Chapitre 30

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Céleste


J’achève à peine ma succulente pizza que Tristan apparaît dans l’embrasure de la porte de la cuisine où je me suis installée en compagnie de Léna. Il interrompt sans gêne notre conversation pour me demander de le suivre au bureau de Dante, qui me fait apparemment demander. Effectivement, le Roi semble m’attendre, puisque je n’ai pas besoin de frapper à la porte qu’il m’invite à entrer. C’est impressionnant, il m’a sans doute sentie, ou entendue grâce à ses « super pouvoirs ». De là où je me trouve, à l’entrée de la pièce, mon attention est tout de suite attirée par un papier posé sur sa table calligraphié d’une élégante écriture italique. Sans même lui demander son avis, je commence sur-le-champ à la lire :

« Mon cher Roi,
Vous et votre suite êtes chaleureusement conviés à la célébr... »

Dante se redresse rapidement sur son bureau, un craquement de bois m’interrompt. Il visse sur moi deux yeux ronds, stupéfait. Soudain, je réalise moi aussi pourquoi il me regarde ainsi. Je dois me trouver au moins à quatre mètres de la feuille et je suis parvenue à lire la petite écriture cursive sans le moindre mal et, ce, comme si elle était à quelques centimètres de mes yeux. Bon sang, qu’est-ce qui m’arrive à la fin ? Il se lève et comble la distance qui le sépare de moi, en quelques pas rapides, si vifs que j’ai le réflexe de mettre mes mains devant mon visage et de baisser la tête pour me protéger du coup qu’il s’apprête à me donner, comme cela s’était produit pour le livre. Au lieu de quoi, il caresse gentiment de la main le haut de mon crâne, soufflant avec une voix triste :

— Céleste, je t’ai promis que je ne lèverai plus la main sur toi. Je comprends que la confiance ne se regagne pas en un jour, mais il faut au moins que tu commences par me croire.

— Laisse-moi du temps.

— Tout le temps que tu voudras. Je n’en manque pas, répond-il en ôtant sa main. Je ne te ferai aucun mal, mais je voudrais savoir comment tu as fait ça ?

Si seulement je le savais moi-même ! De qui ai-je vraiment peur, au fond, de lui ou de moi ? Je commence à ne plus savoir qui je suis ; ces actes anormaux que je parviens à réaliser sans m’en rendre compte, je ne me comprends plus… D’où me viennent ces capacités ? Ce qui me tourmente d’autant plus, c’est que même Dante, un être surnaturel vieux de deux mille ans ne sait pas mettre le doigt sur ce que je suis ni ce qui m’arrive précisément. Ces pouvoirs vont-ils finir par prendre possession de moi ou me tuer ? Ces incertitudes donnent lieu à tellement d’interrogations que ça me donne le tournis…

— Je n’en sais rien. Je suis rentrée et j’ai pu voir le contenu de la lettre comme si elle était donnée à mes yeux, à quelques centimètres de moi…

— As-tu déjà pu faire ce genre de chose par le passé ?

— Oui, juste une fois et c’est assez récent. Dans les jardins du château, juste avant que je ne rencontre Léna.

— Je vois.

— Tu sais ce que j’ai ?

— Pas pour le moment, mais je te crois. Tiens, fait-il en prenant la lettre en question sur son bureau et en me la tendant pour que je puisse la lire entièrement.

— Un bal ? Ce n’est pas un peu vieux jeu ? Et en quoi ça me concerne ? articulé-je, gênée.
Il se rapproche et m’embrasse doucement. Mes joues brûlent.

— Tu n’as pas lu le passage où il est fait mention d’une cavalière ?

— Si.

— J’aimerais que tu m’accompagnes à cette fête en tant que cavalière, Céleste. Accepterais-tu de paraître à mon bras ?

Envoûte-moi ...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant