26 - Presque sous contrôle

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FLASHBACK – 2 ANS ET DEMI AUPARAVANT – BROOKLYN

Mon mal de crâne ne cesse de s'accentuer, et je résiste à l'envie de frapper ma tête contre mon casier. Bon sang, c'est horrible. Je pensais que les nombreuses semaines d'initiation m'auraient aidé à supporter ce genre de substance, mais faut croire que mon petit corps ayant fraîchement fêté ces dix-sept ans n'est pas encore prêt à se confronter à la drogue d'Amsterdam.

Amsterdam. Je me demande comment un tocard comme Carter peut-il s'habiller comme un clodo et avoir, à coté de cela, des connaissances pouvant voyager jusqu'en Europe ? J'ai entendu dire que sa famille était riche, et qu'il aurait quitté Philadelphie à l'âge de quatorze ans  justement pour leur échapper. C'est un sacré phénomène, mais il est cool. Cinglé, coléreux et cynique, mais cool.

Les bras chargés de livres de cours, je m'apprête à fermer délicatement la porte de mon casier, quand celle-ci se referme brutalement avant même que je n'ai pu la toucher, accentuant alors mon horrible mal de crâne.

Si l'auteur de ce geste n'avait pas été Lynna, ma récréation se serait certainement terminée dans le bureau de la directrice.

— T'étais où ?

Sa voix est sèche, et l'expression de son visage sévère. Ce qui ne lui ressemble absolument pas. Les sourcils froncés, je continue ma route en direction de mon prochain cours, Lynna me suivant de près.

— Moi aussi je suis contente de te voir Catalyna.

Un sourire au coin, je me retourne vers elle. Elle déteste toujours qu'on l'appelle par son prénom en entier, mais quand il s'agit de moi, je sais qu'elle le prend à la rigolade. Du moins, c'est ce que je croyais. Son visage est toujours aussi fermé qu'il y a deux secondes, si ce n'est pire. Bordel, mais qu'est-ce qu'elle a ? J'étais totalement relaxée, et me voilà maintenant contrariée. Ça me soûle.

— Je peux savoir pourquoi tu fais la gueule ?

— Et moi je peux savoir où tu étais ces deux dernières heures ? On avait cours de math je te rappelle.

Je soupire, c'est donc pour ça.

— Oh ! J'étais avec Carter et quelques potes à lui, on a...

— Attend, m'interrompt-elle en attrapant mon bras, Carter comme... Carter Winston ? Tu veux dire, le Carter du foyer qui avait failli foutre le feu à l'établissement ? Depuis combien de temps tu traînes avec ce gars-là ?!

Le fameux incendie, je m'en rappelle comme si c'était hier. La directrice du foyer, Jones, était si en panique que ça en devenait carrément jouissif. Inconsciemment, cette image me fait sourire. Ce mec est vraiment taré.

— Plusieurs semaines enfaîte. Il est super cool.

— Oh, et je peux savoir ce que vous avez fait avec ce gars « super cool » pour que tu te mets soudainement à sécher ?

Sa voix est accusatrice, et ça m'agace. Pour qui se prend-t-elle au juste, ma mère ? Jones ? J'ai dix-sept ans merde, j'ai de compte à rendre à personne.

Sentant sa poigne autour de moi se renforcer, je libère mon bras d'un geste sec, puis reprends ma route. En faisant mon possible pour respirer calmement. Lynna et moi ne nous sommes jamais disputées, je n'ai pas envie que cela commence maintenant.

— On a fumé. Son pote Zack avait ramené de la drogue d'Amsterdam, ajoute-je à voix basse, tout en scrutant les alentours.

Il ne faudrait pas que ma petite confession tombe dans l'oreille d'un prof.

PRISONERS | TerminéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant