Destiny : Tome 3

03 : Smoke

Aujourd'hui

Un bain de foule surplombait la forêt. Une foule de morts-vivants. Je les vis à travers mes jumelles dans la clarté de la nuit. Mes cheveux et ma barbe avaient poussés depuis.

- Dis moi quand elle atteint le feu de camp, me chuchotât Lucy dans l'oreille. Il avait fait une tresse sur le côté pour empêcher ses cheveux de la gêner lorsqu'elle combat. J'acquiesça d'un signe de tête avant de replonger mes yeux dans mes jumelles. La foule était gigantesque. 

- La vache... Je crois que je n'en ai jamais vu autant. Ils s'accroissent, c'est sûr, dis-je, tout en gardant les jumelles à porter de vue.

- Ouais, ce n'est pas bon signe.

- Merde... J'ai laissé ma bouteille d'eau au feu de camp. La horde vient d'y arriver, dis-je en reposant les jumelles. Lucy regarda sa montre.

- En à peine quatre heures. Allez, on devrait avancer pendant que les enfants dorment encore.

Nous remontions dans le van orange. Lucy s'assied du côté passager tandis que je conduisait. Ines dormait profondément sur la banquette arrière avec Paul. Ils avaient tous les deux grandis depuis la mort de papa. C'était des adolescents maintenant. 

- On dirait que la horde accélère un peu. Je pensais qu'elle se dirigeait vers le sud-ouest, mais je n'en suis plus sûre, me confia Lucy. J'hésite. Je sais que c'est crevant d'être sur la route aussi longtemps... Mais à chaque fois que je me dis qu'on devrait se poser quelque part pour dormir et attendre que la horde passe, je ne peux pas m'empêcher de m'imaginer ce qui arriverait si on se retrouvait pris en plein milieu... Elle se rapproche de plus en plus. Lentement mais c'est presque pire. Ça nous donne l'illusion d'avoir le contrôle.

- Ce serait vraiment sympa de faire une pause. Ça fait un moment qu'on roule.

- Je ne sais pas, c'est risqué, dit-elle en regardant son calepin.

- Pas si on trouve un endroit où nous serions en sécurité.

- On trouvera une solution...

- Comme toujours, lui dis-je.

- Hé, je vais en fumer une vite fait, me signale-t-elle, un sourire en coin.

- Je n'arrive pas à croire que t'ai encore de l'herbe, ricanai-je tandis qu'elle ouvrit sa fenêtre.

- Tu plaisantes ? Les gens ont sans doute commencer à en planter avant même de penser à la nourriture.

- D'accord, mais fais vite, ordonnai-je tandis qu'elle sortit une feuille à rouler. Je ne veux pas que tu réveilles les enfants.

- Du calme, Ines a son casque et Paul ronfle. Je crois qu'on est bons, dit-elle en allumant son joint. Elle tira une latte avant de me le mettre sous le nez.

- Non merci, dis-je en repoussant de la tête la fumée qui s'en dégageait. L'un d'entre nous devrait garder les idées claires. Elle se mit à tousser.

- Ne me juge pas. Elle tira une autre latte. Quand j'ai su que Zack avait des enfants, je l'ai prévenu que je n'allais pas changer qui je suis juste parce qu'ils sont là. Quand il m'a demandée en mariage, je lui ai rappelé que je n'étais pas vraiment la belle-mère idéale. Voilà un bon exemple. Elle se remit à tousser. Il avait accepté, mais je voyais bien que ça l'inquiétait. Je savais qu'il essayerait de me faire changer. Ou du moins, il espérait que la proximité avec les enfants me changerait.

- Il te manque ? dis-je précipitamment. Un grand silence parût. 

- J'y pense beaucoup... Franchement, je sais pas trop, dit-elle en fixant le vide, les yeux humides.  J'avais vraiment une sale opinion de toutes ces mères qui disaient toujours qu'élever des gosses était la chose la plus dure au monde. Avec Paul, je commence à me dire qu'elles n'avaient pas tort, dit-elle en ricanant. Je m'entend pas mal avec Ines, mais les sautes d'humeur de Paul, ça me... Je sais pas... Des fois, j'ai juste envie de le laisser au bord de la route. Je la regarda d'un air sévère. Je plaisante !