Solidarité bien ordonnée commence par soi-même - 3 -

28 11 0
                                    

La plus jeune s'appelait Talwène, l'aînée Nandorine. Destuiz ne comprit pas les autres noms composés qu'Arnest récita avec cérémonie.

– Je vous présente Johan Destuiz, un ami.

L'intéressé s'inclina pompeusement, troublé. Les deux femmes sourirent avec grâce, mais ne prononcèrent aucun mot. Destuiz inventa un accident malencontreux pour expliquer son bras en écharpe et sa jambe en réparation osseuse. La jeune Talwène, dont les cheveux bleutés tombaient librement dans le dos, prit un air contrit. Destuiz osait à peine la regarder, de peur de dévoiler sa fascination. Il observa à la dérobée les traits fins de son visage, sa nuque gracile, ses yeux sombres qui contrastaient avec le teint clair de sa peau.

Après quelques minutes, dame Nandorine prit congé, suivie par la demoiselle Talwène. Arnest vida d'un trait son verre de Djamby et fixa ses yeux brillants sur Destuiz.

– Je pense que ta passion ne te mènera pas au bonheur, mon ami, dit-il gravement.

Destuiz, encore sous le charme de la belle Pacitaine, le regarda d'un air interdit. Le représentant secoua la tête avec fatalité.

– Non, reprit-il, trop d'années lumières séparent nos deux cultures...

– Je ne crois pas. Les représentants sont la preuve vivante du contraire, fit remarquer Destuiz.

– Les représentants ont été sacrifiés pour sauver les Immaculés.

– Un représentant ne peut-il pas être heureux ?

La question prit l'autre au dépourvu.

– Ss... Si, bien sûr.

– Quelqu'un qui affronte le malheur n'en est que plus heureux de trouver le bonheur. Pour lui, des choses toutes simples acquièrent une valeur démesurée.

Dawampa eut un sourire indulgent.

– Tu aurais pu faire un bon représentant, mon ami.

Une longue nuit stellaireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant