Courrier

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Il fait bon, les rayons du soleil colorent la rue d'orange, tout semble plus chaleureux, c'est agréable. Une brise d'été s'engouffre dans ma tignasse brune s'amusant avec mes boucles, je ferme les yeux. Il n'y a pas grand bruit, la ville n'est pas encore éveillée, c'est plaisant, le chant des oiseaux m'accompagne dans ma marche matinale. C'est vrai, toi qui te plains toujours du vacarme des gens et des voitures, tu devrais te réjouir Aléa. Je fais taire mes pensées, je n'ai pas la tête à ça. Je suis angoissée, ça devient une habitude. J'ai bien trop chaud dans mon pull en laine. Je suis bonne pour une douche au karcher une fois à la maison. En même temps, qu'elle idée de courir chez les gens à quatre heure du matin? Et, de s'enfuir trois petites heures après. Je me pince le dessus de la main droite, je suis une idiote. J'ai agis comme une demeurée. Les images de la veille défilent dans mon cerveau, ma vision se floute. J'ai un vertige, j'attrape un lampadaire pour m'éviter de chuter. Génial, je décuve seulement maintenant. Je lutte contre l'envie de me laisser tomber sur le trottoir de mauvaise grâce. Une dame d'une quarantaine d'années me jauge du coin de l'oeil. Franchement, tu n'as pas autre chose à faire? Il ne lui manquerait plus que la fourrure et elle serait le stéréotype parfait de la bourgeoise découvrant la petite gente, dégoût apparent. Bizarrement, une soudaine raideur me prend au niveau du majeur. Elle semble outrée de mon geste. Oups, ça m'a échappé. Elle insulte la jeunesse. Pouffiasse. Mon crâne me pèse, je le pose contre ce que je pourrais appeler sauveur du moment, le métal est frais. Putain Aléa, pourquoi tu t'es enfuis de la sorte? Il t'aurait pas mangé M. Regard sombre, et, en plus, il aurait pu, éventuellement, te ramener. La colère me rend vulgaire, je souffle. Je ne suis pas rentrée à cette allure. "Putain de bordel de merde tu es nulle Aléa." Cette fois si, c'est un petit vieux, qui tente tant bien que mal de se traîner, qui me regarde étonné.

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J'arrive, enfin, devant mon immeuble, le soulagement. Je crois que je n'ai jamais autant souris face à ce bâtiment laid et triste. Je pousse la porte vitrée sans grande conviction, un papier blanc attire mon attention. Il dépasse de le fente de la boîte aux lettres. Tiens, j'ai du courrier. Je l'attrape avec désinvolture. Je détaille l'écriture de l'adresse. Mais, je la connais. Un sentiment de déjà vu s'empare de mon être. Je frissonne, je n'arrive pas à me souvenir à qui elle appartient. Il faut vraiment que j'arrête l'alcool, ça me réussit mal. Je grimpe les escaliers quatre à quatre, pressée de pouvoir retirer mon haut qui me gratte. Arrivée sur le palier, je constate que j'ai laissé mon appartement ouvert. Tu les enchaines les boulettes Aléa. Je referme derrière moi. Je ris, c'est ironique. Je lâche mon courrier sur la table basse de mon salon et retire mon pull. Je prends des sous vêtements propres et me dirige, déterminée vers mon paradis du moment. Je me stoppe net à mi chemin. Mina. C'est son coup de crayon. Je cours jusqu'à la lettre, manquant de m'étaler sur mon parquet. Mes mains tremblent, c'est idiot. Je déchire l'enveloppe. je deplie le papier, comme si je tenais le grall. Je lis ses mots. Un étrange sentiment m'envahit, mélange de douceur et de colère. Mes yeux s'humidifient.

Petits aléasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant