Nightfall School

Chapitre 17

De toute ma courte existence, je n'avais jamais pu supporter les longs trajets en voiture. À chaque fois, mon estomac menaçait de faire surface à tout instant, tout comme la louve qui sommeillait en moi. Cette dernière ne supportait pas l'idée d'être enfermée dans une cage. Vous imaginez bien mon état alors que le loup-garou sexy et moi roulions dans une direction inconnue. Je serrai donc le pan de mon tee-shirt et me pinçai les lèvres en essayant de me calmer. Néanmoins toutes mes tentatives depuis plus d'une heure restaient vaines.

- On est bientôt arrivé, tenta de me rassurer Jared qui devait avoir remarqué mon angoisse.

- Je vais très bien, déclarai-je afin de garder ma fierté plus ou moins intacte.

- Aucun loup-garou n'apprécie vraiment la voiture si ça peut te rassurer.

Je me tournai vers lui tandis qu'il continuait de fixer la route. Une main sur le volant et l'autre posée sur le rebord de fenêtre, le prof ne semblait pas plus traumatisé que ça.

- Ca n'a pas l'air de t'affecter, marmonnai-je, vexée.

- Tu ne le vois pas, c'est tout. J'ai réussi à pousser l'animal au plus profond de mon être mais ça ne veut pas dire que je ne ressens pas son angoisse, m'expliqua-t-il.

J'acquiescai en détournant le regard pour ne pas qu'il me prenne pour une folle alliée à le fixer sans arrêt. Pour lui, tout paraissait si simple. Il était d'une force physique, mais surtout d'un mental incroyable. Plus je le connaissais et plus il me fascinait en tout point car il représentait ce que, dans un sens, j'avais toujours rêvé d'être. L'animal en lui ne lui posait aucun soucis, à l'inverse de moi.

- J'aimerais contrôler la bête aussi bien que toi, lâchai-je dans un souffle.

Aussitôt que ces mots franchirent ma bouche que je les regrettai car je me rendis compte que je venais d'avouer l'une de mes plus grosses craintes. Il se tourna vers moi, les sourcils froncés, et sembla chercher mon regard mais j'étais bien trop occupée à regarder les arbres qui défilaient sous mes yeux.

- Tu le contrôles très bien Alice.

- Pas autant que tu ne le crois, soupirai-je.

La voiture s'arrêta net, les pneus crissèrent et heureusement que la ceinture me retint sinon j'aurais fini dans le pare-brise.

- Pourquoi t'as fait ça ? m'écriai-je en posant la paume de ma main sur mon front, prise d'une soudaine migraine.

Il déposa une main sur ma cuisse pour attirer mon attention. Cela marcha et je me mis à le dévisager drôlement. Son contact continuait de me faire un effet monstre, comme aucun auparavant, et je pourrais faire n'importe quoi pour le sentir d'avantage.

- Alice, si y'a bien un truc que j'ai réussi à voir en toi c'est le contrôle que tu as sur ton animal, le contrôle d'un Alpha. Mais j'ai aussi vu que ce contrôle s'était transformé en peur et je vais t'apprendre un truc : la louve qui sommeille en toi n'est pas ton ennemie. Arrêtes de la voir comme un monstre, arrêtes de te voir comme un monstre, vous n'en êtes rien. Elle est toi et tu es elle, tu ne peux pas la museler comme ça jusqu'à la fin.

Il fit une légère pression sur ma cuisse et les sensations se firent plus intenses. Quelque chose en moi s'éveillait et ce n'était pas la première fois. Je me rendis bien vite compte de ce qu'il essayait de faire.
Je pris donc sa main et la repoussai brutalement en lâchant un grondement qui l'étonna encore plus que mon geste. L'animal en moi grattait à l'intérieur de mon corps et demandait expressément à sortir. La pression qu'elle exerçait n'avait jamais été aussi forte, comme si le contact de Jared la poussait à prendre le contrôle.