PRISONERS | Terminé

34 - I want you

En média : My heart will go on - Céline Dion (piano cover)

* * *

Sa main est toujours sur ma cuisse lorsque j'approche, pour la énième fois, la bouteille de bière de mes lèvres. Un liquide amer et fort s'infiltre dans ma bouche, et je ne peux m'empêcher de réprimer une grimasse. C'est ce qu'on pourrait appeler le verre de trop.

— Vos bières sont dégueulasses, déclare-je d'un ton lasse, tout en fixant intensément l'étiquette portant le nom de la bouteille.

— Ah oui ? C'est pour ça que tu vides notre stock depuis une heure ?

Je me retiens de lui balancer une remarque du style « Ah parce que tu m'observes depuis tout ce temps ? » et avale une autre gorgée, pour certainement la centième fois de la soirée. Oui c'est dégueulasse, mais une fois qu'on s'est habitué au goût ça passe.

J'en connais une qui va souffrir à son réveil...

— De toute façon il n'y a que ça à faire dans vos soirées pour vieux riches, en quête d'un nouveau zéro sur leur compte en banque.

— Ok donc visiblement tu ne fais pas partie de ce monde, mon instinct ne m'avait pas trompé.

J'ignore son accusation, trop occupée à fixer ses cheveux blonds valsés dans tous les sens à cause du vent. Ce visage m'est beaucoup trop inconnu, c'est étrange. Suspicieuse, je penche ma tête en arrière afin d'avaler la dernière goutte de ma bouteille, et le regarde à nouveau, les yeux plissés.

— J'ignorais que le célèbre David Blake avait un fils...

Pour ma pauvre personne complètement bourrée, ce mystère mérite d'être élucidé.

— Et il y a encore sept ans, il l'ignorait tout comme toi. David a rencontré ma mère il y a vingt et un an dans un club de Boston, une simple histoire sans lendemain qui a donnée suite à ma naissance, et celle-ci a attendue que je sois « ingérable » pour lui faire part de la nouvelle. Je ne lui en veux pas de m'avoir caché mes origines, enfaîte ce changement de vie nous arrangeait tous les deux. Vivre avec une femme bossant dix heures par jour dans un T3 pourri de Philadelphie, ou dans une somptueuse baraque avec un milliardaire, le choix a été vite fait lors de ma majorité.

Et il semble presque fière de sa petite explication. Ce demi-sourire permanent présent sur ses lèvres est vraiment insupportable.

— Mais passons, ce n'est pas le sujet ! J'aimerais savoir une chose... d'où viens-tu Alexia Rhodes ? me demande-t-il en ancrant son regard dans le miens.

— Qu'est-ce que ça peut te foutre ?

Ma réponse le fait rire, encore une fois.

— J'aime savoir qui s'incruste sous mon toit. Et puis Ian est mon demi frère, ses fréquentations sont importantes pour moi. Je ne voudrais pas qu'il se fasse avoir par une femme malhonnête.

Son semblant d'inquiétude semble aussi faux que son sourire. Mais je suis bien trop dans les vapes pour en prendre compte. De toute façon, Austin a l'air aussi détraqué que moi, alors à quoi bon mentir ? Je fixe une dernière fois le bleu azur de la piscine, avant de me retourner vers lui.

— Brooklyn.

Son sourire s'agrandit.

— Je l'aurais parié.

— Ah oui ?

— Ouais, lâche-t-il en avalant une gorgée de son verre, m'ayant tout l'air d'être du Scotch, C'est un coin qui m'est bien connu, j'y ai pas mal de fréquentation.