Nightfall School

Chapitre 22

Tôt ou tard, la vérité refait surface et vous explose à la figure. Tout finit par se savoir, avoir des secrets n'est qu'une illusion, un doux rêve. J'avais cru pouvoir garder l'animal tueur en moi secret aux autres, j'avais cru pouvoir cacher à tous à quel point je m'en voulais, non pas d'avoir tué ce garçon, mais de regretter à peine sa mort et j'avais cru pouvoir oublier l'attirance irréaliste que j'avais pour Jared.

- Comment ça j'avais raison sur toute la ligne Alice ? me demanda l'homme en fronçant les sourcils.

C'était clair qu'il ne comprenait rien à la situation. Remarque, je ne savais pas vraiment ce que je faisais non plus, pourtant je savais ce que je voulais lui dire. Notre relation ne pouvait pas continuer comme ça. Pour une raison qui m'était inconnue, je devais lui dire à tout prix ce que j'avais sur le coeur, ce soir.

- J'ai peur de ma louve, alors qu'on ne fait qu'une. J'ai tué Edward et je me permets de te juger d'avoir tuer ces hommes alors que tu l'as fait pour me protéger ... Tu veux savoir la vérité ? Je n'ai pas peur de l'animal seulement, j'ai peur de moi, de ce que je pourrais faire. Je brise tout ce qui compte à mes yeux.

Ces yeux luisaient dans l'obscurité et me donnaient la force de continuer ma déclaration. Son corps s'était contracté au fur et à mesure que je lui avouais ce que j'avais sur le coeur. J'entendais son coeur battre la chamade, ou bien c'était le mien ?

- Jared, je n'ai jamais su trouver les bons mots et visiblement j'y arrive toujours pas ... Mais je voulais sincèrement m'excuser pour la remarque que j'ai faite. En étant ici, parmi vous, j'ai découvert à quel point j'étais naïve. Je suis prête à laisser ma louve revenir entièrement ... Mais j'ai besoin de toi pour ça.

Il soupira. Tout son corps était tendu et la tension était palpable. Ma gorge s'asséchait au fil des secondes qui s'écoulaient malgré le verre d'eau que je venais d'avaler et j'avais l'impression de trembler sous son regard. De temps à autres, je lançai des coups d'œil en direction des lèvres pulpeuses de l'Alpha.

Bientôt, je me retrouvais à quelques centimètres de lui. Un vide mince mais qui me paraissait pourtant énorme séparait nos deux corps et mes yeux ne pouvaient plus quitter les siens, tout comme ils ne lâchaient plus les miens. Son souffle s'échoua sur mon visage en le caressant doucement. Je pus sentir sa délicieuse odeur et ne fis plus un pas.

- Pourquoi tu t'intéressais comme ça à moi à l'école Jared ? Pourquoi m'as-tu emmené ici ? Pourquoi me protèges-tu ? Qu'est-ce que tu y gagnes, hein ?

- C'est pour éviter au Cercle de te tuer, tout simplement. En tant qu'Hybride, ils ne te laisseront jamais la paix, assura-t-il d'une voix grave.

- Jared, ne me mens pas s'il te plaît. On sait tous les deux que si il n'y avait que cette raison, je ne serais quand même pas là aujourd'hui. Je mets en danger ta meute, alors dégages moi de ton territoire Jared. C'est le mieux pour eux, pour toi ...

- Jamais, gronda-t-il.

Il s'était redressé et désormais nos fronts se touchaient presque. Je levai la tête pour pouvoir continuer à le regarder dans les yeux et me mordis la lèvre en voyant à quel point il semblait agité tout à coup.

- Pourquoi Jared ? Pourquoi tu ne peux pas me laisser partir ? Et pourquoi je ne peux pas te quitter ? Comment ça se fait qu'en si peu de temps tu me troubles autant ? Aides moi à comprendre ...

- Lorsque ta louve sortira, tu comprendras probablement, lâcha-t-il d'une voix rauque.

- Alors fais la sortir.

