Partie 8

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Sophie

Bien évidemment que je sais que mon comportement est puéril mais je ne peux m'en empêcher. Pourquoi Vincent parle à son ex ? J'étais venue lui dire qu'il faisait la une de Jumping magazine. Secrètement, je suis plutôt contente que la nouvelle ait été rendue publique car avec les ados du centre qui tweetent des photos de Vincent tous les jours, il était évident que le secret n'allait plus tenir longtemps. Mais trouver Vincent en train de programmer un dîner samedi soir avec son ex la magnifique princesse suédoise, je ne m'y attendais pas. En fait, je ne m'attendais surtout pas à la douleur que j'ai ressenti. Je crois qu'en prenant soin de Vincent, j'ai replongé dans mon amourette d'enfance car peu à peu, je retrouve le Vincent d'avant. Hier, lorsqu'il tenait Elisa tout contre lui, j'ai eu un coup au cœur. Si on n'avait pas foiré tous les deux il y a quinze ans, ça aurait pu être nous. Actuellement, on aurait pu être une famille. J'ai réalisé à cet instant que la haine, la colère et le ressentiment que j'éprouvais envers lui s'estompaient. Tranquillement, ils étaient remplacés par d'autres sentiments tout aussi complexes. J'aimais passer du temps avec lui, j'aimais prendre soin de lui et j'aimais même m'inquiéter pour lui. Je devrais faire le point et calmement enliser la situation, je suis toujours et désespérément amoureuse de Vincent. Mais je n'ai jamais exprimé ses sentiments car en réalité, j'aimerais ne pas les ressentir. De plus, je ne devrais pas lui en vouloir de ne pas ressentir la même chose à mon égard. Il est adulte et même si je l'aide, il a parfaitement le droit de fréquenter des filles. Mais ma raison perd lamentablement face à mon cœur qui me hurle que c'est moi, juste moi qu'il devrait aimer. Après tout, dans son coma éthylique, il m'a dit : « Sophie, je ne voulais pas te faire du mal tu sais. Tu étais ce qui compter le plus pour moi dans cette vie de merde et je ne veux plus que tu me détestes » et aussi « Non, reste avec moi Sophie, ne me laisse plus parce que depuis que t'es plus là, ça ne va pas ». Je sais bien que c'était des paroles d'ivrogne mais j'aurais tellement aimé qu'elles soient vraies.

A cause de l'absence de Vincent, j'ai une matinée chargée et peu de temps pour ressasser ses idées mais à midi, c'est une autre histoire. Lola, qui a du flair, pour savoir quand je broie du noir me rejoint sur la carrière poney à l'issue de mon dernier cours de la matinée.

La petite brune commence à détester ses béquilles, elle les a même surnommés: enfer et damnation.

- Je ne te vois plus depuis que tu joues les infirmières, s'exclame-t-elle. Comment va le malade ?

- Mieux, tellement mieux qu'il appelle son ex.

Je ressens tellement de colère à cet instant qu'il faut que ça sorte. Lola me scrute avec les sourcils relevés et un petit sourire sournois :

- Et pourquoi ça te met en colère ?

Cette fois c'est moi qui la dévisage mais la chipie ne baisse pas les yeux et continue à sourire.

- Mais tu sais bien pourquoi !

Lola secoue la tête :

- Non, non, je ne vais pas te lâcher. Pourquoi ça te contrarie que le mec que tu hais depuis plusieurs années renoue avec son ex ?

Je vois parfaitement où Lola veut m'emmener mais je ne suis pas prête à prendre ce chemin.

- Visiblement, elle ne l'a pas aidé à soigner son alcoolisme et là, après même pas une semaine de sevrage, il veut aller dîner avec elle.

Mon amie lève les yeux au ciel.

- Franchement ?

- Oui, franchement, la défiai-je.

Son sourire s'agrandit :

- Quand tu seras prête à avouer que Vincent Vanderberg te fait encore un effet dingue, je serais là pour en parler mais tant que tu te contentes d'être son infirmière aigrie, ça sera sans moi.

Le pied à l'étrierOù les histoires vivent. Découvrez maintenant