PRISONERS | Terminé

24 - Jalousie

En médias : Crazy in love - Beyonce Feat JAY Z

* * *

Malgré la musique assourdissante, la voix de Lynna se fait parfaitement entendre. Au point que plusieurs personnes du club se mettent rapidement à me dévisager. Super. Vraiment super. Je me retourne et fais une nouvelle fois face au sourire déchiré de ma meilleure amie. Bien que la lenteur de mes gestes fassent preuve, une nouvelle fois, de ma mauvaise volonté, celle-ci reste de marbre, avec la même expression faciale : celle de la fille ayant beaucoup trop bu, et voulant être beaucoup trop aimable. 

— La voilà ! s'exclame-t-elle alors même que je m'approche du petit groupe.

Signe de nervosité, ma main se fraye un chemin parmi mes cheveux blonds parfaitement lissée, tandis que j'ignore volontairement le regard pesant de Ian. Peut-être que si je me concentre suffisamment, je pourrais sortir de cet endroit sans n'avoir commis aucunes erreurs. Et sans avoir aggravé ton cas ma grande... 

— Le monde est petit, prononce à son tours Elliot, visiblement étonné de ma présence. 

— Trop petit.

Est-ce mon imagination, ou ai-je vraiment dit ça à voix haute ? A l'entente du rire de Lynna, j'opterais plutôt pour la seconde solution. Bon sang, mon franc parlé revient au galop, signe que l'alcool commence peu à peu à me jouer des tours. 

Elliot aussi rigole, seul Ian reste silencieux. Pourquoi diable reste-il si silencieux ? Je sais qu'il n'est pas du genre très expressif, mais c'est moi qui est censée être gênée après la scène de la semaine dernière, pas l'inverse.

Parce que je suis alcoolisée et parce que c'est beaucoup trop tentant, je m'autorise à lever les yeux vers lui. Grave erreur. Les siens m'observent, attentivement, comme si j'étais une sorte d'énigme dont il avait hâte de déchiffrer. Mon regard reste scotché au siens, et une drôle de sensation se met soudainement à m'envahir de l'intérieur. Une sensation de chaleur, d'excitation, la même que j'avais ressentie lorsqu'il m'avait plaqué contre le mur il y a quelques jours, ou encore, lorsque nous étions seuls dans sa chambre et qu'il portait ses mains à mon visage. Mon dieu, je suis encore plus atteinte que je ne le pensais. Rouge de honte, je romps le contact en détournant mes yeux. 

— Vous vous connaissez toutes les deux ? reprend Elliot, un sourire aux lèvres.

— Evidemment que l'on se connait ! C'est ma meilleure amie !

Pour prouver son affirmation, Lynna passe son bras autour de mon cou, et ne trouve rien de mieux à faire que de secouer vivement mes cheveux. Génial, je devrais penser à lui faire la même chose quand elle est sobre, ce sera la crise de nerfs assurée. Tout en la fusillant du regard, je me détache de son emprise et tente un tant soit peu de redevenir présentable, ce qui n'a évidemment rien à voir avec la présence de Ian à nos côtés. 

Durant quelques minutes, Lynna est un vrai moulin à parole. Entre les anecdotes inintéressantes et les blagues beaucoup trop longues, il n'y a pas moyen d'en placer une ! Heureusement, Elliot rigole à chacune de ses plaisanteries, diminuant alors le sentiment de malaise planant sur notre petit groupe. Deux possibilités : soit il est doté d'un humour de merde, soit il vient tout juste de jeter son dévolu sur ma meilleure amie, ce qui est plus probable connaissant le personnage. 

Au moment où je pensais qu'elle ne pouvait plus faire pire, Lynna sort de sa poche un paquet de cigarette à peine entamé, puis lève les yeux vers son nouveau compagnon de soirée :

— Je vais au fumoir, ça te dit ?

Evidemment, Elliot accepte volontiers d'un grand sourire. Ce n'est pas vrai ! Je sais qu'elle tente tant bien que mal d'oublier cet enfoiré de Mathieu, mais est-elle sérieusement entrain de me laisser tomber pour Elliot ? Qui plus est, est avec Ian. Ian !