Ivrogne(s)

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    Blablabla

    Vous ne pouvez pas la boucler les gens ? C'est un cours pas la foire. Je balaie l'amphithéâtre des yeux, seul deux personnes, en plus de moi, tentent de suivre tant bien que mal le cours débité. Dans un excès de ras le bol je grimpe sur le bureau géant exaspérée.

- Hey ! Vous vous êtes cru où ? On est pas dans un poulailler ! Taisez-vous ! crié-je avec fermeté. Quelques têtes étonnées se tournent vers moi. Leurs yeux lancent des éclairs. Un vilain rictus se dessine sur mon visage. Désolée pour vous, mais vous ne pouvez pas rivaliser sur ce point : les regards méchants c'est ma spécialité. Plusieurs baissent le regard. Au milieu de cette lutte devenue silencieuse, même le prof s'est tu, un garçon se lève et se dirige vers moi, déterminé. Prêt du pupitre, j'aperçois le professeur impuissant qui cherche à intimer le calme. Pauvre de toi, tu ne seras jamais un homme révolté.

- Si t'es pas contente casse toi. me crache-t-il la voix haineuse. Quelle impolitesse. Je m'étrangle presque. Je m'assieds sur la paillasse, croise les jambes. J'incline la tête légèrement, ma détermination quelques secondes abandonnée revient à la charge, de côté de façon hautaine. Toi mon coco, tu vas en prendre pour ton grade.

- Tu as raison, je m'en vais, je mérite mieux que d'être entourée d'abrutis profonds. clamé-je assez fort pour être entendue par le plus de monde possible. Les yeux du jeune homme sont fous et son visage rougit par la colère. Je jubile. J'attrape mes affaires les range. En me levant, j'en profiter pour le pousser comme le ferait une princesse face à son esclave. Je vois ses poings se crisper, et par protection reste à distance raisonnable. Je n'ai pas envie de me prendre un coup.

    À la porte, je me détourne pour faire face à tous ces idiots, outrés de mon comportement. Je leur adresse un signe de la main en guise d'au revoir, plusieurs m'insultent. 

    Aléa, tu ne devrais pas provoquer de la sorte. Ils m'auront oublié demain. Allez, go retrouver mon sanctuaire. 


    Je pousse les lourds battants en bois de la bibliothèque. Mon fauteuil rouge occupé. Quoi ? C'est une blague j'espère. Je me poste devant la personne.

- Dis moi, tu aurais l'amabilité de virer ton derrière de là ? Je suis encore sous l'adrénaline de ma rebellion, je me sens pousser des ailes aujourd'hui. Le garçon lève des yeux noirs vers moi. Adrien ?

- Et bien, on ne dit plus bonjour ? Je soupire. Je ne l'avais pas reconnue trop obnubilée par mon siège. Il se met debout et me toise. Ha oui, tu veux jouer ? Il rit. Je me renfrogne perdue entre l'envie de m'excuser et l'envie de l'envoyer voir ailleurs.

- Franchement une gamine qui boude à la fac, j'aurais tout vu. Je lui tire la langue, et je reprends ma place décidée. Il s'en va. Je plonge la tête dans mon sac à la recherche de mes cours.

- Ha. Et, pourquoi tant détresse dans un si petit corps ? Je l'observe crispée, il me présente son dos. À quoi fait-il référence ? Sa question n'attend pas de réponse je crois. Je reste là, bouche bée. Lui s'éloigne confiant. Je secoue la tête. Alors, mon cher Hitler, où en étais-je ?


     Wouah. Qu'est ce qui te prend Râ, tu veux me carboniser sur place ?Je place ma main en visière sur mon front pour protéger mes yeux fragiles.  Au loin, Nathan, reconnaissable à sa touffe rousse fait face à la petite Jeanne. Elle rouspète, j'entends des brides de conversations avec sa voix trop aigue. Je souris. Je cherche mon ivrogne d'Angel parmi eux, il n'y est pas. Jamais là quand il faut toi ! Je compose son numéro, il ne répond pas. Idiot. Je lui envoie un message. Au gymnase ? Quelle mouche l'a piqué ?

- Tu fais semblant d'être sportif, c'est ça ? me moqué-je gentiment avant de regretter mes paroles. Il est assis par terre, les genoux repliés sous son menton. Il se détache de son point fixe pour se concentrer sur moi. Ça ne va pas fort. Ses yeux verts brillent, des larmes naissent sous ses paupières. Il tapote le sol à côté de lui pour m'inviter à m'asseoir.

-  Tu fais des études de génie toi, non ? Je ris. Même déprimé il garde son humour grisant. Tout n'est pas perdu. Je pose ma petite main sur son avant bras et le frotte affectivement. Il me jette un coup d'oeil en biais pas convaincu de mon geste. J'hausse les épaules en guise d'excuses. Oui, je sais. Peux mieux faire, mais que veux tu, ce n'est pas dans mes habitudes. Il me sourit. J'attends qu'il parle. Je n'ose pas le questionner, ce n'est pas mon genre. Je suis mal à l'aise. Il passe sa main dans mes cheveux et secoue mes boucles brune. J'écarte ma tête d'un geste brusque. Il rit.

-  Maman est à l'hôpital. Je lâche un oh étonné. Fais un effort Aléa. Une parole réconfortante ? Cherche ! Rien ne me vient. Franchement, Aléa t'es une grosse nulle en tant qu'amie. Je me lève, lui tends la main sur un sourire que je veux enjoué.

- Je sais ce qui ferait plaisir à un ivrogne comme toi, la tournée des bars. Sur son visage je lis de la reconnaissance. Je suis assez contente de moi. Il me suit. La pendule au dessus du terrain de Hand indique 16h00. Direction le centre ville pour les deux ivrognes que nous sommes. 

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Et oui, encore un. En espérant que vous appréciez ^.^

Petits aléasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant