Partie 5

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Sophie

Je suis déjà en retard, ce n'est que ma troisième heure de cours et mon planning est déjà amputé d'un quart d'heure. Ce midi, je vais devoir manger mon sandwich en faisant cours. Je me dépêche pour arriver aux écuries poneys afin d'aider les cavaliers à préparer leurs montures. A peine arrivée, je les vois à cheval dans la carrière. Mon dieu, qu'est que c'est que ce bordel ! La situation pourrait vite dégénérer et en cas d'accident, oh mon dieu, je préfère ne pas y penser.

- Descendez, descendez tous maintenant.

Je hurle en courant vers la carrière. Les gosses me regardent avec effroi et hésitent visiblement à m'obéir.

- Maintenant, criai-je plus for .en courant vers eux

- Non, lance une voix bien plus puissante que la mienne. On continue l'exercice. A ton tour, Candice. Tu vises bien les cônes.

Je m'arrête en pleine course pour voir Vincent sur le bord de la carrière. Lola est assisse sur une chaise, juste derrière lui. Il y a un slalom en cônes orange de chantier sur lequel Candice fait virevolter son poney. Je m'approche des deux adultes, complètement abasourdie.

- C'est quoi ce BORDEL ?

- Oh pas bien, lance Lola hilare. Va falloir que tu mettes de l'argent dans la boîte.

- Arrête tes conneries Lola, il se passe quoi ici !

- Hop deux euros, me répond t'elle en souriant. Comme tu vois Vincent fait cours à ma place. C'est lui notre nouveau moniteur poney.

Vincent m'ignore complètement et continue à donner des instructions aux enfants alors que mon amie semble se délecter de cette situation absurde.

- NON, sors de cette carrière, de MA carrière, IMMEDIATEMENT.

Je suis furieuse, je m'apprête même à monter sur la barrière pour aller chercher ce fils de pute.

- Ce n'est pas ta carrière, me glisse froidement Vincent. C'est ta mère qui m'a demandé ce service, que je lui rends avec plaisir. Alors maintenant tu arrêtes ta crise d'hystérie car tu effrayes tous les enfants. Y'en a au moins trois qui sont à deux doigts de pleurer.

Effectivement, ils ont tous stoppé leurs montures et me regardent avec peur. Cette contestation douche immédiatement ma colère.

- Mais tu ne peux pas, tu es cavalier international et pas ...

- Et si je suis moniteur aussi. Alors je peux finir mon cours ou tu as d'autres questions ?

- A vrai dire, j'ai une autre question. Pourquoi tu as les oreilles de lapin de l'enterrement de vie de jeune fille de Lola sur la tête ?

Lola hurle de rire et je vois les enfants commencer à se détendre.

- Mais tu m'as dit que tu les mettais tout le temps, réplique Vincent en pointant Lola du doigt.

Le fou rire de mon amie est telle que les enfants finissent eux aussi par rire même s'ils ignorent pourquoi. Vincent lui jette les oreilles de lapin aux pieds de Lola en demandant aux enfants de reprendre l'exercice. Malgré moi, un sourire commence à poindre sur mon visage car mon amie rit tellement qu'elle est en train de tomber de sa chaise

- T'inquiète, me glisse Lola ,entre deux éclats de rire j'ai pris des photos. Je compte les agrandir et en faire un poster.

Je me laisse choir au sol à côté d'elle. Ma colère subite m'a vidé de toutes mes forces et je trouve mon comportement parfaitement irrationnel. J'ai vraiment honte d'avoir effrayé les enfants. Vincent, très pro, continue son cours. Il a même fait l'effort de raser sa petite barbe de trois jours ce matin. Je ne l'imaginais pas du tout dans ce rôle mais il a l'air de s'y investir.

Le pied à l'étrierOù les histoires vivent. Découvrez maintenant