41 - Ne me quitte pas

4.5K 293 79
                                    

En média : Words - Skylar Grey

* * *

Mes yeux s'ouvrent progressivement, faisant face à l'obscurité de la pièce. Pourtant l'horloge en face de moi m'indique qu'il est plus de onze heures du matin, mais le temps n'est clairement pas aussi clément que ces deux derniers jours, je pourrais voir d'ici la pluie tomber à flot contre la voiture de Ian. Ian. Par automatisme, ma main part à la recherche de son corps sur le matelas, mais il n'y a rien. Que du vide.

Je sursaute de surprise quand je l'aperçois assis sur le fauteuil près de la fenêtre, les yeux rivés sur moi.

— Tu m'as fait peur, plaisante-je maladroitement, dans l'espoir d'alléger cette atmosphère étrangement pesante.

Il ne me répond pas, son regard reste planté sur ma silhouette, comme dans le vide. Je fronce des sourcils à la vue d'une cigarette entre ses doigts. J'avais cru comprendre qu'il fumait essentiellement quand il était énervé ou nerveux, or après la nuit que nous venons de passé, je ne vois pas ce qui pourrait le contrarier à ce point.

Mais si ce détail pouvait inquiéter mon pauvre esprit encore dans les vapes, la présence de ses valises à ses pieds me fait complètement paniquer. Mon cœur saute un battement quand je remarque en plus de cela qu'elles sont remplies et fermées, comme prêtes à partir. Oh non. Non non.

A présent totalement réveillée, je me lève du matelas et pose cette question qui me brûle les lèves, mais qui m'effraie également d'un point inimaginable :

— Qu'est-ce qui se passe ?

— Le père d'Elliot m'a appelé. Apparemment il se serait fait arrêter par les flics, on l'a même mis en garde à vue.

Mes yeux se ferment à l'entente de sa voix presque robotique.

Putain.

C'est tout ce qui me vient à l'esprit tandis que je réalise la situation dans laquelle je me trouve. Ça y est, c'est officiel : Elliot a été arrêté et Ian est au courant. Il n'y a plus de retours en arrière possible, c'est fini. Si Ian ne se trouvait pas en face de moi je suis certaine que je me serais effondrée sur place. Et maintenant ? Qu'est-ce que je fais maintenant ? Comment je m'en sors ?

Il y aurait peut-être fallu y penser avant de mélanger devoir et vie privée...

Je trésaille légèrement à la remémoration de la nuit dernière, à la façon dont il m'a embrassé et dont il a prononcé sa déclaration, avant de se faire vivement interrompre par les hôtes, à la façon dont il m'a prise et serrée dans ses bras avant que je ne m'endorme... Mais ce tressaillement n'est rien comparé à la détresse que provoque son accusation sur mon corps :

- T'as pas l'air surprise.

Mes yeux s'ouvrent soudainement et croisent les siens, incroyablement froids et sombres, à mille lieux de son expression faciale d'hier soir. Comme si il avait changé d'opinion sur moi, comme si il m'en voulait... Non, c'est pas possible, c'est tout simplement impossible.

La panique me fait perdre mes moyens, au point que j'en devienne totalement silencieuse, et au point que Ian semble perdre patience.

- C'est qui Dean ? Me crache t-il tandis que je suffoque à la vue de mon portable entre ses mains.

Ian me le lance sans un mot de plus et je le récupère in extremis, complètement déboussolée.

— T'as fouillé dans mon portable ?

Les mots ont du mal à sortir de ma bouche.

— Quand son père m'a appelé tout à l'heure, j'étais tellement en colère, choqué, que pour moi il était impossible de rester dans cette chambre d'hôtel à attendre que ça se passe. J'ai donc décidé qu'il était temps qu'on se casse, j'ai commencé à faire mes valises et puis... Et puis, reprend-t-il en se levant d'une traite, visiblement à bout, Il y avait ton portable là qui me cassait les couilles à ne faire que vibrer sur cette putain de table. J'y ai jeté un œil et... je pense que tu peux imaginer l'état dans lequel j'étais quand j'ai découvert qu'un mec harcelait ma copine depuis deux jours.

PRISONERS | TerminéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant