♪ Michael Jackson - Streetwalker ♪
Anaïs passa son dimanche planquée chez elle. Chaque fois qu'elle voyait son reflet dans la glace, elle avait envie de pleurer et même le King de la pop ne parvenait pas à lui remonter le moral.
La jeune femme tenait cette chevelure bouclée de sa mère et c'était celle qu'elle avait l'impression de voir dans le miroir, la tenue de juge en moins évidemment.
L'étudiante avait des envies de meurtre envers Patricia la peste et bien que cela n'était pas très jojo, elle devait reconnaître que ce n'était pas la première fois que ça lui arrivait. La première fois, cela avait été quand la jeune femme avait débité une tonne de méchancetés à ce connard qui lui avait servi de copain. Ce jour-là, elle avait fait fort. Elle avait carrément explosé son quota mais le concerné l'avait plus que mérité. En plus de la prendre pour une imbécile, il n'avait même pas eu les couilles de reconnaître ses actes... Avec du recul, Anaïs se disait d'ailleurs que c'était ce qui l'avait mise le plus en rogne.
C'était pour cette raison que le soir même de sa rupture, elle avait souhaité tout oublier. Seulement elle n'avait pas prévu que la suite soit si catastrophique.
Si encore elle s'était souvenu de sa nuit, même si cela aurait tout de même gênant... Peut-être aurait-elle pris tout cela différemment ? Mais là, c'était le vide, le néant complet et c'était plus qu'angoissant. Des fois, elle se disait qu'elle aurait dû demander des comptes à son voisin. Mais désormais qu'un mois était passé, Anaïs ne savait plus vraiment comment aborder le sujet sans que cela ne devienne désagréable.
La jeune femme avait raté le moment et chaque jour qui passait ne faisait qu'agrandir le fossé qui se creusait entre les deux rives. Vouloir des réponses à ses interrogations était trop compliqué désormais.
***
Quand, après avoir écouté plusieurs morceaux pop, la jeune femme posa les pieds sur la chaise de son petit salon de jardin qu'elle avait disposé depuis l'été dernier sur sa minuscule terrasse afin de pouvoir faire la bronzette chez elle, un bon roman d'amour à la main, elle se dévissa presque le cou pour voir son voisin. Bien évidemment, il ne faisait pas aussi beau qu'en août mais le soleil qui illuminait le ciel réchauffait un peu l'atmosphère, même si Anaïs s'était tout de même couverte de son écharpe châle.
Comme chaque dimanche matin depuis son arrivée à la résidence, Clément portait son vieux jogging tout moche. Qui remonte la fermeture éclaire jusqu'en haut ? Qui garde une veste pareille pendant son footing tout simplement, si ce n'est un beauf ? se moqua Anaïs en secouant la tête de droite à gauche. Il ne lui manquait plus que la paille à la bouche et le chapeau sur la tête pour être la mauvaise langue par excellence et ce fut en prenant conscience de ce constat qu'elle roula des yeux. Il lui arrivait assez souvent de se décevoir. Mais ça, c'était bien sûr quelque chose qui arrivait à tout le monde, non ?
Clément, son gros casque bleu sur les oreilles, semblait coupé du monde et arriva au portail en quelques foulées seulement. Il avait beau ne pas dépasser le mètre soixante-quinze, ses enjambées étaient plutôt grandes... Le jeune homme salua d'un signe de tête un couple qui sortait de la voiture. C'était les voisins du deuxième étage. Anaïs ne les avait pas croisés souvent mais de ce qu'elle avait pu voir, les deux amoureux semblaient vraiment être heureux. Tout dans leurs comportements le prouvait en tout cas. Mais l'étudiante n'excluait tout de même pas la possibilité que son évaluation soit biaisée voir totalement fausse. Après tout, nous ne le disions pas assez souvent : « l'erreur est humaine ».
Après cette petite conclusion, Anaïs décida de reporter son attention sur son voisin indésirable. Il trottinait désormais sur place et remuait les bras en attendant que la rue se libère pour traverser. La jeune femme le trouva ridicule ainsi. On aurait dit un pantin ou un dérangé mental. Mais de ce qu'elle avait pu observer, Clément ne semblait pas vraiment se soucier du regard des autres. Bien qu'elle pensait, au plus profond d'elle, que c'était probablement la meilleure des attitudes à avoir, pour être heureux et non parasité, l'étudiante ne put s'empêcher de dire que le joggeur se donnait en spectacle.
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Le syndrome des Dumas 1 - Anaïs et l'aimant à ennuis (Terminée)
ChickLitAnaïs, vingt ans et étudiante en troisième année de psychologie, a ce qu'elle appelle « le syndrome de l'aimant à ennuis ». En plus de devoir supporter des parents disjonctés, une sœur parfaite source de son complexe d'infériorité, une voisine se p...