Le look à la Einstein, c'est trop sexy

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♪ Michael Jackson - Leave me alone ♪

Jeudi matin, installée dans l'angle de la salle du cours de clinique, Anaïs réfléchissait (ou se creusait les méninges plutôt) pour décrypter le langage codé des professeurs. Une chose était certaine, cela lui permettait de ne plus laisser son cerveau se pencher vers Guillaume et surtout ça donnait du repos à son cœur, encore meurtri. Sourire alors qu'elle n'était pas bien devenait trop difficile... Heureusement, grâce à son cours qui accaparait ses pensées, elle pouvait désormais échapper à cette mascarade ridicule.

Seulement tout n'était pas tout rose pour autant. Et pour dire, Anaïs avait l'impression que sa tête fumait tellement elle la faisait fonctionner. C'est dingue, les étudiants devraient être rémunérés pour faire à ce point travailler leurs neurones, se dit-elle. Ah mais... n'était-ce pas déjà le cas, du moins pour les boursiers ? Puis, n'était-ce pas pour eux avant tout qu'ils étudiaient ? Pauvre cadette Dumas, à trop fuser, elle finissait par raconter n'importe quoi...

— Je ne sais pas pour toi mais je galère à trouver mon stage. J'ai déjà fait le tour des instituts de beauté et à chaque fois c'est la même histoire. Ils ne prennent pas de stagiaire en psycho. Je crois qu'on leur fait peur. Genre, ils craignent que l'on interprète tous leurs faits et gestes ! C'est vrai que vu comme ça, ça craint...

Anaïs regarda Amélie puis soupira, bien que ce soit discrètement. Ce qui la préoccupait elle, c'était de trouver un institut où faire son stage alors que les consignes concernant ce dernier leur avaient été données une semaine auparavant seulement. Son amie se mettait la pression pour rien !

Ce qui tracassait la châtaine par contre, c'était de devoir monter un dossier collectif en développement. Anaïs avait horreur de ça car il y en avait toujours un qui bossait plus que l'autre, qui s'impliquait plus. Puis les avis divergeaient, chose plutôt normale, mais quand on devait faire un dossier à plusieurs et que chacun avait sa propre vision des choses, ce n'était pas facile. Tout le monde prenait part d'une position de la discipline et très souvent, il ne s'agissait pas de la même.

Heureusement qu'il s'agissait du cours de développement et non pas de celui de clinique ou de social... Cela aurait été du pur suicide sinon parce que si la sociale était difficile, la clinique elle, était alliée à la psychopathologie et qu'il s'agissait de deux façons de penser totalement distinctes. De quoi faire perdre la tête !

— Où vas-tu faire ton stage ? Et comment vas-tu faire d'ailleurs avec ton boulot ?

Apparemment Amélie était toujours obnubilée par son UE...

— Je vais essayer de le faire dans une boulangerie ou un truc proche de chez moi. Comme ça peut-être qu'avec un peu d'organisation, je pourrais garder mon job.

— Mais tu n'auras plus de vie Anaïs !

Je sais, songea la concernée dans un profond soupir. Seulement la jeune femme avait besoin de sous et ne pouvait pas arrêter de travailler. Elle n'était pas comme son amie qui se faisait recouvrir le compte toutes les semaines.

Personne ne s'en cachait, ce stage de troisième année était une vraie merde : obligatoire, non compensable et non professionnalisant. Soixante-quinze heures d'observation et ce, avec interdiction d'interpréter ou d'analyser quoi que ce soit. Soixante-quinze heures de boulot qui seraient sucrées à Anaïs. Soixante-cinq heures de SMIC en moins, soixante-quinze multiplié par neuf euros quatre-vingt douze, voyons voir, ça faisait... Bref, ça faisait beaucoup d'argent en moins !

L'étudiante souffla d'un air dépité puis tourna la tête vers la fenêtre. Aussitôt, celle-ci se figea. Était-ce une plaisanterie ? Il pleuvait ! Anaïs avait passé un temps monstre ce matin à se lisser les cheveux et il pleuvait ! Évidemment, elle n'avait pas pris de parapluie, comme une parfaite idiote. La jeune femme n'avait pas de capuche non plus. Elle allait ressembler à un chou fleur avant la fin de la journée, c'était désormais certain...

Le syndrome des Dumas 1 - Anaïs et l'aimant à ennuis (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant