Partie 15

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# Petit aparté, vous vous apercevrez d'ici quelques secondes que je me suis permis une liberté éditoriale. Au lieu que votre récit suive l'ordre établi depuis le début c'est à dire point de vue de Sophie puis celui de Vincent, j'ai inversé. Vous commencerez par Vincent puis Sophie. Bonne lecture. Par contre, j'ai pas eu le temps de faire la correction donc désolée pour les multiples fautes.#

Vincent

Lorsqu'on arrive au Palexpo, le stress a fait place à autre chose. Une chose que je n'avais pas ressenti depuis longtemps : la concentration. Je tiens la main de Sophie en traversant le hall en me contentant de saluer de la tête mes connaissances. Je reste dans ma bulle. Magnifique nous accueille par un hennissement joyeux et je me rends compte que moi aussi je suis content de le voir. Sophie s'occupe de natter les crins de l'étalon tandis que je le prépare. Par habitude, je procède toujours dans le même ordre ainsi c'est comme des petits rituels entre Magnifique et moi. Une fois, le filet sur sa tête nous sommes prêts. Sophie nous accompagne jusqu'au paddock. Les derniers cavaliers de l'épreuve précédant le grand prix terminent leurs détentes mais il y a aussi quelques cavaliers de mon épreuve qui échauffent leurs montures. Je fais abstraction de toute cette agitation et je sens Magnifique parfaitement calme sous moi. Comme d'habitude, Sophie avait raison tant que je reste calme, concentré, l'étalon fait de même. L'épreuve précédente se termine et les hommes de piste sont en train de « construire » notre parcours. La tension monte autour de nous. L'enjeu est grand pour les cinquante cavaliers inscrits. Tous les cavaliers ont sorti leurs chevaux de tête. Magnifique et moi sommes face à la crème de la crème. La détente se passe bien, le cheval est bien concentré, il saute bien. J'attends de voir le parcours mais on est dans les meilleures conditions possibles pour aborder l'épreuve. La cloche sonne annonçant l'ouverture de la reconnaissance. Sophie vient s'occuper de Magnifique, elle le marchera au pas pour éviter que ses muscles refroidissent. Le début du parcours est plutôt facile, les obstacles restent tout de même imposants. Pas de complications jusqu'au numéro 8, une palanque à partir de là tout s'enchaînera très vite : le triple Rolex, demi-tour, le mur puis oxer sur bidet avant d'entrer sur le double à une foulée : oxer puis vertical avant de sauter le n°13, un vertical blanc et vert et enfin le 14, un oxer monstrueux avec des buissons. Pour être bien classé, il faut que je ne commette aucune erreur et que je ne dépasse le temps imparti qui est de 76 secondes soit 1m16 pour parcourir 470 mètres. Rien n'est venu briser ma concentration, j'ai fait ma reconnaissance seul. Je rejoins Sophie et Magnifique, comme elle me comprend parfaitement elle ne me demande rien et se contente de m'embrasser sur la joue avant que je me mette en selle.

Je finis d'échauffer Magnifique et le premier cavalier part sur la piste alors que tous se précipitent pour voir son parcours, je me tiens en retrait. J'ai peur de me déconcentrer en observant ce premier parcours. Néanmoins je me rapproche de Sophie qui est à la barrière :

- J'aimerais que tu rejoignes ta place.

Je vois ses yeux se troubler mais elle ne me demande rien et après une dernière caresse à Magnifique, elle part en direction des gradins. J'ai besoin de savoir où la trouver lors de mon entrée en piste. Le n°1 a fait une barre, soit 4 points sur le numéro b du triple. Le numéro 2 part à son tour et je garde Magnifique au pas en lui faisant faire quelques exercices d'assouplissement. Mon esprit reste focalisé sur le parcours, j'essaye de visualiser chaque obstacle, chaque tournée, chaque foulée, chaque trajectoire et au final, mon tour arrive. J'élance Magnifique sur la piste sous les hourras des spectateurs et je la cherche du regard, je l'aperçois. Je regarde les écrans géants pour constater qu'ils sont bien braqués sur moi. J'arrête Magnifique et lâche mes rênes. Un grand silence tombe sur le Palexpo. Je me montre du doigt « Je » puis je montre Sophie du doigt « te » avant de faire deux cercles avec mes index et mes pouces que j'entrelace ensemble « promets ». Je ne peux pas voir ses yeux d'aussi loin mais je vois son geste de la main qui essuie ses yeux. Je récupère mes rênes et remets Magnifique au galop tandis que la cloche sonne. Maintenant, je n'entends plus que les sabots de Magnifique martelant le sol et mon souffle. Je passe la ligne de départ et à partir de là, on doit donner notre maximum pour ne pas la décevoir, pour ne pas les décevoir. On franchit le vertical n°1 puis on continue en ligne droite pour sauter l'oxer n°2 ; je garde Magnifique dans un train rythmé mais pas poussé. Ces deux premiers obstacles ne présentent aucune difficulté pour l'étalon. Un large tournant avant d'arriver sur le 3, un double composé de deux verticaux avec deux foulées les séparant. Je laisse Magnifique prendre un peu plus de rythme pour franchir le numéro 4, un oxer puis le 5, un vertical. Tournant large le long du bosquet à gauche pour passer le numéro 6, un vertical puis le 7, un oxer sans varier le rythme. Le cheval est à l'écoute et je sens qu'il n'a même pas puisé dans ses réserves pour effectuer les sauts mais c'est à partir de maintenant qu'il faut tout donner. Comme si je venais d'allumer un bâton de dynamite, je laisse Magnifique accélérer. Il réagit immédiatement, poussant avec force sur ses postérieurs. Il s'envole au-dessus du 8, la palanque et aborde dans avec la même force le triple. Je me redresse à l'abord du premier et Magnifique se redresse lui aussi en réponse avant de s'envoler au-dessus du a, une foulée, le b, deux foulées, le c mais je regarde déjà l'obstacle n°10. Ainsi à la réception, Magnifique s'oriente déjà dans la bonne direction et je dois juste le reprendre un peu pour sauter le mur. De lui-même, il reprend son galop pour survoler l'oxer sur bidet. A l'abord du double, je me rassois fort car l'oxer en a est l'un des plus imposants du parcours mais l'étalon alezan me prend de court en décidant lui-même de la foulée. Il est parti une foulée avant celle que je voulais et j'ai peur qu'on soit court, très court pour arriver à sauter le b mais je me trompe car Magnifique s'en sort parfaitement sans même faire bouger une barre. Je souris, je ne peux m'en empêcher, ce cheval est merveilleux. On franchit les 13 et 14 dans le même état d'esprit et je boucle notre tour le sourire aux lèvres. Je le gratte entre les oreilles et le félicite avant de me retourner vers Sophie qui debout dans les tribunes nous applaudit. Je me pointe du doigt puis la pointe et forme un cœur avec mes deux mains sous les hourras du public. Mon temps est de 41 secondes. Je suis pour l'instant premier mais je ne suis que le 3ème concurrent à passer et de toute manière, il y a une deuxième manche. Je ramène Magnifique à son box, je lui enlève son filet puis sa selle avant que je sente deux bras m'enserrer.

Le pied à l'étrierOù les histoires vivent. Découvrez maintenant