L'unique coup d'un soir

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♪ Michael Jackson - Remember The Time ♪

Anaïs avait rencontré son tout nouveau voisin de palier quatre mois plus tôt. Et tout ce qu'elle pouvait dire, désormais qu'elle était avachie sur son lit, mangeait sans faim et avait les yeux rivés sur son portable à l'afflux du moindre message d'Amélie en réponse au SMS SOS qu'elle venait de lui envoyer deux minutes plus tôt, c'était que sa première impression n'avait pas été fabuleuse. Pas plus que sa réaction et l'image qu'elle avait dû lui renvoyer.

La jeune femme s'en souvenait comme s'il s'agissait de la veille.

Tout cela remontait à septembre dernier. Son copain de l'époque venait tout juste de la larguer ou du moins elle l'avait forcé à la larguer, après avoir appris qu'il la trompait depuis des semaines voire peut-être même des mois. Certains auraient probablement dit que c'était un coup de pas de chance. Bien évidemment, Anaïs savait que le destin ne l'avait jamais considérée comme une VIP. Cependant, elle n'avait pas eu envie de mettre la faute sur ce dernier, car le seul fautif dans toute cette histoire, c'était son petit ami qui avait joué avec ses sentiments et avait osé la traiter comme une merde.

Ce soir-là, elle avait donc souhaité oublier les détails malheureux de sa misérable petite vie. Elle avait demandé à Amélie de faire venir la troupe à leur bar favori. Une fois entourée des autres étudiants, elle avait bu et avait fait la fête comme jamais. Seulement plus son esprit s'était embrumé et plus elle s'était sentie minable. C'était comme si elle avait été prisonnière d'un nuage noir et que ses vaines tentatives d'échappatoire avaient échoué une à une, sous ses yeux effrayés.

Au bout d'une bonne heure cependant, elle avait enfin réussi à battre ses démons. Complètement saoule, déprimée et joyeuse à la fois, elle avait commencé à taper du poing sur la table pour certifier qu'elle était une chouette fille, information que personne n'avait osé contredire. Premièrement car il s'agissait de la vérité. Et deuxièmement parce que ses amis ne voulaient pas la contrarier plus qu'elle ne l'était déjà.

Après cela, Anaïs n'avait pratiquement plus aucun moment de la soirée en mémoire. Il faut dire qu'elle n'avait plus du tout été sobre et que la plupart de ses souvenirs s'étaient évaporés. Les seuls lui restant étaient si flous qu'elle peinait à leur donner un sens. Pourtant, l'étudiante n'était pas du genre à se mettre la tête à l'envers. Seulement ce soir-là était devenu son trou noir, le plus gros et conséquent de ses vingt ans d'existence.

Le lendemain matin, tandis que le jour s'était doucement levé, une fine lumière s'était infiltrée à travers la petite pièce de vie. Elle avait commencé par éclairer le mur d'en face, autrefois blanc et désormais légèrement jauni. Puis elle avait parcouru la couette, nonchalamment posée sur le canapé-lit avant d'ensoleiller les longs cheveux bouclés et châtain foncé aux reflets cuivrés d'Anaïs. La jeune femme, sortant peu à peu des bras de Morphée, s'était étirée. Les paupières toujours closes, elle avait poussé un soupir de bien-être, avant que sa gueule de bois ne la rattrape.

Aussitôt fait, elle avait ouvert les yeux et la faible clarté était venue quelque peu parasiter sa vision. L'étudiante avait alors réalisé que ce plafond de poutres n'était pas le sien. Ce studio ne lui appartenait pas. Elle n'était pas chez elle. Tout en fronçant les sourcils, elle s'était démenée pour gagner la partie face à ses maux de tête.

Doucement, elle s'était tournée sur le côté et avait découvert une chevelure frisée. Châtaine, emmêlée, elle cachait le front de son propriétaire mais pas la suite de son visage. Peau claire à peine rosée, longs cils épais et quasiment bruns, lèvres fines mais adorables par leur forme de cœur, nez droit, joues un peu rondes, le jeune homme qui se trouvait face à Anaïs était mignon mais surtout, lui était totalement inconnu. Parce qu'elle avait eu du mal à digérer les litres d'alcool qu'elle avait ingurgités la veille, elle avait été plus longue à réagir. Pourtant, lorsqu'elle avait pris conscience qu'elle était en tenue d'Eve dans ce lit, la panique l'avait gagnée.

Le syndrome des Dumas 1 - Anaïs et l'aimant à ennuis (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant