PRISONERS | Terminé

20 - "Le" Ian Davis

- Je n'en sais rien, Murmurai-je en avalant la dernière goutte de mon cappuccino, Théo James ?

Un goût horriblement sucré s'imprègne de ma bouche tandis que Lynna secoue négativement sa tête, geste accentuant davantage ma grimace. Cette fille va me rendre folle.

— Fais un effort, ce n'est pas si compliqué !

— Je donne ma langue au chat, lâche-je désespérément, tout en jetant un coup d'œil à la vie autour de moi.

Avec un peu de chance, une personne pleine de bonté d'âme pourrait venir me sauver de cette interminable partie de devinette. Mais pour cela, il suffirait qu'un des étudiants de ce café daigne lever sa tête du dernier Iphone, ce qui n'est pas gagné. La société dans laquelle nous vivons est franchement désespérante, j'en viens même à regretter le temps du foyer. Là où les téléphones portables étaient interdits au-delà de vingt heures et durant les repas. Là où j'étais donc obligée de faire la conversation avec Bryan Murphy, l'un des individus les plus répugnants que j'ai eu a connaitre dans ma vie... Finalement non. Après réflexion, il est bien difficile de regretter un lieu aussi pénible que le foyer de Brooklyn Est.

— Sérieusement Alex ! C'est toujours pareil, tu ne fais même pas l'effort de chercher ! s'écrit-elle avant de croiser les bras contre sa poitrine, comme le ferait une gamine de huit ans privée de dessert.

Waouh. Son professeur de théâtre doit vraiment être à tomber pour qu'une simple partie de devinette la met dans cet état.

— Quoi ? ne puis-je m'empêcher de pouffer devant sa moue adorable, Je suis désolée mais ta question est super dure ! Comment ton prof pourrait être aussi sexy que Théo James, Douglas Both ou encore Liam Hemsworth ?

— Et si je te dis qu'il ressemble comme deux gouttes d'eau à Ryan Gosling ?

Tandis que ma copine s'esclaffe sur sa chaise, mes yeux sortent littéralement de leurs orbites. 

Bon, c'est vrai que les relations amoureuses et tout ce qui s'en approchent n'ont jamais été mon délire. Il n'empêche que je reste une fille de dix-neuf ans. Avec des yeux. Et oui, il se pourrait que j'ai un fantasme particulier pour les beau bruns ténébreux. Fantasme que j'échangerai, cependant, volontiers pour un Ryan Gosling en chair et en os. Ce gars est une merveille descendue du ciel. J'en suis vraisemblablement folle depuis mon adolescence. Evidemment, cette fameuse scène torse nu du film « Crazy Stupid Love » y est pour beaucoup.

Lynna sourit malicieusement, visiblement fière de sa petite bombe.

— Tu es sérieuse ? Et ce n'est que maintenant que tu me l'annonces !

— C'est-à-dire que je voulais avoir ta bénédiction avant de l'inviter la semaine prochaine pour mon anniversaire. Une petite soirée en boite, ça peut être sympa non ?

Mon sourire chute, face à celui de Lynna qui ne cesse de s'accentuer. Evidemment, j'aurais dû me douter que ce soudain sosie tombé du ciel n'était pas un hasard. Cela fait des mois que Lynna tente de me traîner dans une de ces boites de nuit miteuses de Brooklyn. Des mois que je refuse. Pourtant il y a encore quatre ans, j'aurais surement sauté sur l'occasion de faire la fête dans ces lieux où règne la musique et l'alcool. La danse a toujours été l'une de mes plus grandes passions, mais quand Lynna a quitté le foyer, je n'avais plus cœur à pratiquer. Jusqu'au jour où j'ai carrément arrêté de former ne serait-ce qu'une arabesque. A quoi bon avoir des rêves, quand tu ne cesses de dégringoler au fond du trou...

Devant mon refus évidant, Lynna tente de me soudoyer de ses yeux larmoyants, et je me retiens de lui balancer ma tasse en pleine figure. Quel cinéma. Je parie même que cette copie de mon idole de jeunesse n'existe pas, ou du moins, qu'elle possède bien moins de valeur que l'original.