8 - Faire fausse route

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Mon pied heurte une nouvelle fois une canette de soda traînant sur le sol, une douleur insupportable vient s'emparer de mon corps. Je pousse un soupir plaintif complètement lassé et m'accroche au premier lampadaire venu, afin de me reposer quelques secondes.

Une heure. Cela doit faire une heure que je gambade dans toute la ville à la recherche de cette foutue fraternité. J'ai eu beau inspecter chaque recoin de chaque rue, impossible de trouver la fraternité Alpha de la 86ème avenue.

— Excusez-moi, dis-je à l'attention d'une femme plutôt mure passant juste à coté de moi, Est-ce que vous sauriez où est la 86ème avenue ?

Je vérifie une énième  fois la note d'Ashley.

— Vous n'y êtes pas du tout ma jolie, cette avenue est à au moins vingt blocs d'ici.

Mes épaules s'affaissent, d'une traite. Super.

Devant mon air blasé, la femme m'adresse un sourire compatissant avant de reprendre son chemin. Me voilà donc une nouvelle fois paumée dans les rues urbaines de Manhattan, accrochée à mon lampadaire.

Je jette un autre coup d'œil à cette heure... tournant à une vitesse folle. Si je ne me speed pas maintenant je peux dire adieu à la soirée et donc... à la mission.

Je me masse une dernière fois la cheville et reprends ma route, direction une station de métro... introuvable. Je ne me suis jamais sentie aussi étrangère dans cette ville. 

Je continue de marcher à la recherche d'une quelconque solution, quand j'aperçois un gars au loin me rappelant... étrangement quelqu'un. Il porte un jean foncé noir suivi d'un tee-shirt colle V gris et d'une veste en cuir cloutée. Des lunettes de soleil style Ray Ban sont présentes sur son nez, comme s'il ne souhaitait pas être reconnu. L'inconnu se rapproche d'un 4x4 noir et glisse ses lunettes sur son crâne, de sorte que je le reconnais mécaniquement. C'est Ian. Décidément. L'univers tenterait-il de m'adresser un message ?

Une chose est sûre : j'aurai largement préféré qu'il s'agisse d'une autre personne. Mais je suis, à l'instant, si désespérée que j'en oublie complètement ma démarche désastreuse dû à ses foutues chaussures et accours dans sa direction.

— Ian ! crie-je à son attention.

Le dit "Ian" relève brusquement sa tête, et ses yeux confus croisent les miens. 

— Qu'est-ce que tu fout là ? me demande-t-il, tandis que j'arrive à sa hauteur.

Toujours aussi aimable dites-moi.

Je soupire bruyamment, passe une main lasse sur mon front, et je jurerai qu'un petit sourire moqueur vient tout juste de traverser ses lèvres. Ian Davis viendrait-il d'exprimer une once de sympathie envers moi ?

— Je... je me suis trompée de ligne de métro, et toi ?

— Ça ne te regarde pas.

Ah non, il est et restera bien le même. J'ignore sa froideur et lui demande, d'une voix me semblant complètement misérable :

— Tu peux m'emmener à la fête ? Je suis un peu paumée là...

Durant une poignée de secondes je crains qu'il ne me laisse là, perdue en pleine jungle new-yorkaise. Mais non. D'un geste rapide il ouvre la portière du passager, en expulsant tout de même un soupir. On ne le changera pas !

Je m'installe dans sa voiture et il démarre à mes côtés d'un son léger et puissant. Ce 4x4 parait très luxueux. Les sièges sont en cuirs blancs, il y a tous les équipements technologiques possibles. C'est étrange, physiquement il n'a pas l'air du garçon typiquement pleins aux as. Il est vêtu simplement, ses cheveux foncés sont en batailles et il porte la plupart du temps une barbe de 3 jours. Bien loin du style BCBG et classe des autres élèves de Columbia. 

PRISONERS | TerminéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant