Soirée

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Je m'applique un trait d'eyeliner. Ma main tremble, pas à l'aise. Argh. La galère, quelle idée aussi de vouloir te faire belle Aléa? Surtout que belle, c'est assez vite dit. J'ouvre ma paupière gauche, et observe le résultat. Faites que ce soit bien, que je n'ai pas à recommencer, sinon, je risque d'éclater mon feutre noir. Yes! Je fais un petit bon de joie. J'ai réussi, Aléa, tu gères. J'attrape mon mascara. Le reflet que me renvoie mon miroir me fait sourire. Tu ressembles à une gamine même maquillée, bon, une gamine un peu rock, mais gamine tout de même. C'est peine perdue, je crois. J'enfile un jeans bleu délavé, un t-shirt, qui laisse entrevoir mon ventre pour la sexitude, noir aux motifs dignent des slogans de groupe rock ou punk et mes docs de toujours. Je lâche mes longues boucles décoiffées. J'ai déjà fait un effort sur le maquillage, c'est suffisant. Toc toc. J'arrive. Je sautille jusqu'à la porte, j'ouvre, la bouille de violette apparaît, rayonnante. Elle me sert dans ses bras, puis me fait reculer d'un pas. Son visage s'éclaire d'un sourire, elle tape dans ses mains. Je crois qu'elle trouve mon ensemble joli, je souris à mon tour, contente de mon effet. Elle prend ma veste en cuir et me la lance avec bonne humeur et me pousse hors de mon trois pièces. On rejoint Angel au volant de sa clio blanche d'origine, plutôt grise actuellement. Tu pourrais l'emmener au lavage, c'est plus possible là, n'importe qui s'approche de ta bagnole choppe une allergie. Je grimace, je vais vraiment m'asseoir dans cette boîte à poussière. J'a-do-re. Je tire sur la poignée à contre coeur.

- "Ta voiture est à ton image mon cher Angel." Dans le rétro intérieur, il hausse les sourcils. Une moue supérieure se dessine sur mon visage. Il sent la connerie venir.

- "Aussi sale que toi." Il m'insulte tandis que je ris accompagné de la jolie blonde. Au moins, la prochaine fois sa voiture sera plus propre. Une mission accomplie. Le son de Metallica envahit la voiture. Une bonne soirée en prévision. Le soleil est en déclin, créant une l'ambiance clichée des fêtes d'été des films. "L'alcool doux", nous voilà. Je descends avec hâte du taco de mon meilleur ami. Moins je passe de temps dans ce truc, mieux je me porte. Les autres et les jumeaux nous attendent sur la terrasse. Ils ont déjà un verre à la main. Quelle impolitesse les gars. Une tournée de bises, même à la pétasse rousse pot de peinture. Comment tu peux en mettre autant? Je suis sceptique, cette fille est un mystère. Outch. Je me fige. Mais c'est quoi cette jupe? Enfin non, c'est quoi ce tissu ras du buisson, comme dirait Angel? Je cligne deux fois des yeux et je me reprends sous le regard amusé du nazi et d'Adrien. Quoi? Je me pose simplement la question, d'où sort cette fille? C'est la provocation même. Toute la gente masculine louche sur ses formes, qui dépassent  presque de ses "vêtements". Je pouffe. Nous entrons dans le bar motivés : c'est le week-end, ça se fête. Jeanne paye sa tournée, tu vas t'en tirer pour un bras poulette. Chacun deux shots. Je m'élance sur la piste avec les filles et le sex symbole. On se déhanche en rythme. Les musique fait vibrer le sol. Les garçons nous rejoignent. Nathan se colle à sa chérie, ils sont drôles, elle bouge sur la musique, lui non. T'as encore des progrès à faire mon gars. Adrien s'approche de Laura et met ses mains sur sa taille. Mes yeux s'écarquillent. Vraiment? C'est ça ton style de fille. Je réprime une moue de dégoût. Je m'attendais à mieux venant de toi M. Regard sombre. Je me concentre sur l'ambiance du bar, les  lumières sont tamisées, comme la derniere fois. La musique est toujours sensuelle. Cet endroit est le parfait stéréotype du lieu de drague. Ça a du être crée pour toi Laura, tout est à ton image. D'ailleurs, la rouquine lit un message sur son Iphone doré. Bling bling, comme elle. Elle le jette et s'en va en courant. Qu'est ce qui lui prend à celle là? Elle est folle? Ou peut être que son reflet dans l'écran de son téléphone l'a traumatisé. Ho, t'es méchante Aléa. Mes lèvres s'étirent en sourire. Nathan et Jules suivent la fille, Adrien ramasse son téléphone avec nonchalance.

- "Qu'est ce qui se passe?" j'interroge le métisse, curieuse. Il hausse les épaules et me tend le portable, une conversation est affichée. La rousse se fait allumer par sms. Les messages ne sont pas tendre. M. Martens me laisse le téléphone. Les deux garçons partis au secours de la "belle" reviennent dépités. Il raconte qu'elle pleure. Un léger sourire s'affiche sur le visage d'Adrien, il s'en va. Qu'est ce que tu prépares? Je secoue la tête. Argh. Je regarde l'engin dans ma main avec méchanceté. Tu gâches ma soirée. Je suis pas d'accord. Les autres se réconfortent. Toi l'inconnu, je vais pas te laisser pourrir ma nuit. Je réponds. "Quand t'auras fini de faire ton macho tu me dis. J'ai envie de m'amuser. Et si t'es pas content, c'est la même. Bonne nuit." Je laisse une minute passer, pas de réponse. J'en conclue que tu as compris, c'est bien. Je vois Jules se diriger vers moi d'un pas hésitant. Tu sais, je mange pas, je mords seulement.

- "Qu'est ce que tu fais sur le téléphone de ma soeur?" Il a une attitude douteuse. Quoi? Je sais que je suis pas la personne la plus gentille que t'es rencontrée, mais je suis pas un monstre. Je souffle. Je tourne les talons et lui réponds.

- "J'ai réglé le problème, pour ce soir." Je marche jusqu'à la masse tremblante dehors. Je reste une demi-seconde bouche bée devant l'attitude d'Adrien. Toi, tu as clairement envie de la ramener dans ton lit. J'étouffe un rire. Laura est blottie dans ses bras. Bien joué, t'as réussi ton coup. Je rends le téléphone à la rouquine dans une grimace qui se veut compatissante. Je crois que j'ai encore des efforts à faire là dessus. Elle me remercie de sa voix haute perchée. Aïe, même pour mes oreilles tu es un supplice. Elle remet son visage ultra maquillé contre le t-shirt blanc du garçon. Te frottes pas trop, tu vas lui pourrir son haut. Tu es mauvaise Aléa. Je chasse cette idée, non je suis, juste, réaliste. Je me baisse près de l'oreille du protecteur et lui murmure.

- "Prévois de quoi te protéger." il me lance un regard entendu, puis, son air hautain reprend la main.

- "Dixit celle qui n'a jamais pécho." Outch. Touchée. Je fronce les sourcils et lui tire la langue. Abruti. Il fait un clin d'oeil complice. Je m'en vais en riant. T'es un génie. Je retourne danser. Angel avec moi, les bêtises peuvent commencer.

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J'espère que ça vous plaît, bises, bises.

Petits aléasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant