"Trop forte"

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Je ne veux pas. Je ne veux pas. Je ne veux pas ! C'est une réaction de gamine Aléa. Je soupire, même mes pensées sont d'accord avec M. Regard sombre, obligé il m'a lancé un sort. Adrien, sors de mon corps. Je le toise la mine renfrognée et mes bras croisés sur mon t-shirt avec mauvaise grâce. Je veux lui faire comprendre que je n'ai pas envie. Je ne veux plus affronter l'humiliation. La discussion ne va pas être facile. M. Regard sombre veut jouer les sauveurs, rabibocher ses deux amis. Il m'a poqué là, à la terrasse de "L'alcool doux", pour pas changer, en face du grand blond. Cinq minutes ont déjà du s'écouler, et je n'ouvre toujours pas la bouche. Je veux pas. Je reste bloquée tant par colère que par la peur qui me ronge. Le nazi est mal à l'aise. Fallait y penser avant mon coco. Je suis en rogne. Me retrouver assise à la même table que lui me donne des pulsions meurtrières. Que j'aimerais qu'il subisse ma position. Si tu tiens à la vie, abrège, fais en sorte que ce soit court. Mon coeur bat à la chamade et j'ai les mains moites. Je ne suis pas sûre de vouloir entendre ses explications. Je ne veux pas m'attendrir. Non, personne ne devrais subir l'horreur d'autrui, je me contredis. Tu ne dois pas Aléa. Les gens comme lui ne sont pas dignes de confiance, tu le sais. Je dévisage sa belle gueule presque avec dégoût. Je ne comprends pas, mais je m'en fiche. Je suis blessée. Dans ma poitrine je sens mon coeur qui me lance comme s'il ne voulait plus battre, comme s'il voulait lui aussi cesser de subir. Je souffle de nouveau, mais dis quelque chose espèce de grand benêt !

- J'attends. Ma voix est glaciale, elle le fait sursauter. Petite nature. Un sourire aurait pu marquer mes lèvres, pourtant seul un goût amère me reste en bouche. Du coin de l'oeil, je vois le métisse aux docs secouer ses boucles foncées, désespéré ou, blasé. Je ne sais pas.

Le grand blond, ouvre la bouche, enfin. Et bien, j'ai failli attendre. Il se masse les tempes signe qu'il est en pleine réflexion. Tu veux me faire croire que pas si simple que ça. N'importe quoi. Idiot. Je souffle, je refuse de croire le venin de ses futurs mots. Il se lance, enfin.

- Aléa, je suis désolé. Je le coupe, un sourire mauvais doit manger mon visage, avec l'envie de le blesser.

- Ouais, tu peux l'être, en effet. Tout sur lui indique la culpabilité. Pitoyable. Seul adjectif adéquat à la situation, à lui. Aléa, calme toi. Écoute le, après, tu pourras passer tes nerfs dessus, éventuellement. Une boule se forme dans mon estomac. J'ai peur de ses explications. Mes mains tremblent, je les cache sous mes cuisses, je ne veux pas qu'il s'en aperçoive. Il reprend.

- Je suis désolé. Tu l'as déjà dit ça, tu te répètes. J'ai besoin d'argent. J'avais cru comprendre oui, viens en aux faits, et active, j'ai pas toute l'après-midi. Et, le soir où tu t'es faite attaquée, un homme d'une trentaine d'années, un pote de celui qui t'a agressé, m'a proposé quelque chose pour faire face à mes problèmes. Il avait dû entendre ma conversation avec Violette. Je crains le pire. Mes mains, cachées sous mes jambes, s'enfoncent dans le bois de la chaise. Il m'a lancé un défi, si je le réussissais, je gagnais 5 000 euros, de quoi en finir avec mes soucis. Il se tord les doigts et ne me regarde plus. Coupable. J'ai un pincement au coeur, pincement qui me déchire de l'intérieur. Comment pouvait-il avoir fait ça ? Il y a bien d'autres solutions ? En moi, le tsunami de ses paroles me submerge, me noie dans ma tristesse et ma rage. Je n'ose pas intervenir, la boule dans mon ventre grossit.

- Le défi était que je fasse de toi ma petite amie pour ensuite te détruire. Je devais te laisser dans un état minable. C'est complètement puéril. Je n'aurais jamais pu réussir, tu es bien trop forte pour ça. Il dit ça avec tout le sérieux du monde. Mais quel idiot. Je me lève avec frénésie comme si j'avais laissé ma compassion au placard. Je le gifle. J'ai l'impression que je vais imploser, mourir de l'intérieur. Il me regarde étonné. Il ne bronche pas, choqué.

- Je ne suis pas un objet dont on peut disposer comme on l'entend. J'ai un coeur ! Je murmure cette phrase. La rage et la déception m'empêchent de crier. Le sol tangue sous mes pieds. J'ai la tête qui tourne. Je veux pleurer, partir, pourtant je reste figée. Awen, pose une main sur mon avant bras. Je me dégage. J'aimerais lui dire que je suis sensible, que j'ai besoin de douceur, d'être câlinée et aimée. Au lieu de ça, je ne fais rien. J'encaisse le coup. C'est horrible. Mon petit monde s'effondre. Pourquoi tu ne vois pas ma détresse Awen ? Pourquoi tu ne l'as pas vue ? Pourquoi tu as accepté ce défi ? Pourquoi tu as pensé que j'étais invincible ? Je tombe à genoux. Ma vision se floute. Je pleurs. Il a voulu me faire mal. Je prends mes épaules dans mes mains, je me berce. Ça y'est, tu as gagné ton foutu défi Awen, je suis minable. Je crois qu'il s'excuse. Ça ne changera rien. Je lève mes yeux humides vers lui.

- Tu peux aller réclamer ton chèque. Il recule, et se détourne avant de s'enfuir en courant. Un bras entoure mes épaules fragiles. Adrien m'aide à me relever. Il ne dit rien, de toute manière, il n'est pas doué pour réconforter les gens. Il me force à marcher. Il m'emmène au chêne. Il plante ses yeux dans les miens. Ça va devenir un habitude M. Regard sombre. Les larmes continuent de perler sur mes joues. Son buste s'approche du mien, il me fait un câlin. Je le laisse faire. C'est trop tard, le mal est fait.

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Fin du 11ème chapitre, maintenant vous savez ^.^

Petits aléasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant