PRISONERS | Terminé

11 - Gueule de bois

TOC TOC TOC

Un son profond et dur me tire de mon sommeil. Je passe une main lasse contre mon front tandis que les toquements retentissent une nouvelle fois contre ma porte. Les rayons du soleil traversent mes rideaux bleu azur, plongeant ma chambre universitaire dans un jour digne d'une après midi d'été. Il doit être plus de midi.

Je me lève difficilement et me dirige vers la porte, en priant intérieurement qu'il ne s'agit pas là d'un des lourds présidents de l'association étudiante me prévenant d'une chose futile, du genre qu'il y ait une fuite d'eau dans les sanitaires.

Heureusement pour moi, c'est bien ma meilleure amie Lynna qui trône sur mon paillasson à l'entrée de ma chambre. 

— Ça ne t'arrive jamais de regarder ton portable ?

Je n'arrive pas à savoir si elle est énervée ou non, je retiens seulement sa voix forte qui ne cesse de résonner dans ma tête. J'ai un sacré mal de crâne. Ce n'était peut être pas une si bonne idée finalement de combiner alcool et drogue hier soir. D'autant plus qu'à cause de mon état, j'ai bien failli révéler toute mon histoire à Ian sous un coup de haine... Je n'ose imaginer la réaction de Dean en apprenant que j'ai pu commettre une erreur aussi grave.

— Est-ce que tu pourrais... parler un peu moins fort ? dis-je en essayant de paraître le moins mal au point possible.

— On a bien groové hier soir ?

— Pitié arrête de parler comme ça, on dirait Cameron !

Lynna rigole en s'asseyant sans gêne sur mon lit, en prenant tout de même bien soins à ne pas froisser sa jupe à fleur impeccablement repassée.

Je ferme la porte et récupère mon portable sur la table de nuit. En effet j'ai cinq messages et huit appelles manqués, tous de Lynna.

— Bon alors racontes, t'as une sacré gueule de déterrer.

Je lui jette un regard noir, je ne suis clairement pas d'humeur à écouter ces vannes. J'observe mon visage sur l'écran tactile de mon portable : j'ai des yeux bouffis, des grosses cernes et mes cheveux sont complètement en bordel. Bref, la tête d'une fille qui a passé une soirée bien arrosée. Soirée qui au final, s'est terminée en fiasco.

Je pousse un soupir plaintif et attrape mes cheveux afin de les former en un chignon désordonné. Je m'assis à ses cotés et celle-ci m'analyse durant plusieurs secondes.

— Ça c'est si mal passé que ça ?

— Disons que j'hésite à appeler Dean pour abandonner la mission...

Je tente un sourire tout sauf crédible, puisqu'il chute presque automatiquement. Un pli soucieux s'empare de son front, comme si elle ressentait toutes mes émotions. C'est comme ma sœur cette fille.

— Enfin non, j'exagère peut-être un peu. Mais ce Ian est tellement exécrable, tellement...

— Oula, pause Alex. Je ne comprends rien, m'arrête-t-elle, Ian ? Tu as trouvé celui que tu cherchais ? 

Durant quelques minutes, je lui raconte tout le déroulement de la soirée. De la drague avec Adam en passant par la partie de poker, de la consommation de joint jusqu'à l'engueulade dans la voiture. Absolument tout. Lynna ne cesse d'annoter mon récit par quelques uns de ces commentaires personnelles ce qui, je l'avoue, dédramatise un peu la situation. Et me détend.

— Enfin bref, ce type-là est la plus grosse enflure que je n'ai pas vu depuis bien longtemps, conclue-je, mon corps se laissant tomber sur ces coussins jaunâtres représentant le symbole de l'université.