours que je suis meilleur que ça. Se persuadant tous les jours que je suis capable d'y arriver. De toute façon, il est là pour moi, c'est ce qu'il me répète tous les jours. Je le crois. Enfin non, j'essaye de le croire, j'ai envie de le croire. Sauf que toutes les personnes qui devaient initialement être là pour moi, pour me suivre dans la vie ont dégagé. Il ne me reste que lui. Il est parfait. Vous devriez le voir sourire, rire, rougir,... Alors, si je me laisse la liberté de m'accrocher à lui, si je m'en sers comme d'une bouée de sauvetage, je risque de l'abîmer. Il suffit de le voir, qui aurait envie de l'amocher. Je sanglote. Ce que je m'apprête à faire est la pire trahison pour notre couple. Je le sais. Je suis le pire des lâches. Je ne me comprends pas. Je ne comprends pas comment un homme comme lui ne peut pas m'éloigner de mes démons. Ce n'est pas qu'il n'y parvient pas, disons que c'est tellement lent que ça va finir par lui exploser au visage. Il va finir par être frustré, me demander de m'améliorer plus vite. Il ne va pas supporter mes rechutes, mes cauchemars. Peut-être que je cherche à le protéger, peut-être que je devrais lui demander son avis ? Peut-être que ma solution est le pire remède pour moi. Peut-être que j'ai juste envie de le sauver de la bêtise humaine que je suis en train de devenir. Je l'aime tellement. Mes mains tremblent toujours. Je le sais. Je regarde cette bague qui a une signification importante. Je crois que je ne me suis jamais défait de cette addiction, je crois que je ne pourrais jamais me défaire de lui. Je le sais. Je cours à ma perte. Mais si je dois me sacrifier pour le voir enfin sourire, sourire tous les jours, je veux dire. Si je dois me sacrifier pour que ça lui arrive, même avec un autre homme. Je le ferai. Je vais le faire. On ne peut plus se faire du mal. Je ne peux plus tuer l'espoir que je vois s'éteindre peu à peu dans ses yeux, tous les jours. Il croyait en moi au début, là, il prétend y parvenir. J'aurais voulu lui dire toutes ces choses. Lui faire comprendre que j'étais plus fort que ça, un peu moins lâche. Je sais qu'il dirait que je suis un égoïste, je l'entends hurler à pleins poumons que je n'ai pas intérêt à partir comme un lâche. Mais il ne comprend pas. Si j'étais vraiment égoïste, on continuerait. Il finirait pas devenir une larve, comme moi. En plus de devoir me sauver, il devrait nous sauver tous les deux. Je ne peux pas accepter ça. Jamais. J'ai passé une main dans ses cheveux. Je n'insiste pas non plus, je ne veux pas le réveiller. Si j'avais su que ça allait se terminer comme ça... Si j'avais su qu'en disant "je le veux", j'allais finir par l'abandonner, une matinée, quelques années plus tard. Je retire ma bague et je la dépose sur la table de chevet. La mienne. Je me redresse, je lui lance un dernier regard. La dernière fois que je vais le voir. La toute dernière. Hier soir, j'ai profité. J'ai retenu mes larmes lors de notre dernier baiser, j'ai retenu mes sanglots lors de notre dernière étreinte physique. Je compense. Là, maintenant. Je suis une épave. Je quitte la chambre. J'abandonne ma vie. J'abandonne mon mari. J'attrape mon sac soigneusement préparé la veille et j'abandonne tout en quittant notre appartement. Je le sais, je le sens qu'il vivra toujours en moi. Je sens que je l'emporte avec moi. Je sens ses lèvres contre les miennes, ses mots murmurés pendant nos ébats, ses regards désapprobateurs quand je raconte une blague de mauvais goût, il est là. Encré en moi. Pour toujours et à jamais. Si seulement il savait.

" Merci d'avoir essayé. Je t'aime" pouvait-on lire sur un morceau de papier où une belle bague en or était placée.

Stony One ShotOù les histoires vivent. Découvrez maintenant