16 - Une marmelade d'insultes

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♪ The Jackson 5 - Torture ♪

— Allez allez, du nerf ! s'exclame l'homme à la caisse.

Son sourire, complètement débile, achève d'irriter Anaïs. Il y a désormais deux jours, la jeune femme a découvert qu'elle a eu un malheureux 5/20 en psychologie sociale. Comme elle avait dit, elle s'est foiré. Bonjour les rattrapages et les complications...

L'étudiante soupire et passe un nouvel article. Le client actuel semble monté sur du deux cent vingt volts. Qu'est-ce qu'elle a horreur de ça...

— Chéri, tu me passes ton concombre ? demande celui qui l'accompagne.

Il y a longtemps qu'Anaïs a compris que les deux hommes n'étaient pas homosexuels mais faisaient cela pour voir sa réaction. Ils la fixaient depuis leur arrivée à la caisse, alors que deux clients attendaient avant eux.

— Ah ça ne va pas le faire. On ne va pas prendre cette cote de boeuf mademoiselle, vous l'avez complètement retournée avec votre machine ! s'exclame l'autre.

Et voilà qu'ils pouffent de rire parce la malheureusement Anaïs vient de regarder l'article en question.

Quel bande d'abrutis, songe-t-elle en récupérant le billet de cinquante euros que le plus clair vient de lui donner. Cinquante euros pour huit petits euros trente-et-un... Après leur passage, la jeune femme n'aura pratiquement plus de monnaie puisque tous les clients depuis ce matin semblent abonnés aux billets de cinquante voire cent ! Il y a une semaine de cela, elle a même eu le droit à un de cinq cents. Le problème, c'est qu'elle n'avait pas de quoi lui donner le rendu... Il lui a alors fallu appeler une supérieure qui est allée se servir dans le coffre. Bref, cela a amené des complications.

— Au revoir.

Elle ne leur souhaite pas une bonne journée. Ils ne le méritent pas, pas après l'avoir fixée comme ils l'ont fait, pas après s'être moqué de l'homosexualité, et tout simplement car désormais Anaïs est énervée.

— Au revoir ma jolie.

Décidément, c'est dur de rester silencieuse et souriante dans ce genre de situation...

— Ah ce n'est pas un métier facile que vous faites jeune fille, souffle un vieil homme.

— Bonjour monsieur.

— Bonjour... Anaïs, lit-il sur son blazer.

— Je connais les messieurs en question, annonce une petite mamie qui se cachait derrière le grand homme au chapeau. L'un d'eux habite en face de chez nous, continue-t-elle en voyant que son mari ne semble pas saisir.

Heureusement, il y a parfois des gens agréables aussi...

— Des chercheurs d'emmerdes ! déclare le vieil homme.

— Quatorze euros vingt-huit s'il vous plaît, déclare l'étudiante.

Le papi montre sa carte bancaire tandis que sa femme continue de critiquer les anciens clients. Au moins, se dit Anaïs, il y en a qui serait prêts à me défendre si un conflit arrivait.

— Il faut bien qu'on le nourrisse le petit loup, sourit le monsieur en montrant son sac de croquettes.

— Vous avez un chien ? demande son épouse.

— Non.

— Enfin Colette, arrête de poser des questions indiscrètes ! Tu n'as qu'à demander si elle est célibataire et a des enfants aussi tant que t'y es.

Retour de la gêne et l'envie de disparaître.

— Bonne journée, souffle Anaïs en lançant un sourire forcé.

Le syndrome des Dumas 1 - Anaïs et l'aimant à ennuis (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant