PRISONERS | Terminé

28 - Un jeu dangereux

En médias : High for this - The Weeknd

* * *

Je m'étais promise de ne plus revenir dans cette maison. Ou du moins, pas avant que tout ne soit au clair dans ma tête. Mais faut croire que je suis une agent plutôt indisciplinée ces temps-ci. 

— Tu veux boire quelque chose ? 

Le gars d'une vingtaine d'année en face de moi me considère tout sourire, une bouteille de vodka entre les mains. Waouh. Je ne suis arrivée que depuis cinq minutes et on m'aborde déjà ? Ils  sont à ce point là en manque dans cette fraternité ?

— Je te remercie, commence-je maladroitement face à son air insistant, Mais...

— Mais je vais prendre la relève James, tu peux disposer, m'interrompt Adam en passant un bras autour de mes épaules.

Devant son sourire ridiculement imposant, je me demande si je ne vais pas regretter ce "James" finalement... Il était plutôt éméché, mais au moins je m'en serais facilement débarrasser. Adam a beau être adorable, il en est encore plus insupportable. Il me fait presque penser à Lynna : en plein caprice avec un bon litre d'alcool dans le sang. Toutefois, ça aurait pu être pire. Oui, j'aurais pu tomber nez à nez avec Ian et raviver ce souvenir gênant d'hier soir. 

A qui essais-tu de faire avaler ça ? Tu n'attends que ça depuis des heures !

Conscience ? Ta gueule. 

— Waouh, t'es en mode bikeuse ce soir ! Tu veux que je te débarrasse de ta veste ? 

Un sourire narquois aux  lèvres, j'hoche négativement ma tête. Comme si porter une simple veste en cuir noir suivi d'un jean serré, suffisait à être habillée comme une bikeuse. Ces gens là, avec leur robes haute couture et leur montres à mille dollars,  vivent littéralement sur une autre planète. Ce qui est à la fois adorable et désespérant.

D'un geste brusque, Adam m'attrape par le cou et je manque de trébucher. Encore une fois, je me maudis intérieurement d'avoir cédé à la paire de Louboutin, alors que celle de basket m'attendait juste au pieds de mon lit. Mais bon, je suis en territoire ennemie alors j'imagine qu'un effort s'imposait.

Adam continue de me traîner tout le long du salon et je tente tant que mal de le suivre, en sautillant d'un pieds sur l'autre. Moi qui comptais passer inaperçu, et ainsi donc éviter une interminable partie de poker, c'est réussi. Quoi que, cela ne semble pas être le thème de la soirée : la table de jeux a été remplacée par un immense sapin, et la plupart des étudiants semblent plutôt occupés à discuter dans chaque recoin de cette fraternité, au lieu de parier de l'argent dans une ambiance enfumée. 

Malheureusement la cuisine ne faisant pas exception, Adam débarque en furie dans celle-ci, attirant ainsi tous les regards sur moi. Ai-je déjà dit qu'il était énervant ?

— Les gars, rouspète Adam, son corps toujours collé au miens, Cette baraque fait plus de trois cent m², vous n'en avez pas marre de toujours squatter le même endroit ? 

Face au reproche de mon acolyte du soir, plusieurs personnes (visiblement bourrées) ne tardent pas à déguerpir de la cuisine. Seules quelques unes se contentent d'ignorer Adam, dont Pitt, Avery et... bon sang. 

Pourquoi a-t-il fallu que je tourne la tête dans ce sens là ?! C'est Ian lui même qui m'a prévenu de cette soirée, alors il fallait bien que je m'attende à le croiser. Mais maintenant c'est terrible, je n'arrive plus à détacher mes yeux de lui. Plus rien n'existe autour de moi, plus personne, et oui, même Adam qui ne cesse de renforcer sa poigne autour de mon cou. Je dois l'observer depuis une bonne dizaine de secondes et je n'arrive toujours pas à savoir ce qui est le plus attirant chez lui : son tee-shirt blanc légèrement transparent, laissant apparaître son tatouage sur sa poitrine, ou sa façon d'être nonchalamment adossé contre le comptoir de la cuisine ?