Chapitre 22 :

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(POV ALEX)

Plus tard dans la soirée, j'étais resté assis au bord de la fenêtre un sacré bout de temps, jusqu'à ce que mes parents aillent se coucher en vérité. J'avais l'impression d'être retourné en adolescence alors que j'avais 21 ans. Lorsque mon dos me fit trop mal à force d'être mal assis, je me levais du rebord lentement pour ensuite aller me coucher sur la couverture de mon lit en soupirant. Je n'étais pas vraiment motivé à m'endormir car j'avais encore tellement de choses qui me tournaient dans la tête que si je m'endormais je ferais un cauchemars à coup sur. Je me demandais ce que pouvais faire Kaleb de l'autre côté du globe. Je l'imaginais bien dans les bras de son amante, fêtant peut-être mon départ. Je me retournais sur le dos en regardant mon plafond. Il fallait que j'arrête de me torturer ainsi l'esprit avec des suppositions. Que Kaleb continue sa vie car moi j'allais reconstruire chaque petit bloc que mon amant avait déboîté du mur de ma vie.

Et sans que je ne m'en rende compte, Morphée avait étouffé ma conscience pour laisser place au sommeil, mais c'est avec l'impression d'étouffer que je sortie du sommeil. J'avais chaud et un mal de tête horrible. J'entendais comme une sorte de sifflement au plus profond de ma tête, comme si la peur serpentait dans chaque recoin de mon cerveau en quête de divertissement. Quand la sensation s'intensifia et devint trop forte, je crus ne plus pouvoir respirer du tout. Quelque chose dans mes rêves avait totalement affolé mon corps sans que je ne me souvienne quelle image a put provoquer ce chamboulement. Adolescent, Evans, mon meilleur ami et moi nous dormions souvent ensemble sans que rien ne soit ambiguë, pour lui du moins car j'ai la certitude que je ne suis que son "frère de cœur" alors que pour moi à une époque je pensais réellement que nous pourrions devenir amants.

Aujourd'hui, je n'ai plus que cette nostalgie amère au fond du cœur, bien que je me fais plus d'illusions. Pourquoi je pense à lui ? Je ne sais pas, il me manque juste car pendant longtemps, il était la bouée qui m'empêchait de couler dans les méandres de mon propre esprit, mais aujourd'hui qui est là pour le faire ? Personne. Je me sens seul, cette sensation lèche mon cœur d'une langue vicieuse. Je me levais alors en regardant à travers la fenêtre où je pouvais apercevoir la lune qui semblait me couvrir de son regard alors qu'elle s'effaçait pour laisser place au soleil. Je me massais alors la nuque tout en quittant ma chambre et me glisse dans la semi obscurité comme dans de l'eau. La noirceur du couloir est réconfortante car elle habite dans les murs de ma propre maison, j'avançais doucement connaissant par cœur chaque recoin malgré les années d'absences. Je trouvais rapidement la bonne porte et la ferma derrière moi avant d'enfin oser allumer la lumière, j'étais dans ma salle de bains.

Je posais mes main sur le lavabo en me regardant dans le miroir, j'avais de légère cernes sous les yeux. En y regardant de plus près, ma lèvre était déjà bien guérie mais il restait toujours cette petite bosse sur mon nez, ce qui me donner un air de gars qui se battait pour des raisons futiles selon moi. Je n'étais pas un stupide bad boy. D'ailleurs je doutais souvent de ce que je pouvais bien être comme type de personne, si jamais j'appartenais réellement à de foutus stéréotypes bien définis, ce dont je doutais fortement. Et tout à coup sans que je ne m'en rende compte, une certaine tristesse avait embué mes yeux. Je n'avais pas le droit d'être triste alors que je pouvais enfin être heureux, je devais être la joie de vivre incarnée à présent. Enfin... c'est tout ce que je souhaitais, alors pourquoi avais-je l'impression que cela ne marcherait pas ?

Que j'aurai toujours une espèce d'épée de Damoclès au dessus de ma tête qui ne serait que plus lourde à cause du poids de mes regrets et de mes non dits ? En détournant les yeux du miroir j'enlevai mon haut, j'avais absolument besoin d'une douche, je me sentais brûler de l'intérieur et c'était très désagréable. Je n'avais plus envie de hurler perpétuellement à présent, c'est comme si... Toutes mes souffrances s'étaient mises en mode silencieux et qu'il ne me restait que la culpabilité d'avoir été le seul et l'unique à me jeter à pieds joins dans certainement la pire époque de ma vie. Je n'avais pas encore eu le temps d'y penser mais, étais-je toujours le même au fond ? Je me laisserai encore être naïf avec un autre homme maintenant ? Aurai-je toujours cette méfiance terrorisante que l'on ne me lève encore la main dessus ? Oserai-je un jour me mettre encore torse nu et de dos en présence d'autres personnes ?

