27 - Bruits de couloir

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PDV IAN

Mon ventre gargouille de plus bel, et je soupire, tout en refermant la porte du réfrigérateur. Je suis crevé, j'ai la gueule de bois, ce n'est vraiment pas le moment pour me faire ce genre de vanne. 

— Hé les gars, lâche-je en passant ma tête dans l'ouverture de la porte, Elle est où ma pizza ?

Comme de bons adolescents de notre époque, mes chères colocataires gardent leurs yeux figés sur le match de foot se déroulant devant eux, pas le moins du monde intéressés par ma demande. Seul Adam semble se sentir concerné. Du haut de son fauteuil, celui ci essuie lentement sa bouche, tout en me soudoyant de ses yeux de biche. Putain

— C'était à toi ? me demande-t-il d'une petite voix, tendu.

Et dire que ce gamin va sur ses vingt ans...

— Adam, qu'est-ce que tu ne comprends pas dans "Ne pas toucher à l'étagère du haut, celle avec le prénom -Ian- inscrit sur l'étiquette " ? 

— Mais je n'y comprends rien à votre système là, il y a trop de prénom...

Sérieusement, il va vraiment me faire avaler ça ? Il se fout de ma gueule ou quoi ?

— Et... j'avais faim, conclut-il dans un murmure à peine audible.

Ah, nous y voila. Ce cinquième héritier de la maison Marshall va vraiment finir par me rendre taré. Heureusement pour lui, je suis trop fatigué pour engueuler qui que se soit. Je me contente donc d'attraper une bouteille de jus d'orange, et de m'étaler à mon tours sur un des canapés du salon. Après s'être totalement vidé de ses couleurs, Adam semble enfin reprendre son souffle, ce qui me fait sourire. Je sais qu'il est du genre un peu mauviette, mais il ne faut pas abusé. Je ne suis pas un monstre non plus, si ? 

— T'inquiète, on en a commandé des tonnes pour ce soir. Tu n'auras qu'à en réserver une, m'informe Pitt, tout en insérant je ne sais quel jeu de guerre dans le lecteur de la Xbox

— Ce soir ?

Je suis complètement flingué, j'ai un mal de tête pas possible, et encore un bon demi litre d'alcool dans le sang, ne me dites pas que ce soir est prévue une énième soirée universitaire ? Pour toute réponse, mes colocataires se retournent vers moi, un air évident plâtré sur leur visage. Bordel.

Ma tête retombe d'elle même contre le dossier du canapé, et je soupire. Peut être un peu trop lourdement, puisque le ricanement d'Adam ne tarde pas à atteindre mes oreilles. 

— Mec, tu vis dans une fraternité. Si tu voulais passer tes samedis soirs à lire, fallait prendre une chambre dans le dortoir de Columbia.

Je me tais, car je sais qu'il a raison. Depuis le temps je ne devrais même plus être étonné, c'est comme ça tous les weekend. Mais vu mon état, j'espérais qu'aujourd'hui fasse exception. 

— Et puis c'est les vacances la semaine prochaine, à partir de mercredi il n'y aura plus personne sur le campus. Si on veut faire une soirée, c'est ce soir ou jamais.

Putain, les vacances de Noel. Je l'ai avait complètement zappées. Est-ce que maman voudra que je rentre cette année ? Quelle question, évidemment qu'elle le voudra. Noël est sa fête préférée, je suis même persuadé qu'elle prépare le déroulement du repas depuis trois mois. 

Je n'ai clairement pas envie de rentrer sur les Hamptons, et de revoir la gueule de son psychopathe de mari. Mais j'ai encore moins envie de la rendre triste. Cela fait presque un an que je ne l'ai pas vu, je ne peux pas lui faire ça.

Super. Merci Adam d'avoir rajouté une autre merde à cette journée. 

— Qui est-ce que vous invitez ?

PRISONERS | TerminéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant