La lettre

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Je lance Brother de Rilès, enlève mes fringues et les balance dans ma micro salle de bain. J’entre dans la douche et ouvre le jet. La senteur vanille de mon savon envahit la pièce. Tiens, ça change de mes habitudes musicales. Un sourire m’échappe. La sonnette retentit. Roh Angel, t’abuses, t’es jamais à l’heure et là tu viens m’emmerder dans un bon moment. Je sors précipitamment, attrape une serviette que je noue au dessus de ma poitrine menue. Je cours jusqu'à la porte en lui criant de patienter. Lorsqu’il entre il m’observe avec un petit air mutin. À peine arrivé il commence déjà.
- “J’ai une meilleure amie fort sexy.” me chuchote-t-il. Je le tape à l’épaule et lui tire la langue. Il rit. Je retiens un gloussement, c’est un idiot. Je fais mine de m’en aller. Il pose sa grande main sur mon avant bras pour me retenir. Je me débats. Bah ouais, tu crois que tu vas t’en sortir si facilement mon gars? Il m’emprisonne dans ses bras et me soulève du sol. Je pousse un cri, mes jambes battent le vide. Il me fait tourner, j’éclate de rire, il est fou. Il me repose délicatement et me fait un bisou sur le front tout en ébouriffant mes cheveux humides. Ils laissent des gouttes sur le parquet foncé. Tu vois quand tu veux, tu peux être adorable. Je lui souris. Dans ses yeux, je lis de l’amour. Avec lui, je me sens protégée et comprise. Je le pousse dans mon sofa et lui balance la brique de jus d’orange.
- “Tu bouges pas, je vais m’habiller!”
- “Je peux venir t’aider tu sais.” Argh. Je le fusille de mes yeux noisettes et le menace avec mes biceps. Inexistants, je sais, pas besoin de me le rappeler.
Je fouille dans mon placard et trouve un slim noir basique, et un t-shirt rock à souhait. Je lisse ma tenue et m’observe dans mon grand miroir. Je parais plus rayonnante. Enfin bon, t’emballes pas trop Aléa. Je secoue la tête pour permettre à mes boucles de retrouver leur forme et leur volume. Angel s’est étalé de tout son long dans mon petit canapé. Mais quelle grosse vache il fait. Je m’assois sur lui et passe mes doigts dans ses côtes et le chatouille. Il m'envoie valser avec force. Je me moque de lui.
- “T’es une petite nature.”
- “Dixit celle qui fait tout juste 1m60 les bras levés.” Outch. Touchée. Je pousse ses gros poteaux, et m’installe en tailleur en face de lui. Je le détaille, un jeans bleu, haut noir, de grosses cernes sous ses yeux verts. Il a encore dû passer une partie de la nuit à jouer. Un geek ivrogne pour meilleur ami, c’est fou Aléa ce que tu attires. Il toussote. Oups, désolée, je me suis perdue je crois.
- “Je sais que je suis beau, mais tout de même, un peu de tenue jeune fille.” Me dit-il d’une voix faussement rauque imitant un sexappeal inconnu. Je l’envoie bouler. Vraiment fatiguant ce mec. Je me penche sur la table basse en métal anthracite et du bout des doigts prends un papier blanc taché ça là d’encre. Délicatement, je ne veux pas la froisser, je déplie la lettre de Mina et la tends à Angel. Je me cache derrière ma tignasse, toujours pas sèche, rougissante. Derrière mon rideau de boucle j’observe mon ami, son visage s’éclaire d’un léger sourire. Il relève vers moi des yeux interrogateurs. S’il te plaît, pas trop de questions. Je joins mes mains, discrètement, pour appuyer ma prière. Aléa, tu n’es même pas croyante, c’est une perte de temps. Et puis, Dieu, c’est juste une idée régulatrice, ou un arbre. Angel repose l’écrit et croise les bras, signe que le mode conversation sérieuse est enclenché. Je réprime un sourire, voir ce brusque changement est plutôt cocasse.
- “Bon, j’ai deux questions, la première, qui est Mina, et la deuxième, quelle était ta relation avec elle?” Son ton est doux et compatissant, il a compris, il veut juste me l’entendre dire. Connard. Je souffle. Tu m’exaspères, heureusement que je t’aime bien.
- “Mina, c’est l’autre fille qui était hébergée avec moi au Canada. Quant à ma relation avec elle, c’était plutôt ambiguë, on peut dire que je suis sortie avec elle, je crois.” Je lui expliquerai bien en détails, mais, je ne veux pas partager ça, c’est trop précieux à mes yeux. Les coins de sa bouche s’élargissent un peu plus, laissant apparaître sa dentition parfaite. Il me prend dans ses bras et me câline, je me laisse faire. C’est bien, tu parles pas trop pour une fois.
- “Et bien, nous irons la chercher ce soir avec les autres.” Je me raidis. Il sent mon trouble, il accentue la pression de son étreinte. “Il faudra bien fêter son arrivée parmis nous.” J’hoche la tête activement. J’étouffe, lâche moi gros benêt, je suis trop jeune pour mourir, surtout de cette façon. Je le repousse et inspire une grande bouffée d’air. Il se cale entre deux coussins, détend ses pieds qu’il pose sans ménagement sur la petite table, et tourne sa bouille d’ivrogne vers moi en affichant une mine résolue.
- “Bon, t’as un film qu’on peut se mater?” Je l’adore ce mec, il est parfait.

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J'ai laissé un indice de ce qui va se passer dans un des prochains chapitres, bonnes recherches. ^.^

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