Pour qu'il comprenne le message, je déposai ma main sur son bras et le pressai légèrement :

- Aides moi à la faire sortir que je sache enfin qui je suis.

Il n'en fallut pas plus, aucun de nous deux ne pouvaient résister à l'envie plus longtemps. Aussitôt, il passa une main dans mon cou et plaqua mes lèvres contre les siennes. Je faillis m'effondrer tellement que le flot d'émotions fut intense mais il me rattrapa et plaça sa deuxième main sur ma taille.

Tandis que je ne faisais rien pour l'en empêcher, il colla nos deux corps. Je ne me fis pas prier et lui rendis avidement son baiser. Ses mains descendirent lentement le long de mes cuisses, puis il me souleva sans le moindre problème et me déposa sur l'îlot central de la cuisine.

Notre baiser dura encore un long moment tandis que nous échangions de torrides caresses. Jamais je n'avais été autant comblé qu'à cet instant et, en effet, quelque chose se réveilla en moi, une chose que je n'avais pas senti depuis très longtemps. Mes poils s'hérissèrent. Mon pouls s'accéléra toujours plus. Mon envie montait en flèche. Puis, une évidence apparut sous mes yeux, une chose que ma conscience me soufflait depuis plusieurs jours mais que je ne comprenais pas avant. Je le savais depuis le début, mais je me l'étais démentie. Désormais, je le voyais plus beau, plus fort, plus parfait que jamais tout simplement parce que :

- Tu es mien, grondai-je entre deux baisers.

- Et tu es mienne, répondit-il dans le même état en descendant ses baisers vers mon cou.

Je gémis tandis que ses caresses me donnaient milles et un frissons. Jamais je n'avais ressenti ça auparavant. Sauf qu'une ombre vint assombrir le tableau. Je le désirais comme aucun autre être sur ce monde, si bien qu'il me faisait flancher. Je sentais les symptômes ... Ma vue devenait floue, mon corps montait en température et mes muscles se faisaient douloureux. Mes os ne tarderaient pas à craquer car le côté animal voulait apparaître dorénavant.

- Jared, couinai-je en me séparant de lui à contre coeur.

- Je m'en doutais, dit-il d'une voix étrangement douce.

Il me prit de ses bras, m'enlevant du comptoir pour m'emmener à l'extérieur, de l'autre côté de la maison. Pendant ce temps, je grognai dans ses bras sous l'effet de la douleur. Cela faisait tellement longtemps que je n'avais pas pris ma forme lupine que cela redevenait difficile pour moi.

- Tout va bien Alice, je suis là, souffla Jared en me déposant doucement sur le sol.

Il voulut s'écarter mais je le retins par le bras et il s'accroupit en face de moi en me serrant la main. L'instant fatidique était venu. Mes muscles s'étiraient ou se rapetissaient, mes os craquaient dans un ordre bien spécifique pour se consolider d'une autre manière. Tout mon organisme changeait pour s'adapter à ma deuxième forme physique, celle d'une louve blanche.

Tout était en blanc et noir, y comprit l'homme en face de moi qui souriait doucement. Même là, je le reconnaissais. Je ne le voyais pas différemment et j'étais au contrôle, je n'avais pour l'instant tué personne encore.

- Je t'avais dit Alice, vous n'êtes qu'une et même personne.

Sur ce, il se changea comme moi, mais beaucoup plus vite. La transformation parut si simple pour lui que je l'enviais. Le loup noir s'approcha et vint se coller à ma personne avant de frotter doucement son museau contre le mien. Je me laissais faire, m'habituant à ce corps que je n'avais pas emprunté depuis longtemps.

Du regard, il sembla me proposer une balade et j'acquiesçai, décidée à rattraper le temps perdu. Jamais je ne m'étais sentie aussi forte, aussi complète. J'acceptais enfin ma louve, après tant de temps à enfermer cette partie de moi au fin fond de mon être, et en plus de ça j'avais mon âme-soeur que je reconnaissais clairement désormais.

Tout était parfait.