Je n'étais pas brisé certes, mais mon âme serait toujours craquelée par un mal se nommant Kaleb, et jamais au grand jamais cette histoire, que j'espérais derrière moi maintenant, ne s'effacerai de ma mémoire, même dorlotée par les meilleures personnes au monde. Une fois en tenue d'Adam, je me retourna dos au miroir pour entrer dans la douche, la blessure entres mes omoplates était désormais une énorme cicatrice dégoûtante rien que par sa signification. Et je m'arracherais bien la peau du dos si je n'en avais pas marre de souffrir. Je ne m'éternisai pas sous la douche et j'en sortis en me séchant pour m'habiller rapidement. J'avais envie de faire un petit tour et puis il ferait bientôt jour car il devait être dans les six-sept heures du matin, enfin je croyais. Une fois dehors, un doux vent venait soulever comme une caresse mes cheveux.

Il ne faisait pas si froid que cela alors je décidais d'ouvrir la veste que j'avais enfilée et me dirigeais vers un parc ou j'allais souvent pour y retrouver mes amis, lorsque j'habitais encore ici. Sur le trajet, je regardais un peu tout autour de moi, tout semblait si différent les maisons n'avaient plus cette familiarité attachante, les visages étaient devenus étrangers, mais rien de bien surprenant, les parents avaient vieillis et les enfants avaient grandis et étaient partis, il semblait qu'il n'y ait que moi et Evans qui soient restés ou qui soient revenus. Je me demandais d'ailleurs s'il habitait toujours au même endroit. J'irai lui rendre visite un jour, un jour où j'aurais du courage. Arrivé au parc, deux balançoires me faisaient face mais il aurait du y avoir un banc avec plein de mots, écrits par moi et mes amis. Le monde ne m'avait pas attendu pour changer et cela me fit un petit pincement incontrôlable au cœur.

Alors à la place, je m'assis sur une des balançoires, me laissant pousser par le vent. Je ne sais pas combien de temps je restais ainsi, la plupart du temps les yeux fermés contre la chaîne de la balançoire. Quand une présence s'assis à côté de moi et je n'eus même pas besoin d'ouvrir les yeux pour reconnaître sa démarche particulière à mes yeux. J'ouvris alors les yeux mais juste pour regarder devant moi en souriant doucement.

- Evan....Je tournais enfin la tête vers lui alors qu'il me souriait de toutes ses jolies dents blanches.

Ses yeux vert étaient toujours aussi beaux alors qu'il me regardait amusé, bien que parfois ses yeux s'arrêtaient trop de temps sur mon nez qui tournait au violet.

-Je viens souvent ici et je n'aurais jamais espéré te revoir après, tu sais... l'amour de ta vie... Kaleos ? Karos ?, hésita-t-il

-Kaleb, Evan, c'était Kaleb, répondis-je un brin moqueur bien que ma gorge était serrée

-Tu es là pour combien de temps ? Ton copain est avec toi ? me demanda-t-il alors qu'il se balançait plus fort

-Je... on s'est séparés

Il s'arrêtait peu à peu de se balancer, jusqu'à se figer au sol, pour me regarder d'un air plus que surpris

- Attends, j'ai peur de comprendre... C'est lui qui t'a fait ça ? Me demanda-t-il d'une voix dure

Moi je me contentais de soupirer, je n'avais pas vraiment envie d'en parler mais la perspective d'avoir une oreille attentive était plus qu'enviable. Et c'est ce qui me poussa à parler je suppose, enfin plus ou moins.

-Oui peut être, enfin je ne sais pas c'est... Compliqué, mais... On en parlera un autre jour, là, j'ai juste envie de....

Je fus interrompu par le bruit d'un gros camion qui tournais au coin de la rue, et c'était exactement le camion que j'attendais, je me levais alors de la balançoire alors qu'Evan faisait de même.

-Je dois ranger des affaires, tu viens ? Lui demandais-je joueur

-Bien sur !

Il m'attrapa par le bras et me tira rapidement jusqu'à chez moi dans un grand fou rire.

Tainted Love {BOYXBOY}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant