Destiny : Tome 3

28 : Ultime combo

Isha s'éloigna accompagnée de Bob. C'était l'occasion rêvée de foncer. Nos semelles ne faisaient pas un bruit tellement on marchait lentement. On monta les marches sur la pointe des pieds et arriva en face d'une grande porte en pierre. Je jeta un dernier coup d'oeil sur ma droite et vis Isha et Bob changer de rue. Je poussa la porte glacée. Elle s'entrouvrit en grinçant bruyamment. On avança prudemment en regardant partout autour de nous. Le sol en damier, les néons rouges, le vide et les échos. Ancien hôtel de police, je suppose. Isha m'avait prévenu. Des milliers de casiers chiffrés, des feuilles volées, une ardoise inscrite à la craie blanche. Paul me guida jusqu'à une grande porte. 

- Les armes sont derrière cette porte, me chuchote-t-il.

Je tourna la poignée.

- La porte est fermée, répondis-je avec agacement. Et on n'a pas le temps de chercher la clé. Je tourna le regard et observa les environs. Mes yeux se dirigèrent immédiatement sur un extincteur rouge, tout à côté de la porte. Je m'en empara. Il va falloir employer la manière forte. 

Je frappa une première fois. Le bruit métallique résonnait dans tout le bâtiment. Je me crispa. Et frappa une deuxième fois, un peu plus fort. Paul gardait un oeil derrière moi. Je frappa une troisième et dernière fois, beaucoup plus fort. La porte s'ouvrit miraculeusement. On entra alors dans un couloir étroit. Paul me guida jusqu'à une autre porte, déjà ouverte. Les quatre murs de la pièce étaient recouverts d'étagères, qui elles-mêmes étaient recouvertes d'armes de toutes sortes. Des fusils, des mitraillettes, des pistolets, des lances. Paul commençait déjà à prendre une AK-47. Une table en bois reposait au milieu de salle. De grands sacs de sports y régnaient. Ainsi que ma batte de baseball. Je souri. Et la prit. Je la glissa dans la sangle de mon sac à dos et m'empara d'un fusil d'assaut.

- Met-ça dans le sac, ordonnais-je à Paul. Il acquiesça, tout souriant, et obéit. Je me tourna vers les pistolets.

- On n'avait jamais fait ça, avant, répliqua Paul soudainement. Rien que nous deux. On fait une sacrée équipe, pas vrai ? Le combo ultime oncle neveu.

- Ouais, en effet, souriais-je. 

Des pas se firent entendre. Une présence était derrière nous. On se retourna en sursaut pour découvrir une Isha toujours aussi sérieuse et indifférente, tandis que Paul était hilare.

- Désolé de vous avoir fait peur, dit-elle en fonçant sur un sac de la table. Quand on aura retrouvé Ilona, on devra dire à tous ces gens de se mouiller un peu. Je vous retrouve à l'entrée. Elle repartit aussi vite qu'elle est arrivée. 

On sortit à notre tour dans le grand couloir. Isha avait déjà disparue. Une ombre arriva dans notre direction. Je pris Paul par le bras et l'emmena dans une pièce à gauche. La pièce était sombre, on n'y voyait rien. Paul restait derrière la porte pour écouter les pas qui suivirent. Ces derniers s'arrêtèrent pile devant la porte. Paul ouvrit soudainement la porte avec violence et se jeta sur l'homme. Ce dernier était beaucoup plus grand et fort que lui, il portait une barbe noire bien fournie, une casquette et des lunettes. Le cliché de l'hipster-geek. En quelques secondes, mon neveu était déjà maîtrisé au sol, un pistolet fixé sur sa tempe. Je me jeta sur l'homme, il délaissa son arme au sol, surpris. Mais sortit un couteau et l'enfonça dans mon épaule. Mon sang nous éclaboussa et la douleur me prit. J'hurla. Pris par l'adrénaline et la colère, je le poussa contre des casiers et cogna sa tête si violemment qu'elle se mit à saigner. Il était dans les vapes. Je m'écroula au sol et retira le couteau de mon épaule. 

- Pete... Tu saignes ! Est-ce... est-ce que tout va bien ? Paniqua Paul. Je pressa la plaie de toutes mes forces et respira lourdement en fermant les yeux. Oh merde.

- Ça va aller, dis-je dans une grande inspiration.

- Tu es sûr ? Je suis vraiment désolé ! Des larmes flottaient dans ses yeux bruns.

- Oui, ça va aller. Ne t'en fais pas. Il faut qu'on retourne voir les autres. Isha arriva en courant vers moi, sortit de nulle part.

- Bon sang ! Je ne peux pas vous laisser seuls deux minutes, hein ? Il est toujours en vie ? Demande-t-elle en regardant l'homme.

- Ouais. Juste évanoui, répondis-je.

- Je commence à me demander si c'était une bonne idée de m'associer à vous, soupira-t-elle en se penchant vers moi. Planquez notre belle au bois dormant dans le placard pour que personne ne le voie.

Paul et moi le tira par le col de son sweat jusqu'à la pièce où nous étions cachés. En ressortant, Isha s'approcha de ma blessure.

- Montre-moi ta blessure, dit-elle. Tu perds beaucoup de sang. Il va falloir qu'on s'en occupe rapidement.

- Merde, laissais-je échapper.

- Non, tout ira bien. Stewart et Zack sont de bons amis. On peut compter sur eux. L'infirmerie est juste à côté. Et il n'y aura personne à cette heure-ci.

- D'accord, mais dépêchons-nous.

Nos pas effleuraient le sol carrelé, répandant des traces de sang dans le long couloir. Après quelques minutes à rôder dans le bâtiment, nous arrivons à la sortie.

- Ils peuvent vraiment atteindre une cible à plus d'un kilomètre de distance ? Demanda Paul avec son regard ébahi. 

- Pas ceux-là, mais d'autres modèles peuvent, répondit Isha. Pete... Je me retourna en tenant mon épaule sanglante. Il vaudrait mieux que Stewart ne voie pas ses armes. Paul la regarda, intrigué. Zack et lui sont peut-être proches, mais il fait toujours partie du conseil à la tête de Richfield.

- Je vais monter la garde avec Isha, me dit Paul en la suivant jusqu'à la sortie. Il y en a avec des lasers ? 

Je pris la porte à ma droite et découvrit une toute nouvelle pièce. Blanche, ou plutôt jaunâtre. Toute carrelée, du sol aux murs. Cela ressemblait à une infirmerie. Quelques traces de sang, une table à roulette et... Le Dr. Stewart, affalé dans un siège, les yeux fermés, la peau presque bleue. Je commençais à me demander s'il n'était pas devenu un de ces monstres quand je vis Hayley, accroupis près d'une pharmacie.

- Hayley ? Elle se leva d'un bond, surprise.