Je suis Liam à travers l'obscurité de la nuit, le froid, et la pluie. Je me laisse guider. De toute façon, je suis incapable de réfléchir, de prendre une décision. La seule que j'ai pû prendre ce soir est de m'en aller sans Louis, et ça m'a couté le peu de force physique et morale qu'il me restait. La faim, la fatigue et abandonner l'Omega m'anéantissent dans un gouffre de pensées sombres et pessimistes.
Je le suis. Je grimpe à présent à dos du cheval dont il me tend les rennes. Ignorant le vent, les cris, les plaintes que son souffle amène à mes oreilles, je fuis avec eux, au cœur de la foret. A chaque avancée de l'animal au galop, mon estomac se tord un peu plus. A chaque mouvement de galop je suis un peu plus loin de lui.
Que va ressentir Louis?
- L'abandon.
- Le soulagement que je me sois enfui.
- La peur de se retrouver seul
- Le doute sur la sincérité de mes sentiments. Déjà que j'ai tout nié devant son Alpha de faux père...
- Le découragement
J'essaie de chasser ces idées lugubres car elles me rendent fou. Je ne dois plus penser à Louis, je ne dois plus penser à moi et à ce que je ressens. Je suis le dernier Styles, le symbole de la liberté, de l'espoir, je dois penser aux autres. Ainsi, le reste des meutes lointaines du Sud qui garde espoir saura, cette fois-ci, que je suis vivant. Que rien n'est perdu. Ils sauront que moi, le dernier rempart, j'ai survécu.
Après des heures de fuite, le jour commence à se lever haut dans le ciel. Liam et les autres ralentissant devant moi, l'odeur d'un feu de camp atteignant mes narines, je comprends que nous sommes arrivés aux abords du campement provisoire. Devant moi, des tentes de fortune, des feux, des chevaux. Puis des visages que je reconnais pour la plupart, qui me détaillent, me sourient, soulagés, sans oser venir à moi, ou me déranger.
Je descends de la selle. Je soupire. Je n'aspire qu'à une seule chose, m'allonger quelques heures et faire le vide dans ma tête.
- Harry! M'interpelle une voix que je reconnais bien, derrière moi. Je me retourne, il vient en courant jusqu'à moi, et me saute dans les bras. Mon Omega.
- Zayn! Je murmure, en le serrant en retour. Il se blottit contre moi. Je suis soulagé qu'il aille bien. Je le serre, je ressens sa joie de me voir vivant, debout, auprès de lui. Mais j'ai honte. Je jette un bref coup d'oeil vers Liam qui pince ses lèvres sans regarder la scène. J'ai honte, car durant le trajet, jamais je n'ai demandé à Liam, ou un autre, si Zayn était toujours en vie. A aucun moment je n'ai pensé à lui. Je n'ai pensé qu'à Louis.
- Je suis si heureux que tu ailles bien, Zayn. Je dis à son oreille.
- J'ai eu tellement peur, il murmure, me serrant toujours.
Puis il s'écarte de mon étreinte, il me fixe. Il s'avance pour m'embrasser. Je ne peux pas. Je détourne la tête pour trouver son oreille.
- Je dois me reposer, Zayn. Je dis d'une voix dure. Zayn se recule, m'observe. Il regarde Liam, et m'observe encore. Il semble inquiet et contrarié. Puis d'un geste, il repart par où il est venu.
- Suis moi, m'ordonne Liam, me faisant quitter des yeux le corps de Zayn, au loin. Je te conduis à ta tente.
- Je me sens mal pour lui, je réplique. Je...je ne veux plus que ce soit mon Omega. Seigneur, à aucun moment je n'ai pensé à lui dans ce cachot. J'ai honte. C'était pourtant sérieux entre nous et ....